Pour sa troisième saison chez les professionnels, la pépite du cyclisme allemand Marco Brenner aborde 2023 avec une ambition mesurée : poursuivre sa progression comme coureur de courses par étapes. Avant de viser, à l’avenir, le podium d’un Grand Tour. Entretien.
Il est 17h05 ce mardi 10 janvier quand le visage de Marco Brenner apparaît sur notre écran. DSM, l’une des seules formations WT à organiser sa journée média de début de saison à distance, en profite pour mettre en avant l’un de ses partenaires numériques, Webex, preuve de son positionnement novateur et tech. Du haut de ses 20 ans et avec son visage et sa voix si juvéniles, Marco Brenner se sent à son aise avec l’exercice de l’entretien en visio. Détendu et plutôt bavard, il affiche une maturité déconcertante pour son âge.
Vous n’avez que 20 ans, pourtant vous comptez déjà 2 saisons parmi les professionnels. Que retenez-vous de ces deux années ?
J’ai énormément appris lors de ces deux saisons. J’ai beaucoup progressé en endurance, je suis capable maintenant de rester performant même en fin de course, ce qui était mon problème avant. J’ai aussi beaucoup appris dans le fonctionnement de l’équipe, sur la façon de travailler ensemble. Et mentalement, j’ai appris à me concentrer sur ce qui était le plus important, pour moi et pour l’équipe. C’était super marquant lors de la Vuelta, il y a énormément d’éléments extérieurs mais il faut rester focus sur les objectifs de l’équipe.
La Vuelta a été une course importante dans votre développement, mais le Tour de Norvège a aussi été déterminant. Même si vous n’avez pas terminé la course (positif au Covid lors de la 4e étape, ndlr), vous étiez impressionnant sur la 3e étape. L’avez-vous vécu comme un déclic ?
Oui complètement. Je me sentais vraiment bien lors des trois premières étapes, j’ai pris beaucoup de plaisir grâce à mes performances. J’étais 5e du général au soir de la 3e étape, et j’en retiens vraiment du positif. J’avais un super sentiment en rentrant chez moi, même après la quarantaine en Norvège (rires). J’ai vu que j’avais convaincu le public et mon équipe, cela m’a aussi mis un peu de pression car je savais qu’il me fallait du repos pour retrouver ce niveau-là. Mais cela m’a donné beaucoup de confiance.
Aviez-vous changé quelque chose à l’entraînement ou dans la préparation pour atteindre ce niveau, ou est-ce la simple récompense de votre progression ?
L’équipe a établi un plan à long terme très clair et je vois les résultats avec des progrès très réguliers grâce à ce plan. On peut programmer de très clairs pics de forme. C’était aussi la première fois que j’abordais une course par étapes comme leader pour le général. J’avais un peu de pression mais j’apprécie ce statut.
Vous parlez de pression : depuis vos 15 ou 16 ans, vous êtes présenté par la presse comme le plus grand talent du cyclisme allemand des années à venir. Cela crée forcément une certaine pression et des attentes. Comment vivez-vous avec ?
Je ne l’ai jamais ressenti de façon aussi extrême. En tout cas, je ne ressens pas une pression immense autour de moi. Je trouve cela plutôt cool que l’on parle de moi, cela montre aussi que je suis sur le bon chemin et cela me motive plus qu’autre chose.
Vous avez passé un an chez Team Auto Eder, l’équipe espoirs de Bora-Hansgrohe, pourtant vous avez signé chez DSM. Comment expliquez-vous ce choix ?
Ce qui m’a attiré chez DSM, c’est leur capacité à développer rapidement les jeunes talents. Ils l’ont prouvé à de nombreuses reprises. Ils m’ont aussi assuré d’intégrer l’effectif World Tour directement, avec la garantie de courir des courses importantes assez rapidement, donc des Grands Tours. C’était prévu dès 2021, mais à cause du Covid ç’a été décalé à 2022. Mais c’est vraiment leur manière d’accompagner, de construire avec les jeunes coureurs qui m’a plu. Même si ces coureurs quittent l’équipe par la suite, ils font d’énormes progrès chez DSM. Je pense à Thymen Arensman ou Marc Hirschi entre autres.
Vous parlez des départs, il y en a eu de nombreux ces dernières années. Certains évoquaient un contrôle trop important de l’équipe sur les coureurs, mais cela plaît à d’autres comme Romain Bardet. Faites-vous partie de ce type de coureur ?
Complètement. DSM a une structure très cadrée et en tant que jeune coureur, c’est quelque chose qui me plaît beaucoup. Être autant encadré, toujours avoir quelqu’un à qui poser ses questions, c’est très important.
Qu’aimeriez-vous accomplir dans votre carrière cycliste ?
Mon plus grand rêve et objectif, c’est de jouer les premiers rôles au classement général d’un Grand Tour.
Les premiers rôles, c’est-à-dire podium, victoire ?
(Rires). Un podium, ce serait déjà super.
Et sur quel Grand Tour ?
J’aime beaucoup l’Italie donc le Giro me fait rêver, mais le Tour de France aussi évidemment.
Quelles sont vos courses préférées ?
Les Grands Tours font évidemment partie de mes courses préférées, j’aime l’aspect longue durée. Mais je peux citer aussi certaines classiques, comme le Tour de Lombardie que j’ai couru en 2022, ou certaines Ardennaises. J’aime les classiques vallonnées, difficiles, je trouve ça cool.
Justement, vous avez couru et terminé le Tour de Lombardie. Les courses de plus de 200 km sont particulièrement difficiles pour les jeunes coureurs. Comment l’avez-vous vécu ?
C’est vraiment un de mes plus grands progrès depuis l’année passée. Même en fin de course, je me sentais dans le coup, capable de suivre certaines attaques. Bien sûr j’étais complètement vidé à la fin, mais c’est pour moi très encourageant de pouvoir finir ce genre de courses avec un bon niveau.
Que peut-on vous souhaiter pour 2023 ?
(Il hésite). J’aimerais simplement être meilleur que l’an passé, continuer ma progression, et pourquoi pas être bien placé au général d’une course par étapes. Masi surtout progresser de façon constante.
Pas de victoire ou de podium remarquable ?
Non, ce n’est pas un objectif, je veux vraiment progresser avant tout.
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