Hugo Page (IWG) : „Dans un sprint, rien n'est impossible"
top of page

Hugo Page (IWG) : „Dans un sprint, rien n'est impossible"

Récent vainqueur de sa première course professionnelle sur le Tour du Poitou Charente, le jeune sprinteur français Hugo Page s'apprête à disputer son premier GT sur la Vuelta. Il sera l'atout numéro 1 sur les sprints massifs de l'équipe Intermarché Wanty Gobert. Un rôle qu'il prend avec sérieux et humilité. Il nous fait l'honneur de répondre à nos questions et à celles de nos confrères lors du point média d'avant course.


Propos recueillis par Titouan Lallemand et retranscrits par Jean Baptiste Duluc.


Avec le forfait de Thijssen, vous allez sans doute être le sprinteur n°1 de l’équipe j’imagine…

Hugo Page : Oui, normalement, je vais sprinter désormais. Il n’y a pas beaucoup de sprints plats, seulement quatre, mais je vais tenter de sprinter et donner le meilleur de moi-même.


On t’a vu gagner dernièrement, mais tu n’étais pas forcément LE sprinteur de l’équipe. Qu’est-ce que ça change, physiquement et mentalement, de te retrouver propulsé sprinteur n°1 ?

H.P : Il y a beaucoup d’étapes difficiles, avec des ascensions dans le final ou des sprints où il n’y aura qu’une soixantaine de coureurs dans le peloton. Avant le forfait de Thijssen, j’étais normalement censé avoir ma chance sur ce genre d’étapes. J’étais déjà prêt mentalement à sprinter et à donner le meilleur de moi-même.


C’est ton premier Grand Tour. Comment tu te sens à l’abord de la course et comment l’as-tu préparée ?

H.P : Je suis excité que ça commence ! Je n’ai pas vraiment « peur » mais je suis assez curieux de savoir comment mon corps va réagir tout au long des trois semaines. C’est mon premier Grand Tour en soi. Mais je pense que c’est une bonne préparation pour la saison prochaine. Et je suis prêt pour la Vuelta. J’ai participé à des camps d'entraînements en altitude, j’ai couru la Polynormande et le Tour du Limousin avec de bons résultats (6e de la Polynormande et vainqueur d’étape au Limousin, ndlr) donc je me sens prêt pour mon premier Grand Tour.


Lors de ta dernière course, au Tour du Limousin-Périgord-Nouvelle Aquitaine, vous avez gagné votre première étape (sur une épreuve par étapes). Quel a été ton ressenti ?

H.P : Ça fait du bien, évidemment. J’ai eu de bons résultats auparavant mais, malheureusement, j’ai eu la mononucléose ensuite. C’est donc très agréable de revenir à mon meilleur niveau et ça arrive au meilleur des moments, juste avant la Vuelta.


Tu parles de ta mononucléose. Est-ce que tu as douté pendant cette période qui, on l’imagine, ne devait pas être facile à vivre ?

H.P : C’est sûr que c’était pas facile, d’autant que j’avais déjà performé en fin de saison dernière et que j’avais déjà été bon en Australie en début de saison (2e de la Cadel Evans Great Ocean Road Race, 3e d’étape sur le Tour Down Under, ndlr). Je m’étais aussi bien préparé chez mon entraîneur, en Grèce, avant les classiques donc j’avais beaucoup d’ambition. Mais j’ai vu assez rapidement que je n’avais pas mon niveau et on a compris assez vite que j’avais la mononucléose. Au final, c’est passé assez vite quand même. J’avais lu certains articles qui disaient que c’était toute la saison qui était « terminée » et j’ai réussi à rebondir assez vite. Mais c’est vrai que l’équipe ne m’a jamais lâché, j’ai eu le soutien de l’équipe, que ce soit médical ou avec le staff de la performance. Ils m’ont suivi à 100% pendant cette période compliquée et on l’a assez bien gérée je pense.


Quand est-ce que cette mononucléose s’est déclenchée à ton avis ? Fin février ?

H.P : Oui je pense que c’était juste après mon stage en Grèce, juste avant le début des classiques. Donc vers fin février. Je sentais que je n’avais pas forcément mon niveau, que j’avais du mal à respirer, que les jambes gonflaient directement pendant l’effort… Je sentais qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas.


Et, malgré cela, tu as continué à courir derrière, ne faisant pas de pause avant le mois de mai.

H.P : Non, je n’ai pas couru entre mars et mai, entre A Travers la Flandre (29 mars) et le Tro Bro Leon (7 mai). Après, avec le pôle performance, on a décidé de ne participer qu’à des courses d’un jour au début, jusqu’au Dauphiné mais j’ai chuté malheureusement au Dauphiné et du coup, je n’ai fait qu’une seule étape.


Comment te sens-tu à l’idée d’être le sprinteur n°1 de ton équipe, pour ton premier Grand Tour ?

H.P : Je me sens bien, les jambes sont là mais nous verrons comment ça va se passer. C’est quelque chose de complètement nouveau pour moi donc on verra mais je me sens prêt. Le Tour du Limousin n’est évidemment pas du même niveau que la Vuelta mais c’est une bonne course de préparation.


Tu as décidé de rejoindre une équipe belge, toi le Français. Est-ce qu’il y avait une raison particulière derrière ce choix ? Est-ce que tu aurais aimé poursuivre l’aventure en France ou Intermarché était finalement l’équipe parfaite pour toi ?

H.P : On a fait un gros boulot avec mon agent et Intermarché - Circus – Wanty était une équipe qui se développait et qui continue de se développer à un très bon niveau maintenant. Le projet m’a directement convenu et, en plus, à ce moment-là, je n’avais pas énormément d’offres. Parmi celles que j’avais, c'était clairement celle qui était la plus intéressante et celle où je pouvais me développer le plus possible.


Par rapport à ton profil, tu es quelqu’un de très rapide mais tu passes aussi très bien les bosses. Comment tu te définis comme coureur ? Est-ce que tu es un sprinteur exclusif ou plus un sprinteur-puncheur ?

H.P : Non, je ne dirais pas que je suis un pur sprinteur et c’est d’ailleurs pour ça que je suis déçu que Gerben (Thijssen) ne soit pas là parce que c’était notre meilleure carte pour les quatre étapes plates sur la Vuelta. Mais je sais quand même que je suis quelqu’un de rapide, que je vais vite. Je passe aussi bien les bosses quand je suis en forme donc c’est un bon compromis.


Quand on voit le profil des autres sprinteurs alignés sur cette Vuelta, on pense par exemple à Coquard ou Van den Berg, ils ont un peu le même profil que toi, ce qui pourrait te donner ta chance, même sur les quatre sprints plats.

H.P : Je vais avoir ma chance je pense sur les trois semaines. Il y a 21 étapes, dont pas mal qui peuvent me correspondre sur le papier. Mais c’est aussi mon premier Grand Tour. J’ai besoin de me fixer des repères dans un premier temps, je suis motivé et j’ai envie de performer.


Est-ce que tu as ciblé des étapes en particulier, qui te conviennent bien ?

H.P : Oui, j’ai déjà quelques étapes en tête, notamment en première semaine.


Dimanche par exemple ?

H.P : Oui, dimanche peut être une belle opportunité. Les étapes 4 et 5 me conviennent bien aussi. Mais je suis prêt à saisir toutes les opportunités qui se présenteront. Quand on est jeune et qu’on a une bonne opportunité qui se présente, il faut la saisir. Je suis en forme et j’ai envie d’en profiter.


Quel objectif t’es-tu fixé sur cette Vuelta ? Une étape, est-ce que c’est quelque chose de réaliste ?

H.P : Sur le papier, c’est réaliste mais je n’ai pas non plus envie d’être trop ambitieux pour mon premier Grand Tour. J’ai déjà envie de le terminer en bonne condition. Après, c’est sûr que j’ai envie d’y performer. L’objectif « victoire d’étape », ce serait mettre la barre un peu trop haute je pense mais je ne m’interdis rien. Dans un sprint, il n’y a pas que la puissance qui compte, il faut être bien placé, être dans le bon jour, le bon timing… Rien n’est impossible.


La startlist de la Vuelta est assez dingue, avec les Roglic, Vingegaard, Evenepoel… Qu’est-ce que ça te fait de courir au milieu de ces coureurs-là ? Est-ce que c’est quelque chose

auquel tu t’attendais aussi jeune ?

H.P : C’est sûr que c’est assez excitant. Après, je ne serais pas là dans les cols pour voir comment ils vont se départager mais c’est sûr que ça va être plaisant de courir à leurs côtés.


Est-ce qu’on peut s’attendre à te voir parfois en échappée ou est-ce que tu resteras plutôt sagement dans le peloton ?

H.P : Il faudra être assez opportuniste mais, après, j’ai aussi envie d’être assez vigilant sur la récupération. La Vuelta, c’est trois semaines et jusqu’ici, je n’ai jamais couru plus de huit jours (Critérium du Dauphiné en 2022) donc il faut faire attention. Mais si les jambes sont bonnes, je n’ai pas non plus envie de me brider et je vais essayer de me faire plaisir.

370 vues0 commentaire
Notez l'article
Je n'aime pasPas superBienParfaitJ'adore
bottom of page