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Photo du rédacteurRomain Bougourd

Top 5 sans Grand Tour : Andreas Klöden, l’homme de l’ombre

Lieutenant de Jan Ullrich chez T-Mobile puis équipier de luxe de Lance Armstrong chez Astana et Radioshack, Andreas Klöden s'est forgé un solide palmarès sur les courses d'une semaine et aurait pu remporter le Tour de France, terminant deux fois 2e derrière l'Américain.

Il est difficile d’évoluer en même temps que d’immenses champions. C’est vrai dans tous les sports, comme du temps du triumvirat Federer-Nadal-Djokovic en tennis, ou de Schumacher et Hamilton en Formule 1. Il en est de même pour le début des années 2000 en cyclisme. Si cette période est infiniment troublée et hantée par le dopage, elle a surtout fait énormément de remous à cause de la domination outrageuse et illégale de Lance Armstrong. L’Américain raflait tout sur son passage, ne laissant que des miettes à ses adversaires, réduits à espérer finir 2e. Andreas Klöden fait partie de ces derniers. Deux fois 2e du Tour, la première fois derrière l’Américain, l’Allemand a également subi la loi de son compatriote et non moins sulfureux Jan Ullrich. Lieutenant du vainqueur du Tour 1997, Klöden n’a jamais vraiment eu 100% sa chance en tant que leader sur les Grands Tours, et, malgré les nombreux soupçons de dopage à son encontre, peut nourrir des regrets en ce sens.


Pourquoi lui :


Car la carrière de Klöden est plus qu’honorable, et il serait injuste de le qualifier de simple second-couteau. Le natif de Mittweida, en ex-Allemagne de l’Est, s’est forgé un solide palmarès sur les courses d’une semaine, que de nombreux vainqueurs de Grands Tours pourraient lui envier : vainqueur du Paris-Nice 2000, du Tirreno-Adriatico 2007, du Tour de Romandie 2008 et du Tour du pays Basque en 2000 et 2011, Klöden a aussi terminé 2e du Tour de Suisse en 2008. S’il ne compte "que" 22 victoires en professionnel, c’est surtout dû à son rôle de lieutenant sur les Grands Tours, lui qui s’est toujours retrouvé équipier d’un champion qui lui était supérieur : Ullrich à la T-Mobile, Contador et Armstrong chez Astana et RadioShack pour le second. Pourtant, Klöden possédait sur le papier toutes les cartes pour remporter une course de trois semaines : très bon grimpeur, il était aussi un excellent rouleur. En témoignent ses 9 victoires en pro sur l’exercice solitaire.


Rarement en danseuse, l’Allemand restait bien assis sur sa selle pour développer toute sa puissance. Très peu expressif, il pouvait en intriguer plus d’un parmi ses collègues du peloton, qui avaient du mal à lire ses émotions. Très renfermé, il reste tout de même un sacré caractère, capable de s’exiler en Suisse et de renier l’Allemagne après les nombreux soupçons de dopage à son encontre. Car il fallait beaucoup de cran (ou de culot, cela dépend du point de vue) pour continuer à rouler après les scandales autour d’Ullrich, les exclusions de coureurs et d’équipes, mais aussi pour rejoindre et suivre aveuglement Lance Armstrong chez Astana et RadioSchack. Une personnalité forte prête à se sacrifier pour ses leaders et ceux en qui il croit. Et c’est certainement la principale raison de son absence de titre sur Grand Tour.


Ce qui lui a manqué :


D’un point de vue très pragmatique, l’obstacle qui a empêché Klöden de remporter un Grand Tour porte un nom : Lance Armstrong. Grâce à ses 7 succès d’affilée sur la Grande Boucle, aujourd’hui retirés, l’Américain a eu la main mise sur le Tour. Mais même en lui retirant ses Tours de France, l’UCI ne parvint pas à effacer complètement le leader de l’US Postal des palmarès, et pour cause. Les 7 éditions concernées, de 1999 à 2005, n’ont officiellement pas de vainqueur. Alors que d’autres Tours chamboulés par des vainqueurs dopés, comme celui de 2006 (Floyd Landis) ou de 2010 (Alberto Contador), ont été attribués aux seconds de la course, ces 7 opus restent vierges de vainqueur. Au grand dam de Klöden, 2e en 2004, à plus de 6 minutes d’Arsmstrong. Son autre 2e place deux ans plus tard en 2006 est peut-être encore plus frustrante, puisqu’après le déclassement de Floyd Landis, l’Allemand termine à 35 secondes de l’Espagnol Oscar Perreiro Sio.


La fois où il est passé tout près :


Soyons honnêtes, Andreas Klöden est l’homme de notre top 5 qui doit nourrir le moins de regrets par rapport au manque de Grands Tours à son palmarès. Tout d’abord parce que contrairement aux 4 autres, il n’a existé que sur le Tour de France. Sur le Giro et la Vuelta, il a abandonné 5 fois sur 7 participations, et ne compte qu’une anonyme 20e place finale sur le Tour d’Espagne 2008. Si d’un point de vue très pragmatique, sa 2e place sur le Tour 2004 peut paraître frustrante, il serait réducteur de penser que l’Allemand méritait sans détour de remporter la Grande Boucle cette année-là. Si l’UCI avait décidé de remettre les titres déchus de Lance Armstrong à ses plus proches poursuivants, Klöden aurait été crédité de cette édition 2004. Mais en terminant à plus de 6 minutes de l’Américain, il n’a jamais vraiment été en mesure de l’inquiéter, quand bien même ce dernier trichait. Et il n’est pas certain non plus qu’une victoire sur tapis vert 10 ans plus tard l’aurait consolé. Demandez donc à Andy Schleck.


La vérité, c’est que l’ancien de la T-Mobile peut avoir une certaine amertume sur le Tour 2006. Alors qu’il s’avançait en leader de sa formation, en raison de l’éviction d’Ullrich, inculpé dans l’affaire Puerto, et que l’hégémonie Armstrong était terminée, l’Allemand finit 3e d’un Tour marqué par le dopage. Outre l’exclusion de Vinokourov, c’est le vainqueur sortant Floyd Landis qui est débouté puis déclassé, suite à sa remontée fantastico-ubuesque dont tout le monde se souvient. Klöden échoue finalement à 35 secondes de l’Espagnol Oscar Pereiro Sio, vainqueur consacré publiquement un an plus tard. Mais ironie du sort, ce dernier est contrôlé positif au salbutamol, ce qui aurait dû aussi l’exclure de ce classement. Il n’en a rien été, et Klöden doit se contenter d’une 2e place plus frustrante que la première. Mais une chose demeure, c’est la présence constante de l’Allemand dans les meilleurs coureurs du Tour sur les années 2000, bien que cette période ne constitue pas une référence pour tout le monde.


Ses résultats sur les Grands Tours :

Tour de France :

- 11 participations, 3 abandons, 1 exclusion

- 2e en 2004 et 2006, 5e en 2009

- 1 victoire d’étapes (2009)

Tour d’Italie :

- 1 participation (2008), 1 abandon

Vuelta :

- 6 participations, 4 abandons

- 20e en 2008

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