Sa carrière n'est pas à son paroxysme que Jasper Philipsen flirte avec les meilleurs sprinteurs du XXIe siècle. Le Belge pointe à la 9e place de notre classement. Explications.
Les sprinteurs sont une catégorie à part dans le cyclisme. Les cuisses les plus lourdes du plateau ont dû se réinventer avec l'évolution des parcours, et notamment des reliefs de plus en plus escarpés sur les étapes de Grand Tour, sans cesse de plus en plus exigeants. Jasper Philipsen fait partie de ces hommes catégorisés " sprinteurs purs " qui ont dû travailler leur capacité à passer les bosses, ce qui lui a permis de glaner les 62 victoires professionnelles qu'il comptabilise.
Une entrée remarquée chez les professionnels
Dans l'imaginaire collectif, Jasper Philipsen est intimement lié à la Alpecin Deceuninck. C'est très vite oublier les premiers pas professionnels du Belge à la Hagens Berman Axeon puis au sein de la UAE Team Emirates. Recruté par ces derniers dans l'espoir de concrétiser leur investissement dans le World Tour, le sprinteur belge commence déjà à briller là où on l'attendait. Son évolution au sein de l'équipe émiratie cohérente lui permet très vite de s'imposer au plus haut niveau du cyclisme professionnel, sur le Tour Down Under 2019, en World Tour. La suite de son histoire avec l'équipe du Moyen-Orient sera plus teintée de découverte jusqu'à l'éclosion sur la Vuelta a Espana 2020, où il enlèvera une étape devant Pascal Ackermann. Désormais à 22 ans, Philipsen peut voir les choses en grand. Désireux de "développer son potentiel et atteindre un niveau supérieur ", le natif de Mol choisit la Proteam, Alpecin-Fenix, pour faire ses armes sur deux fronts : le sprint et les classiques.
Un pilier pour les frères Roodhooft
Au sein de l'équipe belge, Jasper Philipsen n'est pas seulement un coureur de premier plan. Le Belge est choisit pour être un fer de lance du projet de Christoph et Philip Roodhooft. Cependant, il faudra que cohabitation se fasse avec l'autre sprinteur phare de l'équipe. Tant et si bien que Tim Merlier l'éclipsera sur le Tour de France. Une Grande Boucle couronnée de succès collectif, mais empreinte d'une pointe de déception pour celui qui avait ravi le Grand Prix de l'Escaut au printemps. Pour autant, ce n'est qu'en 2022 qu'il prendra la part de lumière à Merlier. Fort de 12 succès au cours de la saison, la dimension du Belge a pris un tournant particulier avec sa victoire sur les Champs-Elysées.
2023, l'année de la consécration
Débarrassé d'une concurrence interne sur les sprints massifs, Jasper Philipsen atteint son plein potentiel sur le Tour de France. Vainqueur du maillot vert et gardien de quatre étapes, à tout juste 25 ans, il s'inscrit comme la nouvelle référence du sprint mondial. Sa domination sur le Tour n'est que la vitrine d'une saison couronnée de succès : 19 au total. Dylan Groenewegen, Fabio Jakobsen, Mark Cavendish, Olav Kooij, Fernando Gaviria, personne ne lui résiste. En s'offrant un à un les plus grands noms du cyclisme actuel, Philipsen obtient assez logiquement le titre de l'homme le plus rapide du monde, au cours de la saison passée.
Les envies de classiques
Jasper Philipsen ne veut pas uniquement être le maître du sprint. Le Belge aspire à quelque chose de plus grand. A l'image de son compatriote et modèle, Tom Boonen, le sprinteur de la Alpecin-Deceuninck veut des classiques de renom à son palmarès. Paris-Roubaix devenant presque une obsession. Seulement, la présence de Mathieu van der Poel dans l'effectif lui ferme quelques portes sur ces flandriennes. Pour autant les circonstances peuvent lui ouvrir des portes, qui semblaient se fermer à lui face à une génération de super puncheurs. A l'image de Milan San Remo que son équipier vedette, maillot de champion du monde sur les épaules, lui a offert sur un plateau d'argent. Il faut dire que l'osmose avec le néerlandais est totale et que Philipsen lui doit bon nombre de ses récents succès. En triomphant sur la Via Roma, Philipsen peut se targuait d'avoir un Monument à son palmarès. Chose peut banale quand Mathieu van der Poel, Remco Evenepoel et Tadej Pogacar cannibalisent les cinq Monuments de l'aube de la saison jusqu'à son crépuscule, et ce depuis 3-4 ans.
Un caractère à contenir
Les champions sont parfois orgueilleux. Philipsen fait partie des gros caractères, qui peuvent être poussés dans leur retranchement. Surnommé "Jasper Disaster" dans la première saison de la saison Netflix "Tour de France : Unchained", il y a été dépeint avec un caractère assez prononcé, jusqu'à l'exposition de ses plus grosses colères. Un double état d'esprit qui se retrouve dans sa façon de sprinter. Loin d'être le sprinteur le plus propre, le Belge affiche un autre vilain défaut : celui de tasser ses adversaires. Ce qui lui a valu par plusieurs fois les courroux de Wout van Aert et quelques déclassements.
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