Sacré par notre rédaction « plus grand Flandrien du 21e siècle », Tom Boonen laissera une trace bien moins marquante pour ses qualités de sprinteurs, pourtant impressionnantes à la fin des années 2000. Une période qui l’avait même vu décrocher le maillot vert sur le Tour de France, la récompense ultime, mais qui n’a pas assez duré, laissant Tom Boonen à la 8e place de notre classement des sprinteurs du 21e siècle.
Il est une si grande légende des classiques pavées que l’on aurait presque tendance à oublier que Tom Boonen fût aussi un sprinteur. Et pas le plus mauvais. Tout au long de ses 15 ans de carrière, le Belge a multiplié les succès, souvent sur les classiques flandriennes, parfois en solitaire mais régulièrement grâce à sa pointe de vitesse. De son premier succès professionnel en 2002 devant Davide Bramati, de douze ans son aîné, à son ultime succès en 2017 devant Elia Viviani, de neuf son cadet, « Tommeke » a été un sprinteur qui gagne, et qui gagne bien puisque Boonen a décroché presque tous les plus grands succès d’envergure dont un sprinteur peut rêver. Et c’est aussi pour cela qu’il est à la 8e place de notre classement.
Pourquoi lui ?
De sa première victoire professionnelle sur l’UNIQA Classic en juillet 2002 à son 117e et dernier succès, sur le Tour de San Juan 2017, Tom Boonen a décroché pas moins de 108 victoires « au sprint ». Bien sûr, tous ses succès n’ont pas été acquis lors de sprints massifs mais le Belge a régulièrement montré qu’il était l’un des meilleurs sprinteurs, surtout lors de la première moitié de sa carrière. S’il performe dès ses débuts sur les classiques pavées, Boonen doit attendre la saison 2004 pour prendre son envol dans les arrivées massives : 14 de ses 19 victoires de l’année sont glanées au sprint, dont ses 2 premiers succès sur le Tour de France. Le « TGV Boonen » est lancé.
Sprinteur plus puissant que véloce, le Belge a toujours bénéficié de la science du train des Quick Step, équipe qu’il n’a jamais quitté après son arrivée en 2004. Avec elle, il a décroché 6 victoires sur le Tour de France (2 en 2005 et en 2007) et, surtout, ce fameux maillot vert en 2007 après lequel il courait tant à cette époque. Spécialiste du Tour de Qatar (22 étapes), le paradis des sprinteurs en début de saison, Boonen a aussi gagné sur Paris-Nice (6 étapes), sur le Tour d’Espagne (2 étapes en 2008), sur le Tour de Suisse (1 étape), sur Tirreno-Adriatico (1 étape) ou encore sur l’Eneco Tour (6 étapes), là encore prisé par les bolides du peloton.
Le Belge n’était pas forcément le plus rapide du peloton mais il a longtemps fait partie des meilleurs sprinteurs du monde. Il a aussi été l’un des rares sprinteurs auréolés du titre de champion du monde, un sacre obtenu à Madrid en 2005. Au sprint évidemment, même s’ils n’étaient que 22 dans le peloton. Il sera même passé tout près d’un second sacre à Doha en 2016, là encore sur un sprint réduit. Mais, cette fois, cela s’était joué entre sprinteurs et il a dû se contenter de la médaille de bronze. Son dernier succès majeur au sprint restera donc la Brussels Classic quelques semaines plus tôt, décroché devant les sprinteurs français Arnaud Démare (vainqueur de Milan-San Remo cette année-là) et Nacer Bouhanni (4 succès en World Tour en 2016).
Son plus beau sprint : Une fusée sur les Champs
Pour un sprinteur, difficile de faire plus beau succès qu’un triomphe sur les Champs-Elysées. Le vrai championnat du monde du sprint, c’est la dernière étape du Tour de France. Tous les plus grands y ont triomphé et Tom Boonen peut également se targuer de l’avoir ajouté à son palmarès. Et pour sa première participation s’il vous plait ! Déjà vainqueur de la 6e étape sur l’édition 2004, le Belge va au bout cette année, l’une des deux seules fois de sa carrière, avec 2007 où il décrochera le maillot vert. Cette fois, pas de maillot vert à aller chercher mais un succès de prestige.
Pourtant, la concurrence est rude sur cette 20e et dernière étape, tous les sprinteurs majeures ayant ralliés l’arrivée : Robbie McEwen est là, Erik Zabel aussi, comme Baden Cooke, Thor Hushovd, Jean-Patrik Nazon, Stuart O’Grady ou Danilo Hondo… Mais ils ne peuvent que s’incliner face à la puissance de Tom Boonen. Parfaitement lancé par Stefano Zanini, le Belge déclenche son sprint au dernier moment, à 150m de la ligne et s’impose sans discussion possible avec un demi-vélo d’avance sur Nazon. Un sacre en forme de promesse : Boonen reviendra pour le maillot vert. Et il l’aura, trois ans plus tard. Le début de la fin d’une histoire trop courte (deux participations ensuite) avec le Tour de France.
Un sprinteur, oui, mais surtout un Flandrien
Sa place dans l'histoire est proche des sommets. On l’a déjà évoqué dans notre série sur les pavés, il est l’un des plus grands flandriens de l’histoire et le plus victorieux. Mais, paradoxalement, ce statut de légende des pavés l'a éloigné de celui du sprint. Le Belge est tellement plus qu'un sprinteur, il était tellement plus que cela qu’on ne pense jamais vraiment à lui comme tel. Parce qu'il ne l'était pas non plus, d'ailleurs. "Tommeke" était un classicman rapide, pas un sprinteur. Une infime différence qui change toute la place de Tom Bonnen dans l’histoire de la discipline. Il a souvent manqué un petit quelque chose au Belge sur les grands sprints massifs, notamment sur Milan-San Remo (2e en 2010, 3e en 2007) ou à Hambourg (4e en 2012 et 2015) par exemple. Et cela s’est encore un peu plus vérifié dans la deuxième partie de sa carrière, malgré certains sursauts (3e des Mondiaux 2016). Il est évidemment une légende du cyclisme, un grand sprinteur, mais il aura manqué de la durée au « Boonen sprinteur » pour se hisser plus haut dans notre classement.
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