Oliver Naesen : « Mon rêve absolu, le Tour des Flandres »
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Oliver Naesen : « Mon rêve absolu, le Tour des Flandres »

Pour sa 5e saison chez AG2R, le Belge Oliver Naesen a accueilli son compatriote et champion olympique Greg Van Avermaet au sein de la formation française, très tournée vers les Classiques. De quoi nourrir beaucoup d’espoir et d’ambition pour 2021. Interview.



Quel regard portes-tu sur le changement de stratégie de l’équipe AG2R-Citroën, plus orientée vers les Classiques désormais que les Grands Tours ?


« C’est excellent pour moi d’avoir beaucoup de renforts pour aborder la saison des Classiques. Mais je pense que pour l’équipe, c’est un changement à court terme. Je pense que l’ADN de l’équipe reste les Grands Tours, la montagne et j’entends bien dans les discours de Vincent que son rêve reste la haute montagne. J’imagine qu’il fera tout pour recruter des supers grimpeurs pour la saison prochaine. Mais l’équipe pour les Classiques ne changera pas, donc c’est excellent pour moi.


Que penses-tu de l’arrivée de ton compatriote Greg Van Avermaet ?


Je ne vois que le positif d’être avec lui dans l’équipe. D’abord parce qu’on a bien vu plusieurs fois dans le passé que c’est important d’être fort collectivement, et c’était un peu notre talon d’Achille. Avec lui, on pourra jouer des rôles plus importants et viser de plus grandes victoires, même en gardant un niveau comparable.


Un autre jeune Belge est arrivé avec vous, Stan Dewulf. Ça fait un joli trio belge, pensez-vous pouvoir rivaliser avec les autres grosses formations sur les Classiques ?


C’est difficile de s’avancer maintenant. J’espère que oui ! Les années précédentes, on existait déjà, mais plus individuellement. Maintenant, on est devenu plus costaud, plus fort collectivement. Je suis sûr qu’on sera meilleur qu’avant ensemble, avec ces nouveaux renforts.


Comment va s’articuler ta saison ?


Je veux arriver en pleine forme pour le GP E3, le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, ce sont mes objectifs principaux. J’ai d’autres objectifs quand même avec Gent-Wevelgem et Milan-San Remo. Je vais couper après Roubaix, travailler les bases pour arriver en forme sur le Tour de France. Ce sera très important, ensuite il me restera quelques courses d’un jour pour briller.


Et tes objectifs en termes de victoire ? Plutôt une Classique, ou une étape sur le Tour de France ?


Je n’ai malheureusement pas le luxe de choisir entre ces deux-là ! (rires). Mais si tu m’offres les deux, je vais quand même prendre la Classique.


Et ton rêve absolu ?


Mon rêve absolu, c’est vraiment le Tour des Flandres. Mais c’est aussi l’objectif de ma carrière, je le vise vraiment.


Que te manque-t-il, selon toi, pour remporter le Ronde, ou du moins faire partie des grands favoris ?


Je pense faire déjà partie des candidats au podium. Mais avec des coureurs comme Van der Poel, Van Aert, Alaphilippe ou Sagan, il y a déjà beaucoup de favoris. Si je remporte une course comme celle-là, ce sera avec des circonstances, une force collective, de bonnes jambes, une attaque à la fin lorsque les gros favoris se regardent. Je ne me vois pas gagner au sprint avec ces 4 favoris là. Il me faudrait vraiment jouer avec les circonstances et la tactique, ainsi qu’avoir de très bonnes jambes.


Ces dernières années, la Deceuninck-Quickstep a démontré toute sa force collective et raflé plein de victoires avec 4-5 coureurs capables de gagner. Penses-tu que vous allez vous en inspirer ?


Ils ont été exemplaires sur le plan de la force collective, c’est eux qui ont prouvé qu’on ne remporte pas de belles courses qu’avec la force individuelle. Ils ont mélangé la force individuelle et collective, ils ont vraiment plusieurs mecs qui peuvent gagner. Collectivement, c’est très très costaud.


Comment vous êtes-vous répartis les rôles avec Greg sur le week-end d’ouverture ? Ça se fait au briefing ou plutôt au feeling ?


Plutôt au feeling. Au briefing, on nous dit que nous avons le même rôle. Après, le scénario de course et le feeling nous font aviser nos rôles. On s’est dit qu’on devait tous les deux être devant pour le final, car la grosse sélection se fait pendant la course. Cette année, de grands groupes sont arrivés au sprint lors du week-end d’ouverture. Mais on était assez content de nos sensations, et pour lui autant que pour moi, c’est très agréable d’avoir toujours un coéquipier dans un groupe de favoris, même si on était nombreux. Les rôles étaient les mêmes pour nous deux, c’est mieux pour jouer la force collective.


En sport collectif on dit qu’il faut du temps pour que la mayonnaise prenne. Est-ce pareil pour vous ?


C’est différent des sports collectifs, le cyclisme est un sport individuel qui se court en équipe, comme dit Julien Jurdie. Il faut se connaître, s’entendre comme il faut. On se connaît déjà bien, même si on n’a jamais couru sous le même maillot avant. Je pense qu’on est déjà pas mal en termes d’entente lui et moi.


Julien Jurdie est connu pour ses causeries d’avant course. Qu’est-ce qui est justement marquant dans ses discours ?


Il est hyper passionné, comme les autres coachs, mais sur les Classiques c’est très fort. Il fait toujours des vidéos, et à la fin, il a toujours une petite larme sur ses joues. Après chaque briefing, tout le monde sort avec des frissons. Il est hyper motivant.


Il met aussi très en avant cette notion de force collective.


Oui, il s’est inspiré de certains de ses amis du monde du football. Il essaye de mettre en place ce genre de philosophie, avec les spécificités du cyclisme. Ça marche bien, c’est très bon pour l’ambiance. Avant qu’on rentre dans le bus on est fatigué, et quand on sort, on est à fond ensemble.


Quel regard portes-tu sur le duel Mathieu Van der Poel vs Wout Van Aert ?

Penses-tu qu’ils vont tout rafler ?


J’essaye d’y penser le moins possible, rarement. Je sais juste une chose : quand j’ai signé pro, on disait que Boonen et Cancellara étaient les deux seuls coureurs qui avaient le droit de gagner une grande course. Pourtant, d’autres en gagnaient. Quand ils ont arrêté, c’était seulement Peter Sagan et Greg, alors que je pense qu’ils ont plus perdu que gagné. Maintenant, c’est Van der Poel et Van Aert. Chaque période a son ou ses champions, mais chaque année les courses sont différentes.


Qui d’autres qu’AG2R et la Deceuninck peut rivaliser avec ces deux monstres ?


Je pense surtout aux mecs qui vont vite. Je viens de le croiser dans le couloir de l’hôtel [l’interview a été réalisée samedi, à la veille du départ de Paris-Nice, ndlr.], Mads Pedersen est très fort. Peut-être aussi Nils Politt, mais il y en a plein d’autres.


As-tu les Mondiaux en ligne de mire ? Le parcours a un peu fuité, sur les routes belges.


Complètement. Je vais essayer de faire un bon printemps pour mériter un bon rôle dans l’équipe. J’ai dit que je ne faisais pas attention à l’adversité entre les 3 extraterrestres, mais je suis bien conscient qu’on a Wout Van Aert dans l’équipe belge, il sera leader sans aucun doute. Ça complique les choses, mais mon objectif c’est de donner le maximum et performer le plus possible au printemps pour mériter ma place dans l’équipe aux Mondiaux et avoir un super niveau. Tout le monde a encore tout à prouver, mais j’espère y être.


Les vélos ont été sujets à débat chez AG2R par le passé. Vous êtes passés chez BMC, est-ce que ça vous rassure dans la perspective des Classiques ?


Oui, c’est très agréable. On ne s’interroge plus, on ne part pas dans l’idée qu’on souffre d’un handicap dès le départ. Tu sais, le vélo ou le sport de haut niveau, c’est souvent une grande partie dans la tête. Si dès le départ tu as dans la tête que tu as un désavantage sur tes adversaires, qui sont plus forts, qui ont du meilleur matériel, ce n’est pas bon pour la motivation et la confiance. Avoir ce nouveau super matériel, c’est un poids en moins sur nos épaules.


Et d’un point de vue technique, qu’est-ce que ça change concrètement ?


Les watts ne changent pas, mais en appuyant aussi fort sur les pédales, tu vas plus loin dans le même laps de temps. Donc c’est important, plus dynamique. On a aussi des nouveaux pneus, les pneus Pirelli. J’avais peur au début, mais c’est du jamais vu tellement c’est bien, je n’ai plus d’excuse maintenant (rires). En reconnaissant le parcours de Paris-Roubaix, on était agréablement surpris, le vélo et les pneus sont vraiment bien, même en basse pression les pneus sont hyper roulants sur l’asphalte. J’étais très rapide sur l’asphalte.


Tu es quel type de coureur par rapport à ça : plutôt à avoir un œil au-dessus de l’épaule du mécano, ou tu laisses faire ?


Non, j’aime bien avoir un œil, vérifier que tout est en ordre (rires). Tu sais, il y a énormément de vélos, dans une équipe de 30 coureurs, chacun a 5 ou 6 vélos. Chaque vélo doit être parfaitement positionné, donc c’est pas mal de jeter un coup d’œil. »

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