Eblouissant en 2020, retiré du peloton mi 2021 : Lennard Kämna revient cette saison avec le Giro comme principal objectif. VéloFuté a pu l’interviewer pour revenir sur ses problèmes de l’an passé et ses ambitions pour 2022.
On avait laissé Lennard Kämna, en fin de saison 2020, sur un double succès d’étape de prestige sur le Dauphiné et le Tour de France, à tout juste 23 ans. Son panache, son culot et son talent avaient impressionné le grand public, alors qu’il connaissait sa 3e saison chez les pros. Cette performance semblait lui offrir un avenir auréolé de succès. Pourtant, 2021 fut aux antipodes de 2020. Vainqueur d’étape sur le Tour de Catalogne, il s’effondre ensuite et achève sa saison le 9 mai après un décevant Tour de l’Algarve. Mais pas en raison d’une blessure, ou d’un problème physique. « Pour être très franc, je n’avais simplement plus d’envie. Il y avait plusieurs raisons pour lesquelles je n’avais plus la motivation pour faire des courses », nous a confié le jeune Allemand, lundi, en marge de la présentation de rentrée de sa formation Bora-Hansgrohe. « J’ai eu beaucoup de plaisir en Catalogne et je suis cycliste professionnel par passion, je peux vous l’assurer. Mais je ne veux pas expliquer les raisons de mon retrait, ce ne serait pas juste, c’est un ensemble de facteurs. Je ne veux vraiment pas en parler », a-t-il insisté.
« Je n’avais plus d’envie »
Dans la presse, de nombreuses hypothèses ont fuité, mais celle du burn-out semble être la plus plausible. Déjà en 2018, lors de ses débuts professionnels au sein du Team Sunweb, il avait demandé une pause après la découverte de Milan – San Remo, apparemment éreinté psychologiquement. Le fait qu’il reste évasif sur la question, mais aussi son attitude face aux médias appuient ce sentiment de charge mentale difficile à porter, et de motivation entamée. « Que fais-je pour garder mon envie pour le vélo ? C’est une bonne question, que fais-je… En soit, je fais beaucoup », répond-il après une certaine hésitation. « C’est assez privé comme question, car je m’implique au quotidien. Ma famille s’est beaucoup investie pour ça, a passé beaucoup de temps avec d’autres personnes pour que j’y arrive, mais il n’y a pas un ‘exercice’ que je fais tous les soirs. Je continue à prendre du plaisir à rouler, quand je prends le vélo, quand je reprends l’entraînement. Je suis dans un bon rythme, et j’ai des objectifs, cela me donne du plaisir. »
Ainsi, il assure aborder « la nouvelle saison de façon parfaitement normale, avec des objectifs et une préparation très classique ». Ces objectifs en question : le Giro et les championnats d’Allemagne, dont le parcours semble lui convenir. Mais pour sa grande première sur les routes transalpines, pas sûr qu’il dispose d’une grande liberté d’action au sein d’une formation résolument tournée vers le général (Buchmann, Keldermann et Hindley seront de la partie).
Pour autant, il ne semble pas s’en formaliser. Conscient qu’il est encore trop tôt pour viser le général des Grands Tours, « il me reste donc beaucoup de travail pour y arriver, mais aussi beaucoup de temps perdu à rattraper », Kämna ne se l’interdit pas sur une semaine. « Ce n’est pas encore d’actualité, mais qui sait ? Si les jambes répondent bien et que les circonstances me sont favorables, j’aurai sûrement ma carte », répond-il avec aplomb. Des opportunités qui pourraient se présenter cette année, au Tour des Alpes notamment. Mais malheureusement pas en France. « La France est un superbe pays et a des courses formidables, il est certain que je vais y revenir, j’ai effectivement beaucoup d’affection pour ces courses. Je suis heureux de courir en Ardèche, mais je ne suis pas sûr de courir le Tour ou le Dauphiné cette année », précise-t-il.
Des ambitions en contre-la-montre
Si son premier bloc de la saison sera donc exclusivement consacré au Giro, la seconde partie de l’année est encore ouverte. Il a d’ailleurs un souhait : retravailler ses qualités de rouleur pour redevenir un coureur de contre-la-montre. « J’ai toujours le CLM en tête et j’y travaille. J’ai fait de grands progrès récemment. En décembre, je me sentais un bien meilleur rouleur que l’an passé au même moment », explique-t-il. Auteur de résultats probants dans l’exercice en début de carrière (plusieurs fois top 10 dans des chronos en World Tour, comme sur le Tour de Romandie ou la Vuelta en 2017), il croit en son potentiel. « Je ne suis pas encore à mon maximum sur ce point-là. Ce sera plus concret dans la deuxième partie de saison, car je dois me préparer avant tout pour le Giro, mais c’est vraiment une évolution que j’ai en tête. J’ai encore beaucoup de chemin », conclut-il. Si effectivement sa motivation et son envie sont au rendez-vous, nul doute qu’il faudra compter sur le natif de Wedel à l’avenir. Mais avec deux épisodes de burn out à seulement 25 ans, Kämna est peut-être lui-même son principal adversaire pour atteindre les sommets.
Courses à venir en 2022 :
Tour de Catalogne
Tour des Alpes
Giro d'Italia
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