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Jordan Jegat (Team TotalEnergies) sur les Mondiaux de Kigali : « Tout donner pour la France »

Après un Tour de France exceptionnel conclu à la 10e place du classement général, Jordan Jegat a été récompensé par une sélection en équipe de France. Pour son premier Mondial, au Rwanda, le grimpeur du Team TotalEnergies est revenu pour Vélofuté sur son été, ses ambitions au Rwanda et la suite de sa carrière. Entretien.

 

Jordan Jegat TotalEnergies

Peu avant le Tour de France, Jordan Jegat s’était confié à notre micro pour évoquer son ambition sur la Grande Boucle, après un très bon Dauphiné conclu dans le top 15. Il disait viser la victoire d’étape et ne pas faire du général un objectif. 3 mois plus tard, le grimpeur du Team TotalEnergies a conclu son 2e Tour à une épatante 10e place au général, qui lui a valu une sélection pour les championnats du monde sur route au Rwanda, dimanche 28 septembre. À quelques jours de l’événement et juste avant de monter dans l’avion, il nous a accordé un nouvel entretien.


Comment tu te sens après cet été vraiment incroyable ?

Je me sens très bien. J'ai eu un peu de mal après le tour de France à remettre en route. Je suis un peu malade, mais ça reste un grand accomplissement.

 

Et justement, comment tu l'as vécu cet été ? Parce que j'imagine que ta notoriété, la demande médiatique, etc., et même autour de toi, ça a dû énormément bouger.

Non, je l'ai très bien vécu, c'était l'ambition que j'avais, donc de le réaliser, c'est vraiment bien.

 

Juste avant le Tour, tu disais que ton objectif, c'était vraiment une victoire d'étape, et que le général n’était pas vraiment dans ta tête. Es-tu quand même satisfait malgré l'absence de victoire d'étape ?

Oui, forcément, faire 10e du Tour, je pense que ça reste et ça fait parler. Et oui, forcément, une victoire d'étape, ça aurait été magnifique aussi, mais faire 10e du tour, je pense que ça place un peu un coureur au niveau mondial.

 

Tu as dit que t'avais eu du mal à reprendre les jambes, mais que globalement, t'étais quand même revenu dans de très bonnes formes au Luxembourg. Comment tu t'es senti ?

Au Luxembourg, je me sentais bien, je suis content. Les sensations sont bien revenues. Je disais que j'ai eu du mal parce que je suis tombé malade après le Tour de France. J'ai coupé cinq jours, j'ai dû reprendre au Tour de l’Ain. Après, j'étais un peu malade, donc j'ai recoupé cinq jours. C'est pour ça que j'ai eu du mal aussi mentalement à me remettre un peu dedans, physiquement aussi. Au final, en Italie, sur ma première course, j'ai eu du mal.

 

Et dès la deuxième course, je finis 2e derrière Del Toro. Les sensations sont revenues assez rapidement. Au Luxembourg, je passe très proche de la victoire. Je pense que la victoire est dans les jambes. C'est satisfaisant de voir que j'ai quand même passé un cap physiquement.

 

Est-ce que tu te sens dans la forme de ta vie ? 

Ça, on peut le savoir qu'une fois que c'est passé. Je pense qu'il faut profiter d'être en bonne forme. Peut-être que l'année prochaine sera encore meilleure. Peut-être que je serai moins bon. Malheureusement, quand on le sait, c'est que c'est trop tard. Il faut juste se donner à fond.


"Pendant le Tour de France, il [Thomas Voeckler] est venu assez souvent me parler. Après, on s'est eu au téléphone après le Tour de France. Thomas voulait attendre vraiment le dernier moment pour valider ma sélection."

 

À ce stade, tu penses que tu n'as jamais été aussi fort ? 

Oui, je pense que je n'ai jamais été aussi fort. Je pense que l'année dernière, j'ai fait pas mal de podiums. Si je ne dis pas de bêtises, je crois que j'ai fait six podiums l'année passée. Cette année, j'en ai seulement un. C'est sûr que je vise désormais les plus grandes courses du monde. C'est forcément plus difficile de viser un podium ou une victoire sur un Paris-Nice, un Dauphiné que le Tour des Asturies.

 

L'absence de victoire, ça t'embête ? 

Forcément, ça m'embête. J'aimerais bien gagner, que ce soit pour moi, mais aussi pour les gens qui me soutiennent. C'est vrai qu'on ne retient souvent que la victoire. J'aimerais aussi gagner pour l'équipe et pour tout le monde. C'est vrai que j'ai l'impression que ça pèse sur beaucoup de personnes que je ne gagne pas. J'ai un esprit de performance. Parfois, faire 10e du Tour, c'est vraiment énorme. Ça va récompense tout un travail. Gagner une étape, c'est aussi de la chance qui rentre en jeu. Forcément, une victoire, ça me manque quand même.

 

Comment ça va se passer pour toi d'ici dimanche, jour de la course en ligne des championnats du monde au Rwanda ?

Là, on décolle ce soir [mardi, jour de l’entretien, ndlr]. On fait un vol de nuit. Dès qu'on arrive, on fait la reconnaissance du circuit. On sera le mercredi après-midi. Après le reste des jours, je vais m'entraîner là-bas. Je n'ai pas encore trop mon programme d'entraînement. Ça va être un peu d'entraînement léger, intensif. Il faut garder de l'énergie pour les 270 kilomètres de dimanche.

Tu as dit que c'était un objectif que tu avais secrètement de faire ces championnats du monde. Comment ça s'est passé les échanges avec Thomas sur ta participation ? Quand est-ce que tu as su que tu y serais ?

C'est vrai que faire les championnats du monde, c'était un objectif très tôt. Je dirais même durant la saison passée, quand Thomas m'avait contacté pour courir à Zurich, où je n'ai pas été sélectionné. J'ai directement pensé à celui du Rwanda et j'avais vraiment envie d'être sélectionné. Après, on a reparlé dans l'année sur les courses où il était présent. Pendant le Tour de France, il est venu assez souvent me parler. Après, on s'est eu au téléphone après le Tour de France. Thomas voulait attendre vraiment le dernier moment pour valider ma sélection.

 

Je pense que Thomas voulait avoir la meilleure sélection possible au moment donné. Il voulait attendre de voir la Vuelta, Québec, Montréal. C'est vrai que ma sélection, il me l'a confirmée vraiment le dernier moment.

 

Quand il vient te voir sur le Dauphiné ou au Tour de France, c'est quoi les échanges concrètement ? Il te demande comment tu te sens ? Il te parle de stratégie ?

C'est vrai que Thomas est quelqu'un d'assez direct. Souvent, il fait des échanges assez brefs.

Il me demandait comment j'allais. C'était souvent des encouragements ou des félicitations. Ça dépendait.

 

Quelles sont tes ambitions personnelles pour ce championnat ?

C'est compliqué d'avoir une ambition personnelle. C'est vrai que, pour être honnête, je ne connais pas encore la tactique de l'équipe de France. Mes ambitions, c'est de porter fermement l'équipe de France et de donner 100% de mes capacités, que ce soit pour moi ou pour le collectif. Comme je l'ai dit, je ne sais pas du tout quel va être le briefing. Si c'est pour aider un coureur, je m'y mettrai au maximum. Si jamais je peux anticiper la course et aller de l'avant, ce sera vraiment du bonheur pour moi. Tant que je me donne 100% et que je n'ai aucun regret après la course, ce sera du plaisir.

Et quelle sera la suite pour toi ? Tu as déjà ton programme pour l'après-mondial ?

Oui, les Mondiaux seront mon avant-dernière course. Après, je vais rentrer et je vais faire un Tour de Kyushu au Japon, comme l'année dernière.


"J'ai envie aussi de voir de nouvelles courses comme la Vuelta ou le Lombardie. J'aimerais évoluer avec TotalEnergies car je me sens super bien."

 

Ça fait deux ans que tu es chez TotalEnergies, et tu as connu une belle montée en puissance. Là, tu es au sommet de ta forme. Si tu fais un peu une rétrospective de ta carrière, penses-tu être là où tu voulais être ?

C'est compliqué. C'est vrai que quand je suis arrivé en nationale 1 à Nantes, c'est vrai qu'Anthony Ravard m'a directement dit « c'est bien, tu es là, mais maintenant, il faut passer pro ». Donc, j'ai voulu passer pro. J'ai vu rapidement qu'il y avait Louis Barré qui est parti chez Arkea. Je me suis dit « moi aussi, je peux y aller si je me donne les moyens ». Je me suis rapidement donné les moyens pour passer au-dessus.

 

Ensuite, j'ai signé à TotalEnergies aussi pour faire le Tour de France. C'est vrai qu'à ce moment-là, je pouvais signer dans d'autres équipes. J'ai signé là-bas aussi pour pouvoir m'exprimer, avoir ma carte plus facilement que dans d'autres équipes et notamment participer au Tour de France. Ça a fonctionné. Mon choix a été payant. J'ai pu m'exprimer en tant que leader et participer au Tour. Au final, c'est encore mieux que mes ambitions. Le Tour, on le voit comme un rêve. Je le voyais comme un rêve. Y performer, c'est au-dessus de mes ambitions.

 

Les autres équipes où tu aurais pu signer, c'était niveau World Tour ? 

Oui, j'avais eu des contacts avec Cofidis et Arkea. C'était des contacts, mais c'est vrai que j'ai rapidement fait le choix d'aller chez TotalEnergies. C'était un choix très rapide pour moi. C'était l'équipe qui me donnait envie. Dès que j'ai eu l’offre, je l'ai acceptée directement.

 

Tu es encore sous contrat en 2026. Mais est-ce que TotalEnergies ne doit pas devenir trop petite pour toi ?

C'est une bonne question. J'ai toujours envie de voir plus grand et plus haut. C'est ce que je disais tout à l'heure. Quand j'arrivais à Nantes, j'ai toujours voulu évoluer. C'est sûr que j'ai envie aussi de voir de nouvelles courses comme la Vuelta ou le Lombardie. J'aimerais évoluer avec TotalEnergies car je me sens super bien. C'est vrai qu'on n'est pas loin des invitations. J'espère que l'équipe va évoluer l'année prochaine pour ambitionner d'être invité sur des plus belles courses.

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