Surprenant 4e du Tour des Alpes, le jeune Équatorien Jefferson Alexander Cepeda dispute, à seulement 22 ans, son 2e Giro. Et il pourrait faire parler de lui lors de cette 3e semaine terriblement montagneuse. Portrait.
Sa présence au pied du podium du classement général final du Tour des Alpes, derrière Simon Yates, Pello Bilbao et Alexandr Vlasov a de quoi surprendre. En terminant à chaque fois dans les meilleurs lors d’étapes terriblement vallonées et montagneuses, Jefferson Alexander Cepeda a montré, en l’espace de 5 jours, toute l’étendue de son potentiel, à seulement 22 ans. Pour sa deuxième saison chez les professionnels, le poids plume équatorien a inscrit son nom sur la liste des coureurs à surveiller dans l’optique du Tour d’Italie 2021. S’il ne terminera sûrement pas dans le top 5, en raison d’une énorme concurrence, il sera peut-être un acteur important de la course et devrait chasser les étapes pour permettre à sa formation, Androni Giocattoli – Sidermec, de réussir son Giro.
Un grimpeur prometteur
Il s’agit en tout cas bien là d’un jeune coureur à suivre dans les années à venir, en témoignent ses jolis prestations jusqu’alors. Dès 2018, il brille sur les championnats nationaux juniors, en s’imposant sur le chrono et en prenant la 3e place de l’épreuve en ligne, deux mois après avoir terminé 5e des championnats Pan American U23, regroupant les meilleurs jeunes sud-américains. Ces résultats peuvent paraître anecdotiques, mais ils prouvent que Cepeda, alors à peine 20 ans, fait partie des meilleurs de son continent. En mai et juin 2019, il récidive sur ces deux compétitions : 3e de la course en ligne des Pan American U23 au Mexique, puis de nouveau deux podiums sur les championnats nationaux, cette fois chez les seniors. Il n’est devancé que par Jonathan Caicedo, alors 26 ans et coureur d’EF Education First.
Ces résultats probants valent à Cepeda une jolie récompense : le Team Ecuador, chez qui il est sous contrat depuis 2017, le sélectionne pour le prestigieux Tour de l’Avenir, qui a vu briller tant de jeunes futurs grands coureurs de Grand Tour. Et c’est sur les cols français qu’il va s’illustrer et taper dans l’œil d’écuries avec plus de moyens. Avec une nette montée en puissance, Cepeda termine 11e des 8e et 9e étapes (terminant à Méribal/Col de la Loze et à Tignes) avant de remporter l’ultime étape au Corbier, à la suite d’un enchaînement Col du Glandon – Col de la Croix de Fer et Col du Molard qui ont souligné son aisance en altitude. Le petit Equatorien termine 9e d’une édition remportée par la pépite Tobias Foss devant Giovanni Aleotti, Ilan Van Wilder et Clément Champoussin. De véritables références de leur génération, et des habitués des cols européens.
Dans la lignée des purs grimpeurs sud-américains
Cette belle performance lui vaut donc de signer chez la formation Continental Pro Androni Giocattoli – Sidermec pour la saison 2020. Il participe alors à des courses en France et en Italie où il découvre le haut niveau : 10e du Tour de Savoie Mont-Blanc, il termine régulièrement dans les 50 premiers de courses de côte d’un jour. Ses efforts sont récompensés en fin d’année avec une sélection pour le Giro. A 22 ans, il termine le Grand Tour à la 78e place. Une découverte très honorable qui lui servira certainement cette année pour progresser de nouveau.
Car Cepeda a de belles qualités pour performer sur le Giro et suivre les traces de l’idole du pays, Richard Carapaz. Du haut de son mètre 64 et avec 56 kilos, Cepeda est un poids plume habitué et à l’aise en altitude. Ses belles performances sur le Tour de l’Avenir le démontrent bien. Mais comme de nombreux petits grimpeurs sud-américains, en premier rang desquels Nairo Quintana, Cepeda va souffrir d’un déficit de puissance en chrono. S’il était une référence en jeunes sur son continent, il faisait partie des meilleurs de son gabarit. Mais le peloton World Tour est composé de beaux rouleurs et la plupart des grimpeurs savent limiter la casse dans l’exercice. Sur le Giro 2020, il termine 134e à 8 minutes de Ganna sur le chrono vallonné de 34 kilomètres entre Conegliano et Valdobbiadene. Sur le prologue de l’opus 2021, il termine dans les 15 derniers, à 1’28 de Ganna, sur une distance de seulement 8,6 kilomètres. Si nous devions faire une comparaison, son profil fait penser à autre grimpeur sud-américain, grand spécialiste du Giro et lui aussi poids plume : José Rujano. Rappelons d'ailleurs que ce dernier est monté sur le podium en 2005. L'avenir nous dira si il se concentrera sur la montagne ou essaiera d'être, à l'image de Quintana, un coureur de GT.
Nos attentes : une victoire d’étape et le top 5 du maillot de meilleur jeune
Déjà avant le départ du Giro, il paraissait impossible de voir Cepeda s’immiscer dans le top 10 du Giro 2021, tant la concurrence est rude et ses lacunes en chrono importantes. Même s’il avait lui même déclaré vouloir faire le meilleur résultat possible au général. Pour le maillot de meilleur jeune, l'affaire était aussi impossible : Vlasov, Bernal, Almeida ou Evenepoel semblent intouchables pour le natif d’El Playón de San Francisco. Mais Cepeda a montré sur le Tour des Alpes qu’il était plein de ressources et en pleine forme. Soyons donc honnête : nous avons été déçus par ces deux premières semaines de l’Equatorien, qui pointe à la 70e place à plus de 2 heures de Bernal. Alors qu’on espérait un top 20, il accrochera au mieux un top 50. Malgré cela, il semble de mieux en mieux et on mise toujours sur une victoire d’étape lors d’étapes de très haute montagne. Cette troisième et dernière semaine du Giro en réserve justement 4, sur lesquelles Cepeda peut briller.
Difficile ensuite de prévoir la suite de sa saison, mais il pourrait décrocher quelques jolies places d’honneur sur des courses du circuit World Tour et décrocher une victoire en Continental. Lié à Androni Giocattoli – Sidermec jusqu’en 2023, il aura certainement encore l’occasion de venir sur le Giro pour décrocher des bouquets et finir, à terme, parmi les meilleurs du Tour d’Italie.
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