top of page

TotalEnergies vers Ineos ? Décryptage de la nouvelle rumeur choc qui agite le cyclisme

Photo du rédacteur: Romain BougourdRomain Bougourd

Après 6 années comme sponsor titre de l’équipe de Jean-René Bernaudeau, TotalEnergies serait en discussions avec Ineos pour co-sponsoriser l’équipe britannique. Et pourrait laisser les Vendéens sans sponsor. Décryptage d’un feuilleton qui pourrait bouleverser l’écosystème cycliste.

TotalEnergies vers Ineos ? Décryptage de la nouvelle rumeur choc qui agite le cyclisme

L’information a eu l’effet d’une petite bombe dans l’écosystème cycliste, tant elle pourrait avoir des répercussions importantes. Lundi dernier, le média britannique EscapeCollective a publié un article, suivi d’un podcast, annonçant des discussions entre l’équipe Ineos Grenadiers et le fournisseur d’énergie TotalEnergies, pour devenir co-sponsor de la formation britannique. TotalEnergies, sponsor titre du Team du même nom depuis 2019, quitterait alors la structure de Bernaudeau, qui perdrait sa principale source de revenus, pour rejoindre une Top Team en perte de vitesse depuis 3 ans. Un investissement de 10 à 15 millions d’euros de la part du géant français est évoqué par le média en ligne. Est-ce plausible ? Comment un tel transfert de sponsoring est-il possible ? Quels sont les rouages derrière cette information ? Voici des tentatives de réponse.


Après avoir hérité du sponsoring de l’équipe, TotalEnergies cherche-t-il ailleurs ?

Dans un premier temps, l’important est de comprendre le contexte de cette information. L’entreprise TotalEnergies, géant français de l’énergie aux 205 milliards de chiffre d’affaires en 2024, est le sponsor titre de la structure Vendée Cyclisme, fondée en 2000 par Jean-René Bernaudeau, qui détient toujours 100% des parts. La structure a connu plusieurs noms (Brioche La Boulangère, Bouygues Telecom, Team Europcar, etc.) au gré des différents partenaires majeurs. Elle se nomme Team TotalEnergies suite au rachat en 2018 par Total de la société Direct Energie, qui sponsorisait l’équipe depuis 2016. Comprenez donc là que TotalEnergies a hérité du sponsoring de l’équipe, qu’elle a conservé. Une information qui a son importance : le montant du contrat de sponsoring est, selon nos informations, inférieur à 10 M€. Pourquoi ? Parce que ce montant d’investissement n’est pas soumis à un vote au conseil d’administration, qui est nécessaire pour des montants supérieurs. TotalEnergies étant très présent dans le sponsoring sportif (football avec la CAN, rugby avec le Top14, automobile avec notamment le Dakar, etc.), cet investissement dans le cyclisme n’est pas au cœur de sa stratégie. Et ce malgré les rêves de Bernaudeau.


Ce contexte étant posé, faut-il croire à un départ de Total de l’équipe vendéenne ? Toutes les cartes sont sur la table, selon les informations d’EscapeCollective que nous avons pu en partie recouper. La multinationale aurait déjà eu des discussions avancées avec la formation Bahrain, après le recrutement de Lenny Martinez, qui aurait servi de formidable porte-drapeau pour la marque aux couleurs arc-en-ciel. Si ce n’est pas allé plus loin pour l’instant, EscapeCollective assure que des discussions ont eu lieu avec Ineos cette année. Mais quelle est la probabilité qu’un deal se fasse ?


Ineos et TotalEnergies, un mariage possible ?

Si nous ne pouvons qu’émettre des hypothèses, deux arguments viennent donner du poids à cette information. Le premier est la volonté d’Ineos et surtout de son propriétaire Jim Ratcliffe, relativement affichée en coulisses, de se désengager de l’équipe cycliste. Rachetée en 2018 dans une logique d’investissements massifs dans le sport pour diversifier ses revenus et améliorer son image, l’équipe Ineos Grenadiers n’est plus au cœur de cette stratégie. Ineos a depuis concentré ses efforts sur le football, avec des prises de participation importantes à Nice et Manchester United.

Ratclifte et Ineos ont racheté Manchester United

Conséquence directe, le budget de l’équipe cycliste aurait connu une coupe importante en 2024, comme on vous le détaillait dans notre article. Cette volonté explique qu’Ineos avait été cité dans le feuilleton de la possible fusion avec l’équipe Soudal-Quick Step fin 2023. Ineos recherche donc toujours une porte de sortie, qui reste complexe étant donné que le géant pétrochimique possède 100% des parts de l’équipe cycliste. Elle ne cherche donc pas seulement un nouveau sponsor titre, mais un véritable repreneur.


Celui-ci peut-il être TotalEnergies ? Compte tenu de sa taille, Total semble être un bon candidat. Mais ce qui donne encore plus de poids à cette information, et on en arrive à notre deuxième argument, c’est la proximité commerciale entre Ineos et TotalEnergies. En effet, ces deux acteurs, dont une partie des activités est commune (i.e., la pétrochimie), entretiennent depuis plusieurs années des liens étroits. Elles opèrent notamment plusieurs sites et plateformes pétrochimiques ensemble, en Joint-Venture [forme d’association entre deux entreprises permettant, par exemple, l’exploitation en commun d’un site de production, ndlr]. Et ce sur plusieurs sites, notamment en France. Et l’an passé, TotalEnergies a cédé ses actifs à Ineos sur trois sites du sud de la France (Naphtachimine, Gexaro et Appryl). Preuve donc que des liens commerciaux solides existent entre les deux géants, ce qui pourrait faciliter les discussions autour d’une possible reprise de l’équipe Ineos. Mais à l’heure actuelle, et d’après les informations dont nous disposons, rien n’est signé.

Actif en commun de TotalEnergies et Ineos
Source / TotalEnergies

Si TotalEnergies s’en va, quid de Vendée Cyclisme ?

D’autant que, comme Bernaudeau l’a rappelé depuis lundi, l’engagement de TotalEnergies avec Vendée Cyclisme court jusqu’en 2026 (13 coureurs sont d’ailleurs sous contrat jusqu’en 2026). Contactée, l’équipe n’a pas souhaité commenter davantage cette information, rappelant cette date d’engagement.

Mais si le géant français venait à se retirer fin 2026 (ou avant ?), Bernaudeau serait obligé de trouver un nouveau sponsor titre capable d’investir près de 10 M€ dans l’équipe. S’il a déjà réussi à attirer plusieurs grands noms depuis 2000 (Bouygues Telecom, Europcar, etc.), la situation de Pro Team avec une place menacée sur le Tour de France semble différente. Face à des budgets en croissance constante, 10 M€ ne sont certainement pas suffisants pour garder sa place dans le top 22 des équipes. Alors qu’il réfléchit aussi à transmettre sa société, à 68 ans, Bernaudeau serait face à un défi important : garder son équipe en vie et compétitive, alors qu’elle avait un budget autour de 15 M€ en 2023.

TotalEnergies Ineos
Liste d'entreprises vendéennes

On se souvient des grandes difficultés rencontrées par Jérôme Pineau en 2022 pour sauver son équipe B&B Hôtel KTM. Bernaudeau dispose de plus d’atouts, notamment son histoire, ses nombreux succès, et une structure ancrée dans son territoire avec une identité vendéenne forte. Il existe quelques acteurs locaux puissants qui pourraient s’intéresser à un sponsoring de l’équipe (voir ci-dessous). Dans tous les cas, un réel feuilleton vient de s’ouvrir. Il s’étirera peut-être sur plusieurs années, ou s’estompera aussi vite qu’il s’est allumé. On ne peut que souhaiter qu’il se termine bien pour toutes les parties impliquées. A suivre.

留言

評等為 0(最高為 5 顆星)。
暫無評等

新增評等
  • X
  • Facebook
  • Youtube
bottom of page