En 19 saisons pro, Valverde a su remporter de nombreuses victoires en haute montagne, particulièrement dans ses jeunes années, ce qui lui vaut cette 7e place au classement. Cependant, l’Espagnol a toujours eu une limite durant sa carrière qui l’a empêché de viser plus haut. Portrait.
Élu meilleur coureur du 21e siècle par la rédaction de Vélofuté, Valverde est donc 7e du classement des grimpeurs de la même période. Jeune, il était vu comme un vainqueur évident du Tour de France, tant son potentiel semblait illimité. Si sa carrière fut immense, on ne peut pas nier qu’on espérait plus de lui sur les Grands Tours et notamment en montagne, après des débuts ravageurs sur la Vuelta 2003 (3e à 23 ans) et sur le Tour de France 2005.
Pourquoi lui : Grimpeur puncheur par excellence
Etant probablement le meilleur puncheur de sa génération - Vélofuté ne s’est pas encore penché sur la question - Alejandro Valverde avait aussi de grandes aptitudes en montagne. D’ailleurs, dans ses jeunes années, c’est avant tout dans ce secteur qu’il était attendu même si sa vitesse au sprint faisait de lui un “imbattable” dans les arrivées groupées. Les plus jeunes ne l’ont pas connu, lui qui a maintenant bientôt 42 ans, mais à ses débuts, Valverde a éclaboussé la Vuelta de son talent, pour sa 2e participation. Deux victoires au sommet à la Pandera et au Port d’Envalira. Evidemment, sa victoire la plus retentissante dans le domaine reste son célèbre succès face à Lance Armstrong en 2005, après que Basso, Mancebo ou Ullrich ont lâché un à un. Ce jour-là, tout le monde pensait que Valverde serait un vainqueur du Tour en puissance. Il n’en fut rien même si son succès sur la Vuelta 2009 semblait lui ouvrir la voie.
Après un trou dans le domaine, El Imbatido est redevenu un excellent grimpeur, l’un des meilleurs, à partir de 2015. 2016 et 2017 étant des années références pour lui avant sa terrible chute sur le Tour de France lors du prologue. Globalement, il a fait preuve d’une régularité incroyable en montagne durant 20 ans, à l’image de sa carrière. Rarement hors du top 10, il a remporté 17 victoires en haute montagne, dont 13 au niveau World Tour. Il a réussi la performance de remporter une victoire en montagne sur les trois GT dont deux sur le Tour de France et cinq sur la Vuelta. Son finish lui a aussi permis de terminer à 4 reprises premiers des favoris sur le Tour, comme en 2015 au Plateau de Beille ou encore à Val Thorens en 2019.
Sa plus belle envolée : le cadeau du Mont Ventoux
Nous aurions pu choisir sa victoire à Courchevel face à Lance Armstrong. Mais on préfère de vous conter son envolée de 2009, au sommet du Mont Ventoux, même si ce n’est pas une victoire.
Nous sommes en phase de préparation au Tour de France sur les routes du Critérium du Dauphiné. Après le contre-la-montre, Alberto Contador est le mieux placé des favoris devant Cadel Evans, Vincenzo Nibali et Robert Gesink. Arrivé 12e, Valverde est en embuscade mais la gagne semble difficile avec près de 2 minutes de retard sur Evans au général. Le Mont Ventoux pouvait donc être déterminant et ce fut le cas. A 10 km de l’arrivée, Alejandro Valverde déclenche une accélération fulgurante à laquelle personne ne répond. Très vite, l’écart se creuse malgré le travail des équipiers de Contador. L’Espangnol rattrape alors le dernier rescapé de l’échappée matinale, Sylvester Smzyd et ce dernier coopère. Il pouvait être d’un soutien de poids dans le final, avec le vent qui souffle dans les zones dégagées du Ventoux. L’écart ne fait que grandir derrière malgré la lutte que les autres favoris se livrent.
Dans le dernier kilomètre, alors que Valverde accélère pour récupérer le maillot, Szmyd lâche à cause d’un problème mécanique. Le leader de la Caisse d’Epargne, qui ne le voit pas dans un premier temps, finit par se retourner et simule un saut de chaîne à son tour afin que le Polonais le rattrape. Ce dernier franchit la ligne devant un Valverde heureux d’offrir la victoire et de récupérer dans le même temps, potentiellement, le maillot de leader. Car oui, il ne récupérera le maillot que pour 10 petites secondes. Difficile donc d’imaginer qu’il ait calculé son coup. Au final, Valverde fît ce jour-là l'un de ses plus grands numéros en montagne, en plus d’un beau geste envers le coureur de la Lampre.
Des limites à plus de 2000 m
Si Valverde n’a jamais réussi à remporter le Tour de France, c’est en partie à cause de ses difficultés à plus de 2000 m. Si elles n’étaient pas systématiques, elles étaient suffisamment répétitives pour y voir une vraie limite, surtout entre 2007 et 2013. Durant sa première partie de carrière, il a toujours connu un jour sans, qui coïncidait avec un passage à plus de 2000m. Que ce soit sur le Giro 2016 lors de l'étape reine où Nibali renverse le Giro ou lors de l'ascension du Tourmalet en 2008 avant l’arrivée à Hautacam (16e), il aura souvent laissé des plumes lorsque l’oxygène se raréfie. Cela ne l’aura pas empêché de finir sur le podium des trois GT mais ce fut un réel frein pour la gagne sur le Tour de France et pour pouvoir espérer finir plus haut dans notre classement. Et ce malgré ses 17 victoires en haute montagne durant sa carrière, ce qui en fait le 4e meilleur scoreur si on parle uniquement de chiffres.
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