Méconnu avant 2019, Sepp Kuss a impressionné son monde sur les routes du Tour de France. Capable d'emmener Primoz Roglic sur un fauteil, l'Américain paraissait extrêmement facile lors des ascensions. A 26 ans, la Jumbo-Visma peut se réjouir d'avoir un grimpeur de talent, pourtant loin d'être attendu à ce niveau. Décryptage d'une progression
fulgurante.
Nous sommes 16 septembre. Les coureurs du Tour de France abordent l'étape reine, arrivant au sommet du col de la Loze. Une ascension de 20 km avec des pentes terribles dans sa dernière partie. C'est l'étape de tous les dangers pour le leader de la course Primoz Roglic. Heureusement, le Slovène dispose d'un équipier impressionnant en la personne de Sepp Kuss. Aérien sur les pentes les plus dures, l'Américain se permet même d'attaquer dans le final, avant de s'arrêter pour attendre son leader. Un numéro qui permet à Roglic de reprendre du temps sur son principal rival, Tadej Pogacar. Une performance loin d'être passé inaperçue, tant le coureur de 26 ans a paru facile. Quatrième au sommet, Kuss était l'un des meilleurs du jour. Pourtant, atteindre ce niveau était loin d'être gagné.
Des débuts difficiles :
Kuss débute réellement sa carrière chez Rally Cycling, une équipe américaine du niveau continental (3e division). A cet instant, impossible d'imaginer l'Américain, alors âgé de 22 ans, se balader dans les cols. A part sa victoire au Mont Mégantic, sans présence de réel bon grimpeur, Kuss est hors du coup. Il termine notamment 103e du Tour de l'Avenir, remporté cette année là par David Gaudu. Cette course étant un vrai test pour les futurs stars du cyclisme, ayant vu y briller les Lopez, Bernal, ou encore Pogacar.
En 2017, Kuss parvient tout de même à se montrer un peu plus à son avantage. Il finit notamment 9e du Tour de l'Utah mais là encore, la concurrence n'est pas redoutable. On notera tout de même une belle 10e place sur l'étape du Mont Baldy sur le Tour de Californie. Un Tour qu'il terminera à la 27e place et remporté par George Bennett.
Transfert déterminant chez Jumbo :
Il rejoint NL-Jumbo, qui deviendra Jumbo-Visma, en 2018. Un transfert dans une équipe majeur du peloton mondial. Mais sa saison en World Tour est loin d'être exceptionnelle. En bon équipier, Kuss travaille pour ses leaders mais ne paraît jamais capable de les accompagner très loin. Il bénéficie cependant d'un rôle de leader sur ses terres lors du Tour de l'Utah, qu'il va dominer de la tête et des épaules. Il devancera au classement des coureurs comme Hermans, Haig Woods ou Carthy, tous en préparation pour la Vuelta, course à laquelle il participera aussi sans y briller.
2019, la folle envolée :
A part une 3e place sur la dernière étape du Dauphiné, la saison de Sepp Kuss est jusqu'alors neutre. Mais c'est bien la Vuelta qui va révéler le grimpeur de 25 ans. Accompagnant son leader Primoz Roglic en montagne, Kuss est parmi les meilleurs. Il finit régulièrement en compagnie des Quintana, Majka, membres du Top 6 final. Capable d'imprimer un tempo pour son leader, il est aussi capable de répondre aux attaques de leurs concurrents. Il parvient même à remporter une victoire en échappée, un jour où son leader lui avait accordé un bon de sortie.
En l'espace d'un mois, Kuss est passé d'équiper à dernier lieutenant en montagne. Une ascension fulgurante qui s'est confirmée sur les routes de France en 2020. Le voir en forme sur le Tour n'était donc pas une surprise, puisqu'il s'est plutôt révélé mais c'est cette impression de facile sur le Dauphiné et le Tour qui a surpris son monde. En l'espace d'un an, Kuss est passé de l'anonymat à la lumière. Une progression qui rappelle celle de Chris Froome, lui aussi brillant pour la première fois à 26 ans sur la Vuelta. Où s'arrêtera t-il ?
Kuss, un avenir de leader ?
Etre équipier et leader sont deux choses différentes. La pression est bien plus lourde et peut en paralyser plus d'un. Rien ne dit qu'il soit donc un jour le leader incontesté d'une équipe. Le voir au sein d'une équipe américaine serait sans doute pour lui un accomplissement mais serait aussi très lourd à porter. Cependant, son niveau en montagne est réellement impressionnant et rien ne dit qu'il n'était pas capable de s'imposer au sommet de la Loze.
Dans ces conditions, nous aimerions donc le voir s'essayer en tant que chef de file. Le seul problème, c'est que chez Jumbo, les leaders ne manquent pas. A noter que jusqu'à présent, Kuss est loin d'être un bon rouleur. Mais a t-il déjà effectué un chrono à fond ? Beaucoup de questions mais une seule certitude, sur la Vuelta, il faudra s'attendre à voir Sepp Kuss rouler en tête de peloton lorsque que la route s'élèvera.
Ses faits d'arme :
4e au Col de la Loze
10e Critérium du Dauphiné
1er 7e étape du Dauphiné 2020
1er de la 15e étape de la Vuelta 2019
56e du Giro 2019
95e du Tour du Pays-Basque
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