Liège Bastogne Liège 2025 🇧🇪 : Parcours, engagés et favoris de la 111e édition
- Thibaud Chambre
- 24 avr.
- 10 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 avr.
Epilogue du printemps : la 111ᵉ édition de Liège-Bastogne-Liège aura lieu ce dimanche 27 avril pour clôturer le triptyque ardennais et la période des classiques. La "Doyenne", orpheline de son jeune roi (Remco Evenepoel) en 2024, retrouvera sa tête couronnée de Wallonie. Une promesse ? Celle d'un trône à reprendre à Tadej Pogačar, lauréat l'an passé. Le Slovène tentera de poursuivre sa domination. À Liège, l'histoire d'une lutte entre deux seigneurs du vélo s'écrit toujours au présent. Présentation détaillée du parcours, des engagés et favoris de Liège Bastogne Liège 2025.

Date de Liège-Bastogne-Liège 2025 : dimanche 27 avril
Horaire de Liège-Bastogne-Liège : départ à 10 h 10 et arrivée estimée à 16 h 24 environ
Diffusion TV / Retransmission : France 3 / Eurosport Max 1
La succession des générations n'aura eu de cesse de creuser et façonner les rides du visage de celle qu'on surnomme la « Doyenne », à travers les vallons liégeois. Une robe ardennaise indémodable dont le corsage "redoute-able" est la base d'une coupe saillante depuis 1974. Une encolure dont l'asymétrie changeante, s'arrête tantôt sur l'épaule Liégeoise, tantôt sur l'épaule Ansoise (entre 1992 et 2018). Depuis 2019, la première a repris les faveurs des finitions de la tunique de la Doyenne des classiques.
Le profil de Liège-Bastogne-Liège 2025

Parcours détaillé de Liège-Bastogne-Liège 2025
Si le parcours de Liège-Bastogne-Liège 2025 sera une copie quasi identique aux années précédentes ; voilà trois ans que la côte de la Redoute a retrouvé ses lettres de noblesse, en devenant le théâtre des offensives de Remco Evenepoel et Tadej Pogačar. La présence simultanée de ces deux derniers devrait contraindre leurs adversaires à anticiper le redoutable juge de paix. On peut légitimement se demander si la course ne sera pas lancée de loin. Mais le passé nous a prouvé que leurs adversaires ont plutôt tendance à attendre que de prendre l'initiative. Pourtant, attendre l'attaque d'un des deux fantastiques revient à courir battu. Personne n'apparait comme étant en capacité de suivre toute offensive de l'un des deux prodiges. En parallèle, les UAE émirates XRG et la Soudal Quick-Step ne verront pas d'un bon oeil de telles manoeuvres. Les deux formations feront tout pour éviter de se mettre dans une position délicate. Maintenant que la formule gagnante a été trouvée, tout semble pointer vers une nouvelle décision dans la Redoute.
93.3 kilomètres de l'arrivée : Dans la poursuite de la modification de dernière minute, observée en 2024, le parcours reconduira la côte de Mont-le-Soie juste avant la Côte de Wanne.
85 kilomètres de l'arrivée : la côte de Wanne, à l'image des capi de Milan - Sanremo, signe l'allumage d'une mèche avant que le feu ne soit mis à la poudrière. Peu de chance d'y voir un mouvement victorieux. Pour autant, face à une génération décomplexée, il est désormais impossible d'écarter une explosion dès l'entrée dans la province de Liège. A l'instar de l'initiative prise par Jan Tratnik, en 2023, certains pourraient choisir d'y forcer leur destin plutôt que de l'attendre.
78.5 kilomètres de l’arrivée : la côte de Stockeu ressemble à un endroit parfait pour des hommes, désireux de mettre la UAE émirates XRG et la Soudal Quick-Step en délicatesse. Sur sa courte rampe, brutale et étroite, les premières escarmouches sérieuses pourraient avoir lieu.
74.4 kilomètres de l’arrivée : la côte de la Haute-Levée frappe fort dès le pied avec ses pourcentages les plus marqués. Toutefois, une fois la rocade de Stavelot passée, la pente s'adoucit et un long faux plat montant presque rectiligne attend le peloton. Un terrain taillé, somme toute, sur mesure pour une chasse gardée.
60 kilomètres de l’arrivée : le col du Rosier ouvre une petite fenêtre de tir, comme en témoigne l'offensive conjointe de Harm Vanhoucke, Mark Donovan et Mark Padun, en 2021. Un mouvement dans la plus longue des difficultés du jour reste plus prévisible qu'une sélection complexe à mettre en place dans la côte suivante, dont l'allure en faux plat montant tend à brider les velléités. Au bout du compte, on peut dire que la durée de l'effort invite à l'élan, là où la douceur suivante freine l'audace.
46.7 kilomètres de l’arrivée : en prenant la place du col du Maquisard (4 kilomètres à 4.9 %), la côte de Desnié souhaitait ajouter de la nervosité à la course, une fois arrivé à SPA. Pourtant, sa proximité immédiate avec le juge de paix de la Doyenne transforme toute offensive en pari risqué, voire en manœuvre suicidaire.
33.9 kilomètres de l’arrivée : là où tout commence vraiment. La côte de la Redoute, figure iconique de la Doyenne, signe le feu de départ d’un final agité. Une difficulté clé utilisée pour commencer les hostilités, à l’image :
de l’attaque thermonucléaire de Remco Evenepoel, en 2022 ;
de l’implosion du peloton, sous le commandement de l’équipe Ineos Grenadiers, une année auparavant
ou de l'accélération assassine de Tadej Pogačar, il y a de cela un an.
Avec une portion de 1.5 kilomètre à 9.8 % et des pourcentages vertigineux à 16.5 % au plus fort de la pente, elle est l’endroit idéal pour lancer une offensive. À seulement une trentaine de kilomètres de l’arrivée, le timing semble parfait.
Mais un piège peut sembler demeurer et s'avérer de taille : la quinzaine de kilomètres séparant son sommet du pied de la Roche-aux-Faucons. Une phase transitoire, plus ou moins favorable à une chasse, comme nous l’avons vu en 2019, où les leaders ont eu du mal à faire la différence. C'est pourquoi les organisateurs ont décidé de bifurquer sur la droite, une fois le sommet gravi. Maintenant, il faut être honnête. Cette vérité, d'il y a à peine 4 ans, est devenue caduque. Lorsqu'un fantastique s'isole, ce dernier n'est jamais revu. Un homme seul lissant son effort étant plus rapide qu'un groupe qui compte ses coups de pédale.
30.2 kilomètres de l'arrivée : la côte de Cornémont n'est pas répertoriée, mais il ne faut pas s'y tromper. Cette dernière a tout pour casser le rythme d'une chasse effrénée ; et ainsi favoriser les desseins d'un homme qui se serait isolé au sommet de la Redoute ou un groupe de tête qui jouerait de concert vers Esneux.
23 kilomètres de l’arrivée : intercalée entre les deux difficultés emblématiques de la « Doyenne », la côte des Forges entendait semer le doute et troubler les plans d’une chasse organisée. Mais il n’en est rien. Le tronçon est à la fois trop court et peu sélectif pour peser sur le scénario de la course.
13.3 kilomètres de l’arrivée : scindée en deux paliers, la cote de la Roche-aux-Faucons est le théâtre des derniers coup de poker, des tapis quelles que soient les cartes entre les mains. Notamment pour les puncheurs, y trouvant un effort de trois minutes qui sied parfaitement à leurs caractéristiques dans la côte d'Avister (1.3 kilomètre à 10.4 %, max 15.5 %). Une portion beaucoup plus casse-pattes que la dernière moitié de la Roche-aux-Faucons (1.8 kilomètre à 5 %, max 6 %).
Description du final de Liege Bastogne Liege 2025
Le final raboté de 1.5 kilomètre dans Liège, par rapport aux éditions antérieures à 2020, est conservé. Comme une tentative qui ressemblait à un voeu pieu, tant la configuration reste difficile à exploiter pour les coureurs explosifs, souvent émoussés des efforts consentis tout au long de la journée.

Bien qu'il ne soit que peu décisif, le dernier kilomètre, à la fois totalement plat et en ligne droite, ouvre un éventail d'options en fonction du profil de coureur ayant une fenêtre de tir sur la victoire. Pour les coureurs les moins rapides au sprint, la seule option viable reste le coup du kilomètre, à défaut d’avoir une pointe de vitesse suffisante. En cas de comité restreint, la victoire se jouera dans un sprint réduit où il faudra avant tout éviter de mener. Rester dans les roues pour surgir au bon moment devient alors capital. Pour les coureurs les plus polyvalents disposant d’un ou plusieurs équipiers, ce scénario offre une occasion en or ; à savoir, la possibilité de structurer un lead-out ou de jouer du surnombre. Sauf à avoir un énorme vent de face, bloquant la course, ce dernier scénario n'a que peu de chance de se produire.
Point météo de Liège-Bastogne-Liège 2025
Aura-t-on des conditions bloquantes capable de favoriser une arrivée groupée et mettre des batons dans les roues de l'épouvantail du peloton ? La réponse est négative. Le temps sera clément, à l'opposé de la Flèche Wallonne de mercredi. Le vent, quant à lui, ni dans sa direction d'Est, ni dans sa puissance, ne fera basculer le scénario déjà presque écrit d'avance ; avec des valeurs qui ne dépasseront les 8 km/h qu'à de rares occasions. "The show must go on", comme dirait si bien Freddy Mercury.

Les favoris de Liège-Bastogne-Liège 2025
Au départ d'un Monument qu'il a remporté à deux reprises, Tadej Pogačar s'aligne au départ avec le statut de grand favori de Liège-Bastogne-Liège 2025. Juste avant de conclure sa première partie de saison, le champion du monde pourrait ajouter un nouveau succès à son palmarès déjà phénoménal. Dès que le sociétaire de UAE Emirates XRG est dans son jardin, l'incertitude qui fait la beauté du sport tombe en désuétude. Il va sans dire qu'une épreuve offrant 4 282 mètres de déclivité procure un terrain de jeu où Pogi peut dicter sa loi.
Le Slovène trouvera Remco Evenepoel en principal opposant pour tenter de se dresser une nouvelle fois sur sa route. Le Belge de la Soudal Quick-Step, double vainqueur du Monument wallon peut espérer le bousculer, après l'avoir rattrapé sur les routes de l'Amstel Gold Race. Il va sans dire que Pogačar est sur le front des plus grandes courses du monde depuis le mois de février. Quand bien même il aurait évincé à la fois l'E3 Saxo Classic et Gent-Wevelgem de son calendrier, la fatigue pourrait commencer à se ressentir, et même se confirmer. Si tel est le cas, après sa démonstration de force sur la Flèche Brabançonne pour son retour à la compétition, le champion olympique deviendrait l'homme à abattre. Les courbes de forme avec Pogi se croisent, et pourrait sembler pointer désormais vers Evenepoel. Une affirmation que l'on se doit dorénavant de tempérer. Depuis le coureur émirati a remis les pendules à l'heure slovène sur la Flèche Wallonne. Vainqueur avec un écart historique au sommet du Mur de Huy (10 secondes sur son dauphin), après une attaque juste avant le virage Claudy Criquielion (460 m), Pogačar est plus que jamais revenu dans le match. Si tenté qu'il en soit un temps sorti. Remco a de quoi s'inquiéter. Le champion du monde pourrait décider d'attaquer, pour la deuxième année consécutive, à 900 mètres du sommet de la Redoute. La flamme de l'espoir demeurera au départ de Liège, en sachant que le Belge aura commis l'erreur d'enlever son imperméable, mercredi, à 74.3 kilomètres de l'arrivée. Une bévue qui l'aura transi de froid. Passer 1 h 45 sous la menace d'une pluie glaçante, sans plus de protection qu'une simple veste à manches longues, ce qui relève de la faute professionnelle. En rendant une copie parfaite, le champion olympique a les armes pour contester un sprint à deux face au champion du monde. Une chose est certaine, s'il arrive à accrocher le démarrage du Slovène ou même à l'anticiper, ce dernier souffrira dans sa roue. Le Belge étant réputé pour être le coureur le plus aéro du monde sur un vélo.
Sans faire offense aux autres coureurs du plateau, tous courent pour accrocher un accessit. La victoire semblant inatteignable. Des grimpeurs patentés comme Giulio Ciccone et Enric Mas peuvent aisément aller accrocher la place restante sur le podium. Et pourquoi pas une deuxième place au forceps, si les astres sont alignés. L'Italien ayant pour lui la condition physique d'un Tour des Alpes dans les jambes. Toujours est-il qu'après les performances de ces derniers jours, il convient de tempérer les attentes. Tandis que l'Espagnol, en grande forme, pourrait lui tirer son épingle du jeu, notamment dans la Roche-au-Faucon, taillée pour les grimpeurs, en cas de course éreintante avant l'attaque décisive dans la Redoute. Plus la journée sera rythmée, plus l'endurance des grimpeurs sera mise en lumière. Le gros point d'interrogation reposera au dessus de la tête de Thomas Pidcock, qui n'était, un temps, plus que l'ombre de lui-même. Sa troisième place au sommet du Mur de Huy devrait servir de moteur au sociétaire de la Q36.5 Pro Cycling Team.
Quoi qu'il arrive, l'intérêt sera vif pour la bataille du podium. La glorieuse incertitude du sport demeure sur le nom qui émerge en troisième position. L'équipe Lidl-Trek peut miser, comme à l'accoutumé, sur le nombre avec quelques points d'interrogation. Mattias Skjelmose, vainqueur au nez et à la barbe de Pogačar sur l'Amstel Gold Race, devra être remis de sa chute à Huy. Cela ne semble pas être le cas d'après une interview accordée à TV 2 Sport. Le Danois dit lutter contre des douleurs, plus fortes qu'il ne l'imaginer et être gonflé comme une éponge. Là où Thibau Nys cherchera à prouver qu'il peut encaisser une telle journée, en pareille société. Sur le même principe, Santiago Buitrago et Pello Bilbao ainsi que Clément Champoussin et Christian Scaroni formeront la doublette pour la Bahrain Victorious et la XDS Astana. Jouer du nombre ne sera pas de trop dans la portion transitoire. Des doublettes peut-être un peu plus complémentaires et moins opposées en termes de profils que celle des Groupama-FDJ. Romain Grégoire aura plus de difficultés que Guillaume Martin à emmagasiner le dénivelé, là où ce dernier aura plus de mal que son jeune coéquipier à s'imposer en comité réduit. Une logique similaire pour la PicNic Post-NL d'Oscar Onley et Romain Bardet, même si le premier est meilleur grimpeur que son pendant français ; là où le dernier est meilleur sprinteur que son homologue français. Pour finir de ces paires, celle d'EF Education Easy-Post avec Ben Healy et Nelson Powless misera sur les qualités offensives des deux intrépides du peloton. Charge à ces deux excellents baroudeurs de savoir prendre les devants au moment opportun, plutôt que de courir à contre-temps.
Les principales individualités en présence ne manquent pas de flair dans les courses tactique :
Ben O'Connor est un homme de timing et vise très clairement le rendez-vous de dimanche ;
Tiesj Benoot est aussi un homme des derniers hectomètres ;
Joseph Blackmore ne manque pas d'audace et retrouvera des routes arpentées à l'occasion de son succès lors de Liège-Bastogne-Liège U23.
Côté curiosité, nombre de coureurs français se sont distingués par leurs résultats récents. Il en va ainsi de Louis Barré, Jordan Jegat, Kévin Vauquelin et Clément Berthet.
Des résultats qui manquent à la paire d'Ardennais que sont Marc Hirschi et Julian Alaphilippe, que l'on peine à voir s'illustrer. Une hérésie à la lumière du début de saison du coureur helvétique et de la légende française, qui connait une histoire d'amour compliquée avec la Doyenne.
⭐⭐⭐⭐⭐ Tadej Pogačar
⭐⭐⭐⭐ Remco Evenepoel
⭐⭐⭐ Thomas Pidcock - Enric Mas - Ben Healy
⭐⭐ Mattias Skjelmose - Giulio Ciccone - Romain Grégoire - Kevin Vauquelin - Santiago Buitrago - Nelson Powless
⭐ Romain Bardet - Christian Scaroni - Oscar Onley - Tiesj Benoot - Ben O'Connor - Guillaume Martin - Thibau Nys - Julian Alaphilippe- Pello Bilbao - Joseph Blackmore - Clément Berthet - Louis Barré - Jordan Jegat- Clément Champoussin - Carlos Rodriguez
Les participants et principaux engagés de Liège-Bastogne-Liège 2025
Une startlist XXL comme chaque année dans laquelle Tadej Pogačar, Remco Evenepoel, Thomas Pidcock ou Thibau Nys sont les principaux engagés de la Doyenne.
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