Paul Seixas (Decathlon AG2R), un phénomène de précocité même en 2025
- Titouan Lallemand
- il y a 3 heures
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A seulement 18 ans, Paul Seixas est en train d'illuminer le monde du cyclisme avec ses performances ahurissantes depuis le début de saison pour un coureur de son âge. Si nous voulons le préserver des plus enthousiastes, on peut au moins le comparer en termes de temps de passage par rapport à ses prédécesseurs les plus doués et précoces comme Evenepoel ou Pogacar. Analyse.

Avec son visage de bambin et son physique loin d'être arrivé à maturité sur le plan musculaire, Paul Seixas réalise malgré tout des performances exceptionnelles pour un coureur de son âge. Quand les autres sont encore en Espoir, lui impressionne déjà au niveau professionnel. C'est encore le cas actuellement sur le Tour des Alpes.
Déjà au-dessus chez les Juniors
2024 a sonné chez Paul Seixas comme une année à succès. A 17 ans, il a globalement écrasé ses adversaires chez les Juniors, obtenant 14 victoires dont le titre de champion du monde du chrono juniors, le Tour du Pays de Vaud ou encore Liège Bastogne Liège. Si nous avons choisi de vous parler plus spécifiquement de ces trois courses, c'est qu'il y a une raison. L'une est un contre-la-montre, l'autre est une course à étapes et la dernière une classique. Le lyonnais de naissance a démontré qu'il était capable de gagner partout.

Cependant, le domaine dans lequel il a le plus impressionné, c'est évidemment la montagne. Le coureur de l'équipe AG2R La Mondiale U19 a dominé la majorité du temps, écrasant notamment la classique des Alpes juniors avec 4 min 13 d'avance sur Pericas, 2e et aujourd'hui chez UAE Next Gen. Si l'on précise l'équipe du jeune Espagnol, c'est parce qu'il est nécessaire de souligner que Decathlon AG2R a réussi un vrai miracle en conservant au sein de sa formation un tel talent, alors qu'aujourd'hui, les UAE, RedBull Bora ou Lidl Trek se partagent les gros potentiels. On peut donc être heureux d'avoir un prodige français, au sein d'une équipe française.

Une précocité unique pour Paul Seixas ? Comparaisons avec d'autres prodiges du cyclisme
Paul Seixas sort déjà du lot, à 18 ans, mais est-ce vraiment un phénomène de précocité unique ou y a t-il d'autres coureurs qui, par le passé, ont été aussi en avance ?
Sur le tableau ci-dessous, nous comparons Paul Seixas avec les autres prodiges en trois temps de passage par rapport à leurs âges et aux points UCI marqués. Chaque temps de passages est représenté par un point sur la courbe signifiant :
Début dans l'équipe pro pour le 1er point
Fin avril pour le 2e
Fin de la première saison pour le 3e et dernier point.

La première chose qu’on remarque, c’est qu’en termes d’âge pur, oui, Paul Seixas est unique. Aucun coureur n’a performé aussi jeune chez les pros. Le Français a un an d’avance sur Ayuso, Evenepoel, et même deux ans sur Tadej Pogacar. Il est important de notifier aussi que Evenepoel est sorti alors que la préparation autour des jeunes n'étaient pas aussi développées. En l'espace de cinq saisons, voir des coureurs de moins de 20 ans signer pro est devenu la norme alors qu'avant, cela n'existait quasiment pas.
On note cependant que pour sa première saison, le tricolore est globalement sur les bases d’Evenepoel, mais un peu derrière Juan Ayuso, qui avait déjà signé un top 10 en WorldTour sur le Tour de Catalogne dès sa première année pro. Dommage pour Paul qui, après sa 10e place à Jebel Jais, occupait la 15e position au classement général de l’UAE Tour avant d’abandonner. Le top 10 n’était pas garanti, mais envisageable. À noter aussi qu’Ayuso avait déjà couru en fin de saison 2021, à 18 ans et 8 mois, avec UAE, et qu’il avait terminé 2e de la Prueba Villafranca, une course Conti.
Pour avoir un équivalent français, nous avons choisi Lenny Martinez, vu par beaucoup comme un futur vainqueur de GT. 4e ce mercredi sur la Flèche, il ne cesse de confirmer des prédispositions sur les courses d'un jour et reste un grimpeur de choix. Ses débuts étaient excellent aussi et sa Vuelta, en fin d'année, très intéressante avec un maillot rouge porté. Si l'on en est pas là du côté du jeune coureur de Decathlon AG2R, son début de saison est quasi équivalent avec un top 10 sur la Marseillaise notamment. Mais si c'est similaire dans les résultats, dans la performance réelle, Seixas a encore plus impressionné, malgré plus d'un an de moins que son ainé, jouant régulièrement la gagne face à des adversaires bien plus expérimenté que lui, comme c'est le cas sur le Tour des Alpes.
Quant à Cian Uijtdebroeks, il a vraiment explosé lors de sa deuxième saison pro. En tant que néo-pro, même s’il a montré de belles choses, il n'a pas forcément obtenu de gros résultats — par rapport aux autres, bien sûr, car 350 points UCI, ce n’est pas rien non plus.
Du côté des prodiges de 19 ans, Ayuso reste un vrai phénomène, avec en point d’orgue son podium sur la Vuelta, soit quasiment un an avant Pogacar. Cela dit, le Slovène, bien qu’il soit le plus âgé du groupe, reste celui qui a réalisé la meilleure première saison pro.
Enfin, si on compare à l’âge de Pogacar, on remarque qu’Ayuso avait atteint le même nombre de points UCI, malgré quatre mois de compétition manqués en début d’année. Uijtdebroeks a bien progressé aussi lui aussi, terminant dans le top 10 de la Vuelta, même si il restait encore loin des deux autres. Quant à Remco, il a subi l’année Covid, mais remportait toutes ses courses à étapes avant sa chute tragique sur le Tour de Lombardie.
Avec tout ça, il sera intéressant de suivre les points de passage de Paul Seixas par rapport aux autres. On fera un autre comparatif en fin de saison pour voir s’il a confirmé ou non. Il n’aura pas de Grand Tour, mais il disposera d’un calendrier intéressant, avec notamment le Tour du Guangxi ou le Tour du Luxembourg.
Quoiqu'il en soit, que ce soit au niveau de ses performances en Juniors que celle chez les pros, sans passer par la case Espoir, Paul Seixas n'a pour le moment rien à envier aux Evenepoel et consorts. Il est ainsi légitime d'être à minima enthousiaste tout en restant mesurer quand on sait la pression que cela peut représenter, surtout pour un français. Mais pour l'heure, Decathlon semble bien le protéger et rien ne semble l'atteindre. Tout est réuni pour qu'il exploite au maximum son potentiel, qui est immense.