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La transformation d’EF Education-EasyPost : Des dangers de la relégation à équipe en vogue

Menacée de perdre son statut World Tour en 2022, la formation américaine EF Education EasyPost de Jonathan Vaughters s'est métamorphosée en 2023. Et ambitionne un podium sur le Tour de France.

Nous sommes fin juillet 2022, le Tour de France vient de se terminer mais un sujet prend de l’ampleur dans la sphère cycliste. Grande nouveauté, le système de maintien/relégation en World Tour fait rage, et six équipes font l’objet des pronostics : qui perdra sa licence WT à l’issue de la saison ? Parmi ces six noms figurait EF Education-EasyPost. Malgré des saisons précédentes plus qu’honorables, les hommes en rose étaient menacés, et donnaient surtout l’impression de ne plus mettre un pied devant l’autre. La faute à une série de virus et maladies qui ont frappé les coureurs en mars-avril. En difficulté sur le plan comptable, le manager américain, Jonathan Vaughters, a fermement critiqué ce système instauré par l’UCI. « Vous ne pouvez pas sacrifier un coureur dans le final pour tenter d’obtenir la victoire, car vous avez besoin que tous marquent des points. C’est une façon vraiment absurde de courir et c’est ennuyeux pour le spectacle », s’était-il lamenté en novembre dernier chez Cycling Weekly. Finalement, les Américains se sauvent en septembre, et ce malgré une 18e place au classement sur l’année 2022.


Une identité affirmée et singulière


L’intersaison se devait d’être efficace pour s’éviter de nouvelles frayeurs sur le nouveau cycle 2023-2025. Et on peut dire que Jonathan Vaughters l’a été pour renforcer son effectif. Quatre recrues seulement, mais non des moindres : en plus de De Bod, Amador et Honoré, EF s’est adjugé les services d’un des meilleurs coureurs de Grand Tour du peloton, en la personne de l’Equatorien Richard Carapaz, en provenance d’Ineos. « Richard Carapaz entre parfaitement dans notre philosophie. Nous avions besoin d’un leader capable d’attaquer, d’être un guerrier, ce qu’est exactement Richard. Les autres recrues sont également dans cet état d’esprit », déclarait alors son nouveau manager. Si ce transfert a surpris, notamment par son timing [il a été annoncé en août, alors qu’EF était menacée de descente, ndlr], il ressemble pourtant au mariage parfait entre un coureur à la recherche d’un nouvel environnement pour regagner un Grand Tour, et une équipe en pleine ascension. Surtout, comme l’a souligné Vaughters, les recrues collent avec l’état d’esprit et la philosophie d’EF.


Une philosophie relativement singulière dans le peloton mondial. Outre l’esprit offensif et guerrier, cher à l’Américain mais qui ne colle pas forcément à tous ses coureurs (à l’instar de son leader sur le Tour, Rigoberto Uran, ou de Jefferson Cepeda, dont Thibault Pinot se souviendra longtemps), la structure a effectué un tournant dans son image avec l’arrivée d’EF Education First comme sponsor titre en 2018. Cette société organise des programmes et séjours linguistiques, notamment pour les jeunes, avec pour mission d’offrir une expérience enrichissante à l’étranger et de développer la confiance en soi. Un mantra qui se reflète parfaitement dans l’équipe cycliste, qui compte pas moins de 18 nationalités différentes, un record dans le peloton WT. En plus d’être cosmopolite, l’équipe EF se démarque par un look complètement décalé, entre un maillot rose flash et les moustaches ou cheveux longs de ses coureurs. Bref, un collectif haut en couleur, que l’on remarque rapidement lors des courses. De quoi satisfaire Vaughters, qui se vante que son équipe figure dans le top 5 des équipes ayant généré le plus d’audience média lors du dernier Tour de France.


Un début de saison tonitruant et objectif podium sur le Tour


Mais ce positionnement singulier ne suffit pas pour engranger les succès au plus haut niveau. Et avec seulement 9 succès en 2022, EF était bien loin de ses standards habituels de 17 bouquets par an. Des standards déjà atteints et sûrement dépassés en 2023, puisque les hommes en rose ont déjà 17 victoires au compteur, dont deux étapes du Giro par l’indéboulonnable Magnus Cort Nielsen et le jeune Irlandais Ben Healy, révélation du début de saison. Ce dernier incarne d’ailleurs un pan de la stratégie de Vaughters pour rester au plus haut niveau : miser sur la jeunesse. Rien de très original, compte tenu du fleurissement des équipes de développement et du scouting sur les courses espoirs voire juniors. Mais EF travaille bien. En plus de sa propre structure U23 qui détecte les talents partout dans le monde (l’équipe compte 6 Japonais, 1 Ethiopien, 3 Sud-Africains en plus des Européens), Vaughters a su attirer quelques jeunes grands talents très convoités ces dernières saisons : Healy, donc, mais aussi Simon Carr, Andrea Piccolo, Marijn Van den Berg ou Georg Steinhauser. Le tout en leur promettant des responsabilités à court terme, une promesse globalement tenue.


C’est donc dans une dynamique extrêmement positive que EF Education EasyPost aborde le Tour de France, avec pour objectif affiché de monter sur le podium avec Richard Carapaz, vainqueur du Mercan’Tour Classic fin mai. L’Équatorien sera épaulé par Neilson Powless, dans une forme étincelante début 2023 et 12e du Tour l’an passé, ainsi que Rigoberto Uran, habitué des routes françaises et 2e de l’édition 2017. L'équipe misera par ailleurs beaucoup sur les victoires d'étapes et peut miser sur un trio redoutable : Cort Nielsen, Bettiol, Powless qui peut briller sur tous les terrains durant trois semaines. Il faudra donc bien compter sur le collectif rose pour animer la course et tenter de bousculer une hiérarchie qui semble bien établie avec Pogacar et Vingegaard. Et montrer que 2022 n’était qu’une anomalie dans une progression constante.

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