La stratégie en haute montagne
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La stratégie en haute montagne

Le cyclisme est souvent vu, à tort, comme un sport individuel. Pourtant, le rôle d'une équipe est essentiel pour son leader, notamment en haute montagne, afin de rivaliser face à la concurrence. Plus la concurrence est organisée, plus le challenge est difficile.



Dans le cyclisme moderne, on note deux stratégies distinctes en haute montagne. Il y a d'abord la stratégie du contrôle, consistant à placer son équipe en tête du peloton. Nous allons la surnommer : la stratégie d'écrémage. Il y a ensuite la stratégie des équipes qui cherchent à renverser la course. Nous appellerons celle-ci : la stratégie offensive.


La stratégie d'écrémage :


Employée à merveille par l'équipe Sky, devenue Ineos, cette stratégie est avant tout basée sur un effectif solide en montagne et solidaire. Chacun connaît son rôle et met ses ambitions de côté pour son leader. Elle est souvent appliquée par le leader de la course lorsque celui-ci a une équipe solide ou par l'équipe du coureur sûr de sa force.


La mise en route se fait souvent dans l'avant dernier col, si il y en a plusieurs sur le parcours, et commence par le coureur le moins "bon" en montagne. Celui-ci roule en tête de peloton jusqu'à ce que les batteries soient vides et laisse le relais au coureur suivant. Tout cela jusqu'au lieutenant du leader, qui porte une forte accélération avant de s'écarter à son tour pour que son leader passe à l'attaque. Bien évidemment, il arrive parfois que le leader, pas aussi fort que prévu, ne déclenche pas l'attaque. C'est pourquoi l'équipe Sky-Ineos est maîtresse en la matière car les ratés sont rares.


Elle est surnommée stratégie d'écrémage puisqu'elle a pour objectif de réduire considérablement la taille du peloton au fur et à mesure que les coureurs se relaient à l'avant du peloton. Il est donc fréquent de voir un peloton réduit à une dizaine d'éléments dans le groupe des leaders, dont 3-4 coureurs de l'équipe Sky. Les leaders se retrouvent pour la plupart isolés, sans équipiers. Cette année, l'équipe Jumbo-Visma a mis en place ce genre de stratégie grâce à son armada composée de Roglic, Dumoulin, Van Aert ou encore De Plus.


Photo @canadiancyclingmagazine

La stratégie offensive :


La Movistar est, depuis plusieurs années, l'équipe qui tente le plus de perturber l'ordre établi durant les étapes précédentes. Même si elle a été moquée pour ses stratégies ratées. il faut avant tout comprendre qu'il n´y a qu'en essayant qu'on peut rater. Et encore, à part certaines étapes comme Val Thorens en 2019, où l'équipe a été très mauvaise alors que la victoire tendait les bras à Valverde, les stratégies de l'équipe espagnole sont souvent bonnes mais ruinées par les prestations de certains coureurs, loin du niveau attendu.


La mise en route s'effectue dès le départ de l'étape, où l'équipe cherche à placer dans l'échappée 2-3 équipiers. Ces coureurs, à l'inverse des autres membres de l'échappée, n'ont aucune intention de jouer la victoire d'étape, à moins d'une grosse défaillance de leur leader. Leur objectif est de pouvoir proposer un relais au leader en fin d'étape, lorsque celui-ci aura attaqué. Les équipiers se laisseront donc décrocher pour venir prêter main forte et le relayer le plus longtemps possible.


L’intérêt de cette stratégie, est d'obliger l'équipe menacée à travailler, pour isoler son leader. Celui-ci sera dans l'obligation, si il se retrouve seul, de rouler pour revenir. En cas d'équipe à deux leader, le 2e serait emmené sur un plateau par son rival, en chasse de son équipier. La stratégie atteint son paroxysme lorsque le leader revient sur ses équipiers juste avant le sommet et qu'il profite de leur sillage dans la plaine, afin de rivaliser avec le peloton, qui roule derrière eux.


L'an dernier, la stratégie Movistar sur l'étape du Prat d'Albis fut parfaitement exécutée. Quintana et Amador étaient dans l'échappée matinale, Landa a attaqué dans l'avant dernière ascension, et a rejoint Amador qui a pu l'emmener sur plusieurs kilomètres. Valverde restait lui en dernier rideau avec les autres favoris. Mais dans la dernière ascension, alors que Landa revenait sur Quintana, celui-ci n'a pas pu l'aider. Landa a malgré tout réussi à finir 1er des leaders, en attaquant de loin et aurait pu faire sans doute mieux si Quintana l'avait aidé. La défaillance d'un coureur mais pas d'une stratégie. La Movistar (en bleu sur le schéma) était présente à tous les échelons importants de la course.

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