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L’ascension pour Vauquelin, la descente pour Arkéa-B&B Hôtels : triste contraste pour le tube du Tour de France

Alors que Vauquelin et Arkéa-B&B Hôtels font la Une des journaux grâce à un début de Tour de France exceptionnel, l’avenir ne s’annonce pas tout rose. Si le Normand devrait poursuivre son ascension vers d’autres cieux, l’équipe bretonne se dirige vers une triste fin.

Vauquelin Arkéa-B&B Hôtels

C’est le véritable tube de l’été. L’espoir. Le « coureur du peuple », lit-on même régulièrement sur les réseaux sociaux. Cet homme, c’est Kévin Vauquelin. Brillant 3e au général du Tour de France, le Normand est devenu la véritable coqueluche du public français, grâce à son naturel, son insouciance et un caractère fort, ainsi qu’à son talent. Dans le coup depuis le début, le coureur de 24 ans a montré toute l’étendue de sa palette : excellent rouleur (5e à Caen), il a su suivre les meilleurs sur les étapes accidentées et faire parler son punch plus d’une fois, lui qui sort de deux 2e places sur La Flèche Wallonne.


L’histoire est d’autant plus belle que Vauquelin court sous les couleurs d’Arkéa-B&B Hôtels, la plus petite formation du World Tour, et se retrouve au milieu de coureurs des top teams aux budgets 3 à 4 fois supérieurs, qui collectionnent les courses les plus prestigieuses. De quoi permettre la métaphore de David contre Goliath. Un feuilleton qui durera jusqu’à lundi au moins, et plus si le Normand parvient à s’accrocher sur les pentes du Mont Dore. Soit au moins 10 étapes lors desquelles la petite équipe bretonne se retrouve sur le devant de la scène. Vendredi, Vauquelin s’est retrouvé en Une de L’Equipe, de Ouest France et du Télégramme, trois quotidiens d’envergure, offrant à sa formation une visibilité quasi unique dans son histoire.


On a vu s’enchaîner les messages de fierté de la part des différents employés de l’équipe sur les réseaux sociaux, d’Emmanuel Hubert, patron-propriétaire de l’équipe, au marketing, Directeurs Sportifs ou partenaires. Une fierté que l’on peut aisément comprendre et partager compte tenu du budget (environ 17 M€) de l’équipe. Une forme d’apothéose pour la structure bretonne, créée en 2005 et reprise en 2014 par Hubert.


En Une des journaux mais sans sponsors pour 2026 : triste contraste pour Arkéa-B&B Hôtels


Pourtant, cet idylle est un trompe-l’œil. Si Vauquelin, à seulement 24 ans, est promis à un avenir radieux, ce n’est malheureusement pas le cas de sa formation. Juste avant le début du Tour, l’équipe a fait part de la volonté de ses deux sponsors-titres, Arkéa et B&B Hôtels, de cesser leur partenariat à l’issue de leur contrat, le 31 décembre prochain. Une décision attendue mais officielle juste avant la grande fête, que le manager breton doit savourer à moitié. Depuis le début de l’année, l’ancien coureur de 54 ans enchaîne les rendez-vous pour trouver de nouveaux partenaires qui lui permettraient de poursuivre l’aventure. Car rappelons-le, les équipes cyclistes dépendent à 90% des revenus de ses sponsors, et les sponsors-titres représentent la majorité de ces revenus.


Si Hubert a communiqué plusieurs fois sur des contacts avancés avec des grands groupes, il semble que l’espoir de le voir trouver des partenaires de poids ne cesse de diminuer. En cause notamment, une situation sportive délicate : actuellement 21e au classement UCI 2023-2025 avec plus de 3 000 points de retard sur la 18e place, Arkéa-B&B Hôtels devrait perdre sa licence WT en fin d’année et être reléguée en Pro Tour. Ce qui signifie plus de courses WT automatiques et une dépendance aux invitations pour participer au Tour de France notamment. Une incertitude qui glace sûrement les partenaires potentiels. Ajoutez à cela un contexte fiscal défavorable aux équipes françaises, avec des charges sociales importantes, qui doivent lever des budgets beaucoup plus importants pour exister face aux mastodontes étrangers et leurs contrats d’indépendants.


L’ascension pour Vauquelin, la descente pour Arkéa-B&B Hôtels

Enfin, et c’est sûrement le coup de grâce : comment vendre un projet à des sponsors lorsque sa principale tête d’affiche, Kévin Vauquelin, n’est pas sûre de rester ? Le Normand est en fin de contrat et selon différentes sources, il aurait déjà trouvé une nouvelle équipe pour l’an prochain avec Ineos Grenadiers. Cette top team en reconstruction, qui affiche fièrement le logo de son nouveau partenaire TotalEnergies, semble avoir retrouvé les ressources financières nécessaires pour retrouver le top niveau. Le Français pourrait trouver en Grande Bretagne un collectif puissant, ainsi qu’un encadrement, un matériel et des méthodes d’un autre standing, qui lui permettront de franchir un cap vers le gratin mondial.


Car c’est une triste réalité : pour atteindre les sommets, les coureurs doivent faire partie des meilleures formations, qui grâce à un budget nettement supérieur, offrent toutes les conditions aux coureurs pour atteindre leur plein potentiel. C’est à l’opposé du romantisme et de la belle histoire que nous offrent Vauquelin et Arkéa en ce début de juillet. Malheureusement, il ne peut en être autrement. On souhaite dans tous les cas que les Bretons se sauvent, puissent continuer d’exister, et que ce début de Tour donne envie à des sponsors de les rejoindre. Car ils incarnent ce qui nous plaît tant dans le cyclisme et le sport en général : cette image du petit poucet qui fait avec ses moyens pour lutter contre les gros. Qui parvient, en travaillant intelligemment, à faire signer un Kevin Vauquelin en 2020, à seulement 19 ans, et à le garder jusqu’en 2025 pour profiter de son évolution. Qui a su tenter des coups (Quintana, Barguil, Démare), pas toujours payants mais audacieux. Avec une identité bretonne fortement marquée. Bref, un village d’irréductible. Et on l’espère, une ténacité comparable à celles des Gaulois auxquels nous faisons allusion.

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