Hugo Hofstetter : « Je pense faire partie du top 5 du sprint français »
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Hugo Hofstetter : « Je pense faire partie du top 5 du sprint français »

Un an après son départ de Cofidis pour Israël Start Up Nation, Hugo Hotstetter démarre cette nouvelle saison avec pour objectif d’obtenir une victoire sur une classique comme le Samyn ou Kuurne-Bruxelles-Kuurne. Il s’est confié à VéloFuté dans un long entretien.


Crédits : Noa Arnon


VéloFuté : Après cette saison 2020 inédite et ce début de saison 2021 qui s’annonce indécis, comment t’es-tu préparé ?


"2020 a effectivement été très compliqué pour tout le monde. J’ai pu faire une bonne saison quand même, mais elle a été gâchée. J’ai pu disputer le Tour de France, puis je suis allé sur les classiques donc la saison a fini très tard. La remise en forme était plus simple. D’habitude c’est plus long pour reprendre du rythme après une grande coupure.


En décembre, les conditions climatiques étaient très mauvaises. On n’a pas eu de stage d’équipe avant janvier, et j’ai fait un déplacement personnel d’un mois en Espagne pour bien me lancer. Je suis en rythme, mais 2021 commence comme 2020 avec des premiers reports de courses. C’est un peu usant, on pensait avoir ces mauvais moments derrière nous, malheureusement ça recommence. C’est compliqué mentalement et en termes de gestion d’entraînement. Il faut trouver des solutions et des plans B.


Malgré ces difficultés, tu as pu définir un programme de course et des objectifs. Vas-tu t’orienter plutôt sur le sprint, ou vers les classiques ?


Cette année, j’ai voulu séparer ma préparation en deux parties. Je travaille le sprint continuellement, mais pas en spécifique pour le début d’année. Mon premier bloc d’objectifs s’articule autour de Milan-San Remo et le Tirreno-Adriatico, Gent-Wevelgem, le Tour des Flandres, Paris-Roubaix. Les sprints massifs y sont plus rares, donc j’ai voulu changer. Pour les classiques, il faut des entraînements longs et durs, pour gagner en endurance et résistance, et cela fait perdre un peu des qualités pures du sprint, notamment l’explosivité. C’est difficile de combiner les deux, donc pour la première partie de saison je vais privilégier l’endurance et la résistance. J’avais du mal à faire ça avant.


Puis en 2e partie de saison, je vais partir sur un 2e bloc en mai avec des courses qui arrivent plus souvent au sprint comme le Tour de Hongrie, le Tour de Suisse ou de Belgique. Ce sera compliqué d’obtenir une sélection pour le Tour car l’équipe s’articulera essentiellement autour de Froome, mais après il y aura la Vuelta, des courses d’un jour, et les championnats du monde où j’aimerais vraiment être sélectionné. C’est très lointain, mais c’est un gros objectif. C’est pour ça que je vais moins me consacrer au sprint.


Tu as de belles références sur les classiques, une 6e place à Kuurne, une victoire au Samyn. As-tu d’autres objectifs précis dans ce type de courses ?


Tous les ans je progresse à Kuurne, j’ai dû faire 10e, 11e puis 6e, et juste derrière je gagne le Samyn et fait des top 5 sur Paris-Nice. J’étais bien, dommage que les classiques n’aient pas suivi. Niveaux objectifs, j’aimerais gagner de nouveau le Samyn. Ce serait beau. J’aimerais gagner au moins une course par saison. Sur Paris-Roubaix j’ai déjà fini 19e… ça me donne de l’espoir de gagner une grande course, presque World Tour. Kuurne sera vraiment un gros objectif. Milan-San Remo me convient je pense, même si je ne l’ai jamais courue et qu’elle convient de mieux en mieux aux puncheur-grimpeurs. J’espère y être et en forme, il faudra être stratège pour bien gérer les entraînements et arriver en forme sur ces courses.


Tu es passé de Cofidis à Israel Start Up Nation en 2020. C’est assez rare de voir des coureurs français partir à l’étranger. Qu’est-ce qui t’a convaincu à franchir le pas ?


C’était d’abord une volonté de découvrir autre chose et de sortir de la normale. Tous les Français restent en France, je voulais faire les choses différemment, c’est dans mon état d’esprit. Je voulais vraiment quelque chose de différent, sortir de mon confort. Dans une équipe française, les ¾ des coureurs sont français, le staff aussi, tout est facilité. Ce n’est pas une décision simple à prendre. Beaucoup se sont demandé pourquoi je suis parti dans une Continentale pro. Mais je me suis beaucoup renseigné avant d’y aller, sur leur projet. Quand on voit qu’ils ont passé 3 ans en continental puis 2 ans en continental pro, j’ai senti le sérieux du projet.


Ils m’ont assuré qu’ils voulaient passer en World Tour et qu’ils faisaient tout pour y arriver. J’ai été récompensé par mon choix en quelque sorte, car ils ont tout de suite obtenu la licence pour 2020. Ce projet sortait de l’ordinaire, et même si j’ai eu des approches d’autres formations étrangères, ce projet me plaisait et m’a boosté dans l’entraînement pour gagner ma place. Ce n’est jamais facile, mais ça m’a encore plus motivé et je pense que ça ne m’a apporté que du positif. Je n’oublierai jamais Cofidis qui m’a permis de passer professionnel, mais c’était le bon moment pour changer d’équipe.


Qu’a changé l’arrivée de Christopher Froome dans l’effectif ?


L’arrivée de Froome montre que l’équipe est toujours dans la même démarche et fait ce qu’elle dit pour s’améliorer tous les ans et avoir une place de plus en plus importante dans le World Tour. Il y a évidemment un effet médiatique, mais je pense qu’il nous apportera beaucoup de positif. Ça fait progresser l’équipe, grâce à son expérience en tant que vainqueur de Grands Tours dans l’une des meilleures équipes du monde. Nous allons tous progresser. Maintenant je ne veux pas m’enflammer parce qu’il est dans notre équipe, j’ai mon travail à faire, mais je vois surtout le positif car ça apportera surtout du bon. En plus je sais que c’est une très bonne personne. Je l’avais rencontré l’an passé au Dauphiné, il avait déjà signé pour nous, on avait échangé rapidement. C’était très sympa, il est accessible et parle français, on sent que c’est quelqu’un qui, malgré son palmarès, accorde de l’importance aux autres. Certains prennent la grosse tête, lui pas du tout.


Où penses-tu te situer dans la hiérarchie du sprint français, entre Démarre, Bouhanni, Coquard ? Le championnat de France peut-il être un objectif pour toi ?


Oui, le championnat de France est un très bel objectif. En 2020 c’était compliqué d’y aller dans l’optique du Tour, je ne voulais pas prendre de risque. C’est très compliqué de faire un classement et de se situer, je n’aime pas trop ça. Mais par exemple Arnaud Démarre a un super train, il a déjà démontré toutes ses qualités de sprinteur, je pense qu’au niveau français, on ne fait pas mieux. Derrière, ça se resserre. Nacer avait aussi une belle équipe autour de lui, là je le sens en dedans par rapport au début de sa carrière, mais il reste un des meilleurs. Bryan Coquard est aussi très fort, il est le leader de son équipe. J’en oublie peut-être derrière, mais il faut faire attention aux configurations : on a beau être un super sprinteur, si on n’a pas de train et de lanceur, c’est difficile de briller. Je ne veux pas me placer. Je dirais que le trio Démarre, Bouhanni, Coquard est vraiment devant, après il y a plusieurs sprinteurs au même niveau.


Et tu penses faire partie de ceux-là ? Tu as quand même de belles références, notamment sur le Tour avec une 4e place à Sisteron, une 7e à Lavaur, une 8e à Poitiers, face aux top sprinteurs. On pense que tu fais partie des 5 meilleurs français, non ?


Même au Samyn, c’est une belle victoire de sprinteur-puncheur. C’est vrai que je pense faire partie du top 5, en toute honnêteté. Je pense même que je ne suis pas loin du top 3, car j’ai battu Bryan sur certaines étapes du Tour, j’ai fait de vrais progrès. Mais je n’ai pas d’équipe vraiment axée autour de moi, donc ce ne sera pas ma priorité cette année. Je vais privilégier mes qualités de puncheur, mais ça n’enlèvera pas toutes mes qualités de sprinteur."

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