Culminant à 2107 mètres d’altitude, Troumouse est une de ces ascensions dont seules les Pyrénées ont le secret. Un secret bien gardé, tout aussi majestueux que spectaculaire. Situé à la frontière entre le département des Hautes-Pyrénées et l’Espagne, ce cirque glaciaire vous offre un panorama à couper le souffle sur une pléiade de sommets qui s’élèvent à plus de 3000m. Mais pour dompter le voisin du plus connu col de Tentes, il vous faudra jouer du dérailleur. Vélofuté, par l'intermédiaire de Brice, vous fait partir à la découverte de ce col aussi difficile que sublime.
Niché à l’est du célèbre cirque de Gavarnie, Troumouse surplombe la vallée du Héas, à quelques kilomètres de Luz-Saint-Sauveur. Classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, au même titre que Gavarnie et Estaubé, il est d’ailleurs l’un des plus grands cirques d’Europe avec ses 4 kilomètres de diamètre. Malgré son altitude, cette longue ascension reste encore tapie dans l’ombre d’autres cols mythiques qui l’entourent, comme le Tourmalet, Luz Ardiden ou encore Hautacam. Pour le plus grand bonheur des cyclo, tant elle reste préservée de l’empreinte humaine.
Une ascension exigeante, irrégulière mais ô combien sauvage
Pour affronter cet autre géant des Pyrénées, le quatrième avec ses 2107 mètres, une bonne mise en jambe est nécessaire au départ de Luz-Saint-Sauveur, par la route de Gavarnie. Une première partie loin d’être vraiment difficile mais qui vous donnera une première indication sur votre forme du jour, avec une dizaine de kilomètres qui ne dépassent certes pas les 5% pour vous mener jusqu’à Gèdre, mais tout de même déjà bien usants.
Après un petit arrêt dans le centre du village pour remplir vos bidons (vous en aurez bien besoin), deux premiers lacets se présentent avant de bifurquer sur la gauche, direction Héas. C’est à ce moment précis que vous allez devoir vous mettre dans une bonne configuration mentale, car point de panneau pour vous indiquer le nombre de kilomètres à parcourir et leur pourcentage moyen, comme il est de coutume dans ce paradis (ou enfer) du cyclisme. C’est parti pour 17 kilomètres d’ascension à 6,4% de moyenne !
Malgré un pied roulant, la route qui sépare l'ascension du col de Tentes ne vous fait aucun cadeau, avec des premiers kilomètres assez raides qui avoisinent les 9%, et où le bitume ne vous offre pas un rendement optimal. Le besoin d’ombre se fait assez rapidement sentir. Après ce premier “coup de cul”, une route sillonne la forêt en remontant le gave du Héas, donnant la possibilité de remettre un peu de braquet pour les plus aguerris, ou de vous refaire la cerise si vous ne digérez pas très bien la mise en bouche. Après cette petite période de récupération se dresse un nouveau kilomètre difficile à plus de 10%, sans doute le plus difficile de l’ascension, qui vous mène jusqu’à l’intersection qui permet de rejoindre le barrage des Gloriettes, situé deux kilomètres plus loin. Un petit détour que nous vous conseillons de réaliser après la descente, histoire de garder quelques cartouches tant ces deux kilomètres oscillant entre 8 et 11% sont exigeants.
Une fois passée l’intersection, une nouvelle portion moins difficile de deux kilomètres vous conduit jusqu’au petit hameau d’Héas, où se dévoilent les premiers secrets du cirque de Troumouse, comme le Pic de la Munia et ses 3133 mètres. Démarre ici le début d’une nouvelle ascension, à 7 kilomètres du sommet. Au diable la souffrance, les 10 premiers kilomètres ne vous paraissent alors qu’un lointain souvenir tant la beauté pyrénéenne se livre à vous sous son plus beau jour verdoyant. Le silence règne, même le souffle de notre respiration sait se faire discret pour laisser s’exprimer une nature intacte.
La pente se redresse sérieusement entre 7 et 10% et le péage marque le début d’un spectacle minéral sans égal. La forêt se retire pour laisser place à un décor de haute-montagne. Les premiers lacets font leur apparition pour vous guider jusqu’à l’auberge du Maillet, située à 3 kilomètres du sommet (1805m).
Un chemin de chèvre de 3 kilomètres se dresse sur cette dernière partie de la montée, où les nombreux lacets vous feront oublier les 9-10% de moyenne pour atteindre un dénivelé de 300 mètres. Au milieu des brebis et moutons en liberté, isolé de toute circulation automobile hormis un petit train touristique, ces dernières minutes d’ascension ne sont que bonheur ultime. Vous pourrez même y croiser quelques marmottes si vous vous y prenez de bonne heure.
Ces derniers kilomètres à pan de falaise offrent enfin un peu d’ombre bienvenue sous la chaleur estivale. Les pourcentages peuvent parfois atteindre les 12 voire 13% pour franchir la barrière des 2000 mètres d’altitude dans un panorama hors du commun, entre cascades, pâturages, barres rocheuses, petits lacs et sommets du cirque voisin de Gavarnie.
Avec pas moins de 32 lacets comptabilisés sur les 7 derniers kilomètres, Troumouse est une ascension unique où le plaisir prend aisément le pas sur l'exigence de la pente. Cette ascension est assurément plus difficile que le col des Tentes, autre incontournable de la région, car moins régulière.
Une fois au sommet, difficile de quitter ce plateau qui révèle toute la beauté de ce coin des Pyrénées centrales. Un moment fort et inoubliable pour tout cyclo qui s’aventurera à la conquête de ce col, un des plus beaux de France à n’en pas douter, avant de s’arrêter pour déguster une bonne truite des Pyrénées et de redescendre dans la vallée. Néanmoins, attention à la descente où le contraste entre ombre et soleil peut vous faire oublier les brebis en quête de frais, parfois jusqu’au milieu de la route. Avec un indice de 307, il fait parti des cols HC de notre classement.
Par Brice IVANOVIC @BriceIvanovic - Twitter
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