Directeur de la classique CIC Mont Ventoux, Nicolas Garcera est fier du développement de sa course, désormais ProSéries pour sa 5e édition seulement. Il revient pour Vélofuté sur son positionnement dans le calendrier et déplore de ne pas pouvoir obtenir le statut World Tour tant espéré.
Êtes-vous prêt, à quelques jours de l’événement (l’entretien a été réalisé à 10 jours du départ, ndlr) ?
Non (rires). On ne peut pas être prêt deux semaines plus tôt. On a un déroulé des choses à faire, il y en a qu’on peut faire avant, d’autres non. Comme le protocolaire, les accréditations, la préparation des télés, etc. Pour la startlist, on connaît les équipes mais pour les coureurs on le sait un peu au dernier moment. On n’est pas en retard, mais si les coureurs arrivaient demain, on ne serait pas prêt (rires).
Justement, qu’en est-il de la startlist ?
On a des noms assez sympas mais sur la liste des remplaçants. C’est une particularité de notre course, due à son positionnement dans le calendrier : la participation de certains coureurs dépend de leur Dauphiné. S’il ya 5 jours de pluie avec de l’orage, de la grêle et qu’ils sortent complètement rôtis, ils font l’impasse sur notre course. L’an passé par exemple, les trois premiers de notre course étaient dans le top 10 du Critérium. Mais il y avait eu de supers conditions. On a toujours pas mal de changements en fonction des courses qui vont se dérouler d’ici à la nôtre.
Vous avez effectivement une place privilégiée dans le calendrier, entre deux des plus grands événements cyclistes en France avec le Dauphiné et le Tour. Cette situation vous plaît-elle ?
C’est une date choisie par élimination. Pour une course d’un jour, on se doit d’avoir une proximité géographique avec d’autres événements. Car c’est très compliqué pour les équipes de déplacer non seulement les coureurs, mais aussi le staff, qui a besoin de jours de repos. Ensuite, on doit avoir la disponibilité du Mont Ventoux. On ne peut donc rien organiser jusqu’à mi-mai, car la route est encore fermée, parfois il y a même de la neige. Après, le 20 mai, il y a un calendrier de course super dense, avec notamment le Giro, donc pour les télés ce n’est pas pratique. De la même manière, on ne peut pas se faire en même temps que Roland Garros, car on ne serait pas sûr d’être diffusé. Donc le mois de mai, ce n’est pas possible. En juin, on ne peut pas se faire pendant le Dauphiné. On pourrait être avant, comme le Mercan’Tour, mais on n’aurait pas de proximité géographique avec un autre événement. Là, on se trouve deux jours après le Dauphiné, avec un jour de repos, et juste avant la Route d’Occitanie qui se court le jeudi. Malgré ça, on a quand même une grande concurrence internationale avec le Tour de Suisse, le Tour de Belgique qui s’élance le lendemain, et le Tour de Slovénie, qui démarre aussi juste après. Donc c’est une période tendue, mais après on enchaine les championnats de France, le Tour, puis un mois d’août qui sert de repos avant la Vuelta et les semi-classiques réputées pour préparer le Lombardie. On aimerait bien être dans une période où on est seul pour attirer un gros plateau, mais la réalité, c’est que seules les courses World Tour amènent tout le monde.
A ce sujet, en février 2022, vous avez posé votre candidature pour devenir une course World Tour. Où en est cette candidature ?
Malheureusement, ce n’est plus possible. On voulait être WT dès cette année, car on avait un partenaire qui nous suivait uniquement si on obtenait ce statut. Mais la politique de l’UCI est d’aller à l’international. Donc ils ne veulent pas rajouter de jours de course WT en France. Même si j’ai un budget d’1 M€ demain, je ne peux pas avoir ce statut. Tout est verrouillé pour nous, même si on remplit toutes les conditions. En plus, avec la réforme de 2026, l’UCI ne veut plus que deux courses WT se chevauchent, donc le Dauphiné et le Tour de Suisse, le Tirreno et Paris-Nice ne pourront plus être en même temps. On va allonger le calendrier WT, et ce sera encore plus compliqué d’exister pour les petites courses. Le petit qui monte ne peut donc plus monter, et c’est une grande frustration pour nous.
On le comprend, surtout que vous avez un super terrain. Le parcours 2023 est-il le même qu’en 2022 ?
Ce sera le même parcours, avec une double ascension pour se préparer au Tour, avec deux longs cols de plus d’une heure. On ne fait pas deux fois du côté de Bédoin, car ce serait trop dur. On commence côté Sault car c’est un col comme un autre, pas très dur, mais cela permet d’habituer les organismes aux longues ascensions (24,3 km à 5% de moyenne), car les coureurs n’en ont pas trop l’occasion autrement. Et on termine par l’ascension par Bédoin, beaucoup plus dure (21 km à 8,7% de moyenne).
Selon vous, le CIC Mont Ventoux se doit d’arriver au sommet, ou avez-vous considéré l’idée d’une arrivée en descente ou dans la plaine ?
On n’est pas fermé, mais ce qui fait que les gens allument leur télé, c’est cette arrivée en haut du Ventoux. En plus, les grimpeurs n’ont pas tant d’occasions que ça. Il vaut mieux être puncheur, sprinteur voire baroudeur que grimpeur lorsque l’on est coureur professionnel. Sur les Grands Tours, les arrivées au sommet sont trustées par les favoris. Donc finalement, un grimpeur qui n’est pas un coureur de classement général a rarement l’occasion de lever les bras. Je pense que maintenir une classique pour grimpeurs avec une arrivée au sommet, c’est important. Cela manque pour des palmarès. On a envie de rester dessus.
Vous avez un positionnement assez unique, avec une classique pour grimpeurs dans un cadre exceptionnel.
Gagner au Mont-Ventoux, c’est quand même énorme dans un palmarès. En plus, on accueille des coureurs qui ne font pas forcément le Tour de France, donc même pour eux, monter le Ventoux c’est un accomplissement. Même si nous ne sommes pas une grosse course, on est fier de proposer ça aux coureurs.
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