Si le scénario semblait déjà écrit avant même le départ, la domination de Tadej Pogacar a été encore plus impressionnante que prévu. Et malheureusement, le suspense n'a pas duré longtemps dans les autres classement annexes où Jonathan Milan a vite plié l'affaire du maillot cyclamen. Voici notre bilan de ce Giro 2024.
Entre une organisation une nouvelle fois aux fraises, un suspense inexistant et des déceptions, le Giro d'Italia 2024 n'a pas offert sa meilleure cuvée. Heureusement, certaines performances intéressantes sont venues nous stimuler et nous sortir de l'ennui.
Un Giro 2024 sans suspense :
Avec six victoires, Tadej Pogacar a écrasé ce Giro 2024. Même si c'était attendu, nous n'imaginions pas un tel écart de performance entre lui et les autres. Nous avions parfois le sentiment de le voir courir avec des juniors tant il était au dessus de la meute. On a même eu le sentiment qu'il s'était retenu d'en gagner certaines comme au Passo del Brocon. Le Slovène a plié la course dès le chrono, portant son avance à quasi trois minutes avant même la fin de la première semaine. Au final, il termine avec 10 minutes d'avance sur son dauphin, sans avoir vraiment forcé. La dernière fois qu'on avait eu un tel écart, c'était en 2006 avec Ivan Basso, là encore sur le Tour d'Italie.
Du côté des maillots annexes, Jonathan Milan a lui attendu la 2e semaine pour annihiler le suspense. La première semaine nous a tout de même offert trois vainqueurs différents en trois sprints, un bon point, mais la régularité de Milan face à l'abandon de Kooij et l'irrégularité de Merlier ou Groves n'a pas permis de pousser le mystère plus loin. Milan s'empare de son 2e maillot Cyclamen en 2 deux ans et repart avec trois étapes dans les bagages. Et quand ce n’était pas Milan,c’était Merlier, avec 3 victoires aussi. Les autres n’ont pas existé.
Enfin, le maillot de la montagne n'a jamais changé d'épaule de tout le Giro, la faute à un parcours sans panache, avec trop d'arrivées au sommet et un parcours trop simple. Certaines bonnes surprises comme Giulio Pellizzari ou Georg Steinhauser ont bien essayé de se battre dans ce classement, sans succès. Finalement, le classement le plus passionnant a été celui de l'intergiro, pourtant le plus secondaire.
Des leaders en-dessous :
Si Pogacar a été aussi écrasant, c'est aussi parce que la concurrence a été encore plus en dessous que prévu. Thomas n'a jamais atteint son niveau de l'an dernier, même lors des chronos où l'on espérait le voir au contact du champion slovène. Il ne sera même jamais passé à l'attaque. D'ailleurs, quasi personne n'a attaqué sur ce Giro à part Romain Bardet. Ben O'Connor a été très en-dessous en 3e semaine alors qu'il avait montré un potentiel intéressant lors de l'étape d'Oropa. Romain Bardet, malade en début de Giro, n'a jamais réussi à se refaire, la faute à des lendemains de repos très compliqués encore une fois. Et la perte de Cian Uijtdebroeks a fait mal au suspense du maillot blanc, même si Arensman nous a fait espérer lors de l'étape reine de Livigno.
Des surprises qui donnent tout de même le sourire :
Côté Français, ce Giro aura quand même permis d'esquisser quelques sourires. Valentin Paret Peintre a montré un niveau incroyable en montagne, lui permettant même de battre Bardet lors de la 10e étape. Capable d'accompagner Ben O'Connor voire d'être plus fort en dernière semaine, il signe donc un Tour d'Italie XXL et on espère le voir très vite viser le maillot à pois du Tour de France. Evidemment, l'autre satisfaction est celle de voir un Julian Alaphilippe de retour à un bon niveau. Vainqueur d'une étape après une échappée mémorable au côté de Maestri, le coureur de la Soudal-Quick Step est rentré dans le cercle des vainqueurs sur les trois Grand Tour. On rajoutera Sandro Tonelli, vainqueur de l'intergiro ! Une récompense bien méritée tant il a été à l'avant durant l'ensemble des trois semaines.
Du côté des leaders, la grosse surprise fut pour nous Daniel Felipe Martinez, qu'on n’attendait plus à pareille fête sur ce Giro, après avoir déçu durant plusieurs saisons. On ne l'imaginait pas tenir sur la durée mais il a pourtant été le plus fort et régulier derrière Pogi en montagne. Antonio Tiberi sera lui la satisfaction numéro un des tifosis en démontrant sa capacité à tenir sur trois semaines et à entrer dans le top 5 d'un GT à 22 ans seulement.
Au global, ce Tour d'Italie a révélé de nombreux talents italiens comme Pellizzari, très actif, 2e d'une étape et auteur d'une course exceptionnelle au Monte Grappa, comme Piganzoli, dans le top 15 après avoir été très régulier durant toute la course ou encore Filippo Zana et Lorenzo Fortunato, respectivement 11 et 12e. Et ça sans compter Jonathan Milan, 23 ans, triple vainqueur d'étapes. L'avenir semble tout de même s'éclaircir côté transalpin.
On peut rajouter évidemment tous les baroudeurs vainqueurs d'étape comme Narvaez qui ont réussi leur Giro. Mention spéciale à Simon Geschke, dont c'était le dernier Giro puisqu'il partira à la retraite à la fin de saison. Il termine dans le top15, sa meilleure place en carrière en GT.
Un parcours décevant : 9/20
On trouvait le parcours facile au départ, loin des références habituelles du Giro, et mal tracé sur le papier. Dans les faits, le parcours de ce Giro 2024 l'a aussi été. Des étapes de montagne sans possibilité d'attaquer de loin. Des cols roulants, excepté le Monte Grappa. Peu de cols illustres, le Stelvio ayant été annulé et une absence d'excitation. 1/10
En note positive, on note tout de même des étapes de plaine très bien tracées, avec des difficultés en fin pour ajouter du suspense et des débuts d'étape en col qui ont pu rendre certains débuts d'étape intéressants. 8/10
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