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Benjamin Thomas - Cofidis : "Je vise une victoire d'étape sur le Tour de France 2026"

En stage en Espagne avec son équipe pour préparer la saison 2026, Benjamin s'est livré à Vélofuté pour un entretien exclusif dans lequel il revient sur la saison 2025 délicate de Cofidis et la descente en Pro Team, le nouveau management et son approche ainsi que les progrès matériels que semblent avoir fait l'équipe. Entretien.


Benjamin Thomas - Cofidis : "Je vise une victoire d'étape sur le Tour de France 2026"

Benjamin Thomas - Cofidis : "Je vise une victoire d'étape sur le Tour de France 2026"

Evidemment, on va aussi parler de ses ambitions et objectifs, notamment de sa participation au Tour de France 2026 mais aussi son changement de profil depuis quelques années.


Pour entrer directement dans le vif du sujet : ta saison 2025 a été globalement bonne, avec de belles performances, mais paradoxalement sans victoire. Comment analyses-tu cette saison ?

Il y a clairement des motifs de satisfaction : des podiums, des top 10, de bonnes performances. Mais il a manqué la victoire, c’est vrai. Avec le recul, je pense aussi que j’ai peut-être trop couru. J’ai disputé environ 86 jours de course, ce qui fait de moi l’un des cinq coureurs du peloton ayant le plus couru cette saison.

Aujourd’hui, dans le cyclisme moderne, c’est très difficile de performer quand on court autant. Sur la deuxième partie de saison, après le Tour de France, j’ai eu beaucoup de mal à me remettre en route. C’est sans doute ce qui m’a manqué pour aller chercher un succès en fin d’année : un manque de fraîcheur. C'est ce qu'on va essayer de changer un peu en 2026.


La deuxième place derrière Del Toro à Sabatini, par exemple, c’était presque une petite victoire pour moi. Le podium à Cholet aussi, en Coupe de France. Ce sont des performances que j’aimerais reproduire en 2026, en gagnant une manche et en essayant de lever les bras.


Cette pression du calendrier était aussi liée à la situation de l’équipe et à la lutte pour le maintien. C’était la contrainte numéro un ?

Oui, clairement. En plus, on n’a pas d’équipe de développement, contrairement à des formations comme Groupama ou Décathlon. Elles peuvent se permettre, sur des Coupes de France ou des courses françaises, de faire tourner, d’aligner des jeunes et d’utiliser moins de coureurs WorldTour. Ça leur permet d’économiser leurs leaders et d’être plus performants ensuite sur les courses WorldTour. Nous, on était vraiment en flux tendu toute la saison. En début de saison, ça n’a pas trop mal marché, avec des victoires qui s’enchaînaient. Mais si on regarde la dynamique de l’équipe, au moment où les cadres importants auraient eu besoin de souffler, on les envoyait encore courir, parce qu’on était obligés. On avait le Giro, la Romandie, le Tour de Suisse. Et c’est à ce moment-là qu’on a commencé à enchaîner les mauvaises performances, avec une condition qui descend. Normalement, tu es censé couper en avril ou en mai pour préparer le Tour de France. Là, tu te retrouves à courir sans arrêt, et après, tu ne peux pas être en forme. On n’est pas des robots.

À 86 jours de course, parmi les grands coureurs, il n’y en a aucun !

Quand tu regardes les saisons des grands champions, ils ont des périodes où tu ne les vois pas pendant un mois et demi. Ils se reposent, ils se préparent. Quand tu cours tous les dimanches, ça ne marche pas comme ça. Un coureur comme Van der Poel ne dépasse pas les 50 jours de course, et il arrive à être en forme tout le temps.

À 86 jours de course, parmi les grands coureurs, il n’y en a quasiment aucun. C’est du déplacement, de la fatigue, et au final, tu régresses. Ce n’est plus le cyclisme d’il y a dix ans, où courir beaucoup faisait du bien. Aujourd’hui, les courses françaises laissent plus de fatigue qu’avant. Il faut en tenir compte.


Alors évidemment, le problème cette année, ça a été la descente en pro-team. Comment vous l'avez vécu dans l'équipe ? Est-ce que c'était vu comme un échec ou finalement une opportunité de se relancer à un échelon inférieur comme l'a fait l'auto ?

Plutôt la deuxième option globalement. Pour certains, ça a été vécu comme un échec, et c’est compréhensible. Sur le papier, c’est une descente. Mais on essaie vraiment de le voir comme une opportunité, une seconde chance de repartir sur un projet différent. L’exemple de Lotto est bon. Ils ont réussi en trois ans à reconstruire l’équipe, à repartir sur une nouvelle base avec des jeunes et de vrais leaders. C’est un peu ce que Cofidis va essayer de faire sur les prochaines saisons, avec un calendrier beaucoup plus ciblé et une meilleure préparation des objectifs importants.


Benjamin thomas au côté de Del Toro
Benjamin Thomas au côté de Del Toro sur la Coppa Sabatini

Le départ de Cédric Vasseur a beaucoup fait parler. Comment as-tu vécu cette période ?

Je n’ai pas envie d’en rajouter sur tout ce qui a pu être dit. Je n’aime pas trop rentrer dans ces histoires-là.

Quand je suis arrivé chez Cofidis, Cédric m’a fait confiance dès le début. C’est Cofidis qui est venu me chercher chez Groupama-FDJ. Ce n’est pas moi qui avais demandé à partir. Quand je regarde mes quatre années chez Cofidis, j’ai quand même rempli des objectifs importants dans ma carrière. Et c’est aussi Cédric qui a voulu me conserver sur les deux prochaines saisons.

On avait une relation de confiance. Après, le rôle de manager est compliqué. Il y avait énormément de pression. On est arrivé au bout d’un cycle. À un moment donné, dans chaque équipe, il faut du changement. Les décisions sont prises au-dessus de nous, et nous, on en prend acte.


Tu as prolongé alors que l’équipe traversait une période difficile. Par loyauté ou par conviction ?

Par conviction. J’avais des équipes intéressées, même à l’étranger, mais j’ai préféré rester pour le projet. J’avais le sentiment que ce n’était pas terminé, que je pouvais encore apporter à l’équipe. Aujourd’hui, en décembre 2025, je suis vraiment confiant du choix que j’ai fait et très content d’avoir prolongé deux ans de plus.

Quand tu cumules tout, on est sur une amélioration estimée entre 4 et 6 %. C’est énorme.

Avec le nouveau management, sens-tu une évolution dans l’approche de la performance ?

Oui, clairement. Il y a beaucoup de changements dans l’organisation. On a un nouveau management, trois nouveaux directeurs sportifs. Il y a beaucoup de choses qui vont changer dans le fonctionnement de l'équipe. Raphaël amène un fonctionnement un peu différent.


A quel niveau ?

Par exemple, j’ai passé les trois derniers mois à la piste et en soufflerie, avec énormément de tests sur le matériel : casques, combinaisons, roues, cadres.

Ces deux dernières années, chez Cofidis, on était peut-être moins dans cette recherche-là. Pas par manque de professionnalisme, mais moins dans la quête permanente du gain. En trois mois, on a fait des avancées importantes. On s’est rendu compte qu’il y avait une marge énorme à aller chercher sur le matériel, parfois plus que sur l’entraînement pur. Quand tu cumules tout, on est sur une amélioration estimée entre 4 et 6 %. C’est énorme. On ne sait pas exactement ce que fait la concurrence, mais on peut espérer revenir davantage sur le devant de la scène. Chez Cofidis, ces deux dernières années, on avait tendance à être moins dans cette recherche.


Penses-tu que cela aurait changé quelque chose si ces changements avaient eu lieu fin 2024 ?

Je ne sais pas. Est-ce que, l’an dernier, on avait les ressources et les connaissances nécessaires pour mettre en place de nouveaux développements avec nos sponsors techniques ? Peut-être que ce n’était tout simplement pas disponible à ce moment-là. Ce sont des choses assez nouvelles.

C’est parfois une question de timing. Ça évolue en permanence. Le vélo va de plus en plus vite. Il y a des changements en un an qui sont fous. Chaque année, ça va plus vite. Il y a trois ou quatre ans, je me disais qu’il n’était plus possible de faire des vélos plus aérodynamiques. Et pourtant, chaque année, on arrive encore à grappiller 5 ou 6 watts ici, 5 ou 6 watts sur les combinaisons, 3 ou 4 watts sur les tubeless ou les casques. C’est fou.

Au final, on va toujours plus vite en mettant toujours moins de watts. On a moins de budget qu’une équipe comme Décathlon, mais on essaie malgré tout de pousser autant que possible l’innovation et la recherche du meilleur matériel.


Concernant tes objectifs personnels en 2026, que vises-tu ? Où vas-tu reprendre la compétition ?

Mon objectif principal sera le Tour de France. Je veux faire un bon début de saison pour montrer que j’ai ma place, puis préparer le Tour au mieux. Si je peux tenter ma chance sur certaines étapes, ce serait super.



Gagner une étape sur le Tour après le Giro serait l’objectif suprême de ma carrière sur route.

Concernant ma reprise, je ne serai pas à Bessèges cette année, car je vais participer aux championnats d’Europe sur piste du 1er au 5 février.

J'avais atteint mon plafond de verre en chrono

Avant, tu étais surtout reconnu comme un excellent rouleur. Depuis quelque temps, on a le sentiment que tu deviens de plus en plus polyvalent. Est-ce un changement volontaire ou une évolution naturelle ?

Oui, c’est vrai que j’ai un peu changé mon profil. Je pense que, sur les contre-la-montre, lorsque je suis allé chercher les titres de champion de France, c’était à peu près le maximum que je pouvais faire. Je sentais que je pouvais viser des top 10 en WorldTour, voire un top 10 sur un chrono en Grand Tour, mais pas beaucoup mieux. Je ne pouvais pas forcément aller chercher des titres plus élevés quand on voit les moteurs actuels, qui sont clairement un cran au-dessus. J’avais atteint mon plafond de verre.Du coup, j’ai essayé de faire évoluer mon profil : mieux passer les bosses, tenter davantage de choses à l’échappée, en mettant mes qualités de rouleur à contribution.

Je passe aussi de mieux en mieux les bosses, notamment les bosses courtes et punchy. Sur des efforts d’une, deux ou trois minutes, j’arrive à tenir le niveau en WorldTour. Le but est de jouer sur ces qualités-là.Malgré tout, je n’ai pas abandonné le chrono, j’en fais toujours, et j’essaie aussi d’améliorer ma vitesse de pointe.


Ta meilleure saison reste 2022, lors de ton arrivée chez Cofidis. Qu’est-ce qui te manque selon toi pour revenir à ce niveau ? Est-ce lié à des hauts et des bas, ou simplement au fait que parfois ça marche moins bien ?

Je dirais plutôt la dernière option. Parfois, ça se joue à pas grand-chose.

C’est aussi beaucoup une question de confiance. En 2022, j’avais gagné dès ma deuxième course à Bessèges. Tout s’était très bien passé. Derrière, j’avais toute la confiance de l’équipe, et aussi beaucoup de confiance en moi. J’ai ensuite enchaîné les bons résultats, avec énormément de top 10.

Je courais beaucoup plus libéré, sans pression. Je me sentais vraiment bien. Je me plaçais mieux. Ce sont des petits détails, mais qui font la différence. Tu te places mieux, tu cours vraiment pour gagner, tu ne fais pas d’efforts inutiles.C’était surtout une question de ça. Et malgré tout, j’ai progressé par rapport à il y a trois ans.


Tu avais aussi beaucoup de jours de course cette année-là (80).

Oui, et c’est une donnée importante, car l’année suivante a été très compliquée. C’est une conséquence directe de ma saison 2022, très longue, où je suis allé puiser très profondément. Je l’ai payé ensuite.

Cette expérience m’a servi de leçon, et je vais m’en servir pour 2026, après une année 2025 elle aussi très longue. Mon calendrier devrait être un peu plus léger en début de saison, notamment en janvier-février, afin d’arriver en forme et prêt pour la deuxième partie de saison et le Tour de France.


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