Marc Madiot, au micro de la RTBF, a expliqué que "le cyclisme ressemblait de plus en plus au football", suite à la rupture de contrat en cours entre Maxim Van Gils et l'équipe Lotto. Cette affirmation est-elle vraie ? On a étudié la question.
Depuis maintenant quelques saisons, les ruptures de contrats s'enchainent. En 2023, celle de Cian Uitjdebroeks avait fait grand bruit après sa rupture chez Bora hansgrohe pour rejoindre Visma Lease a Bike, alors qu'il lui restait plusieurs années de contrat. En 2024, c'est au tour de Maxim Van Gils d'effectuer la même opération, cette fois-ci au profit probabable de l'équipe allemande, même si Astana reste dans la course. Pourquoi ces opérations ont lieu, et le cyclisme ressemble-t-il de plus en plus au foot comme le dénonce Marc Madiot ?
Pourquoi Van Gils et les autres romptent leurs contrats ?
A la différence du football, il n'y a pas de transferts en cyclisme. Les coureurs engagés dans un contrat sont donc obligés de respecter leur contrat avant de pouvoir quitter une équipe. On peut y voir évidemment des inconvénients, notamment lorsque l'on est dans une petite équipe, qu'on souhaite progresser et que votre formation actuelle est devenue trop petite pour vous. On peut aussi avoir un conflit ou des désaccords avec l'équipe et être malgré tout contraint de rester. De ce point de vue, un transfert pourrait être considéré comme une bonne chose et le modèle du football, qui est différent, permettrait ce genre d'action.
Le problème de l'affaire Van Gils, c'est qu'il venait de prolonger, avec un salaire plus en accord avec son niveau de 2024. Et donc qu'en soit, il n'était pas désavantagé. C'était son choix il y a seulement quelques mois. Qu'est ce qui a changé ? Des promesses sur un salaire exorbitant par l'agent Alex Carrera, déjà responsable du départ de Cian Uijtdebroeks. Les valeurs du sport sont bafouées et il serait important pour l'UCI de vite réguler ce genre de mouvement par des règles strictes. Mais alors, est-ce que cela rend le cyclisme de plus en plus proche du football ?
Le cyclisme ressemble-t-il de plus en plus au football ? Notre avis
La réponse est NON. Déjà parce que les ruptures de contrat sont rares dans le foot, et ont lieu lorsque le joueur est en difficulté et ne joue plus alors qu'en cyclisme, ce sont deux coureurs à fort potentiel et très demandé sur le marché. Dès cas très différents donc où les sportifs ne sont pas du tout dans la même situation. C'est même souvent le club qui souhaite le départ du joueur et pas l'inverse. De plus, lorsqu'un footballeur est sous contrat, c'est son équipe qui décide de le vendre, parfois à prix d'or. Il y a donc une récompense pour le club vendeur, ce qui n'est pas absolument pas le cas de l'équipe Lotto, qui perd Van Gils et est grandement fragilisé sportivement suite à ce départ. Donc dans la pratique, l'affirmation avancée par Marc Madiot est fausse.
De plus, en terme de valeur, le coureur est maître de son choix en romptant son contrat alors qu'en foot, il subit plus la situation et est parfois vu comme une simple marchandise. Donc là encore, rien à voir en terme de valeur. Finalement, le foot protège surtout les clubs avec les transferts alors que le cyclisme défend d'avantage les coureurs et pas les équipes. Alors est-ce une mauvaise chose ? Si l'on considère que oui, il faudrait dans ce cas autoriser les transferts avec indemnité dans le cyclisme. Mais cela favoriserait sans doute encore plus les équipes aux plus grands budgets tandis que les équipes plus modestes perdraient encore plus rapidement leurs meilleurs éléments. Une idée que nous n'aimons pas particulièrement.
Par contre, la où le cyclisme se rapproche du foot, c'est au niveau de l'influence des agents. Car plus il y a d'argent en jeu, plus il y a de personnes qui tournent autour pour profiter du talent des autres. Et comme le cyclisme prend de plus en plus de valeur, que les salaires montent, les agences d'agents de coureurs viennent essayer de profiter pour que l'or coule à flot. L'argent au profit des valeurs et du bien être du coureur. En cela, c'est une mauvaise nouvelle.
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