Le parcours de la Vuelta 2025 🇪🇸 vraiment dans l'excès de montagne ? Analyse !
- Titouan Lallemand
- il y a 1 jour
- 4 min de lecture
Le parcours de la Vuelta 2025 a déçu de nombreux suiveurs, notamment à cause de la répétitivité des profils proposés. Avec 11 arrivées au sommet, le Tour d'Espagne semble encore plus montagneux qu'à l'accoutumée. A l'excès ? C'est ce qu'on va tenter d'analyser dans cet article autour du parcours du Tour d'Espagne 2025.

Si l’on se fait beaucoup d’idées et d’inquiétudes sur le parcours de la Vuelta 2025, on a tendance à oublier les dernières éditions. Surtout, on se rend compte que le changement a eu lieu il y a déjà bien longtemps et que l’on n’est que dans la continuité de ce qui se fait depuis plusieurs saisons maintenant. Analyse.
Un record d'arrivée au sommet sur la Vuelta 2025 ?
À l’annonce du parcours de la Vuelta, beaucoup ont été choqués, à juste titre, par l’accumulation d’arrivées au sommet. En 2025, le tracé du Tour d’Espagne propose 11 arrivées en altitude, dont 9 que l’on peut classer en étapes de montagne. Neuf étapes de montagne : c’est tout simplement un record au XXIe siècle. Jusqu’ici, nous avions eu droit à 8 étapes de ce type lors de plusieurs éditions, mais jamais 9.
Attention toutefois : on ne parle pas d’étapes de montagne à la manière du Tour de France. Sur la Vuelta, et c’est souvent le cas, cela peut se résumer à une montée sèche de 6 ou 7 km, mais qui permettra malgré tout aux leaders de se disputer la victoire.

La réalité, c’est surtout qu’en imaginant la présence de Pogacar, on s’était rapidement figuré une razzia du Slovène. Finalement absent, on se rend compte que, s’il y a effectivement beaucoup d’arrivées au sommet, il n’y a pas pour autant tant d’étapes de montagne que cela.
Le parcours de la Vuelta 2025 vraiment dans excès de montagne ?
En termes de quantité, oui : il y en a beaucoup, une de plus qu’en 2023 par exemple. Mais ce n’est pas non plus si terrifiant.

On constate finalement qu’il n’y a aucune étape de montagne « XXL », et que celle présentant le plus de dénivelé est la 20ᵉ, avec une arrivée au Bola del Mundo et ses 4 106 mètres de dénivelé positif. C’est nettement moins que les 5 000 mètres proposés sur certaines étapes du Tour de France. D’ailleurs, malgré un nombre record d’arrivées au sommet, cette 80ᵉ édition de la Vuelta ne bat pas son propre record en la matière : selon PCS, le total s’élèvera à 54 448 mètres de dénivelé positif en 2025, contre 59 934 en 2024.

En 2024, la 20ᵉ étape proposait près de 5 000 mètres de dénivelé, et en 2023, l’étape du Tourmalet atteignait 4 200 mètres en seulement 134 km, un record en termes de dénivelé au kilomètre (hors chronos). On n’a donc pas forcément un excès de montagne en 2025 ; en revanche, il est possible que les profils soient trop similaires pour rendre la course véritablement variée.
Y a t-il une différence de variété sur les profils ?
L’édition 2025 semble, au premier abord, souffrir d’un manque de variété. Sur les 11 arrivées au sommet, une seule est vraiment destinée aux puncheurs — et encore : avec ses faibles pourcentages, elle pourrait même convenir à un coureur comme Mads Pedersen. Dans les années 2010-2015, on retrouvait un plus grand nombre d’étapes punchy, idéales pour régaler des coureurs comme Valverde ou Purito Rodríguez. Depuis quelques années, elles se font plus rares. La faute, peut-être, à l’absence de puncheurs espagnols, le vivier national étant davantage tourné vers les purs grimpeurs. On reproche souvent au Tour de France de bâtir des parcours pour les Français, mais en réalité, l’Italie et l’Espagne suivent la même logique. Le parcours 2025 colle parfaitement au profil d’un Juan Ayuso ou d’un Enric Mas, par exemple.
Au-delà du manque d’arrivées pour puncheurs, les étapes de montagne sont presque toutes dessinées sur le même modèle. Aucune arrivée en descente, par exemple. Mais s’agit-il d’un simple constat pour cette édition, ou bien d’une tendance déjà installée depuis plusieurs années ?

En regardant le graphique ci-dessus, on distingue clairement un tournant à partir de 2010. Les arrivées en descente ont fait leur retour entre 2015 et 2021, mais à très faible dose, et elles sont complètement absentes depuis quatre éditions. On peut donc dire que l’absence d’arrivées en descente n’est pas une nouveauté : c’est un faux procès, car cette tendance s’inscrit dans la durée.
Ce qui déçoit davantage, c’est la construction même des étapes. Prenons l’exemple de 2011 : cette Vuelta avait proposé des parcours plus variés dans leur enchaînement, avec des étapes cassantes, usantes, où l’intensité ne se limitait pas seulement à une ultime montée sèche.

Cette année, c’est sans doute du côté d’une étape de moyenne montagne au Pays basque que l’on pourra espérer voir du spectacle — un peu comme sur le Tour de France, finalement.
Au bout du compte, le parcours de la Vuelta paraît moins étouffant que celui du Tour et pourrait offrir de l’action de manière régulière, même si elle se concentrera souvent dans la dernière ascension. Mais comme on l’a vu au Mont Ventoux, ce n’est pas forcément un problème. Certes, si Vingegaard venait à dominer très largement, la course pourrait perdre en suspense. Pourtant, le Tour d’Espagne a rarement connu un coureur capable d’écraser toutes les étapes comme Pogacar ou Vingegaard sur le Tour. Même Primož Roglič, quadruple vainqueur, laissait souvent filer des victoires d’étape à des Valverde, López ou Carapaz.
On peut toutefois clairement regretter le manque de variété dans les profils. Mais là encore, il ne s’agit en rien d’une nouveauté de 2025 : c’est tout simplement la tendance qu’a prise la Vuelta ces dernières années et cela ressemble à l'identité qu'elle veut avoir, pour faire la part belle aux grimpeurs.