Un Tour de France 2025 pour les puncheurs et un record d'arrivée au sommet ? Analyse
- Titouan Lallemand
- il y a 6 heures
- 5 min de lecture
Le parcours du Tour de France 2025 met l'accent sur les arrivées en montée. Que ce soit en montagne ou sur les étapes accidentées, quasi toutes finissent en côte. En première semaine, quatre des neufs première étapes sont taillées pour les puncheurs et seulement entre quatre et six pour les sprinteurs sur l'ensemble de la course. Sommes-nous, au 21e siècle, sur un cas unique, d'une course qui met en avant les puncheurs plus qu'à l'accoutumée ? Qu'en est-il des arrivées au sommet ? Est-ce un record? Analyse.

A l'annonce du parcours du Tour de France 2025, certains sprinteurs ont dû grincer des dents. La première semaine ne les met que peu en valeur ! Heureusement, la première étape, plate, leur offrira la possibilité de porter le maillot jaune. Une chance rare ces dernières années qui a suffit à attirer du monde.
A l'inverse, les puncheurs et les grimpeurs avaient eux le sourire avec un nombre d'arrivées en montée considérable (10). La première semaine propose quatre arrivées pour les puncheurs. Un chiffre qui au premier abord paraît conséquent. Mais est-ce un cas unique? Sommes-nous vraiment face à un Tour de France 2025 pour puncheurs plus qu'à l'accoutumée ? On y répond.
Les puncheurs à l'honneur sur le Tour de France 2025 ? Vraiment?
Pour répondre à cette question, nous avons étudié l’ensemble des premières semaines du Tour depuis l’an 2000, et la première chose qui saute aux yeux, c’est que la moyenne d’étapes pour puncheurs sur cette période est de 1,3. Autrement dit, il y a en moyenne 1,3 étape pour les coureurs explosifs lors de la première semaine de la Grande Boucle. Mais en y regardant de plus près — voir le graphique ci-dessous — on constate que c’est la première fois que l’on dépasse les trois arrivées taillées pour puncheurs. En 2025, quatre étapes sur les neuf premières leur sont favorables, soit près de 45 % des jours de course. Le facteur aggravant, c’est que ces étapes vallonnées sont concentrées dans les sept premiers jours, créant une densité inédite pour ce profil de coureur dès le début du Tour.

Quand on s’attarde un peu plus sur les 25 dernières éditions, on remarque que la norme est plutôt de une à deux étapes pour puncheurs en première semaine. On se souvient notamment du Grand Départ en Bretagne en 2021, avec Landerneau et le Mur de Bretagne. Un début en feu d’artifice, certes, mais qui s’est limité aux deux premiers jours. La seule et unique fois où l’on a dépassé deux opportunités pour puncheurs en première semaine, c’était en 2011. La première étape, au Mont des Alouettes, avait été remportée par Philippe Gilbert, la seconde par Cadel Evans au Mur de Bretagne, et enfin une arrivée un peu moins exigeante à Lisieux, remportée par Edvald Boasson Hagen.
Mais ce qui frappe encore plus dans cette 112e édition du Tour, c’est que les quatre étapes concernées sont toutes exigeantes. Plus dures encore que celle de Lisieux, par exemple. Il est donc peu probable de voir un puncheur-sprinteur lever les bras à l’arrivée. Ces profils explosifs seront clairement avantagés face aux purs sprinteurs. Donc OUI, ce Tour de France 2025 est particulièrement adapté aux puncheurs.
Les sprinteurs doivent-ils vraiment faire la grimace?
On a toujours tendance à dire qu’au début des années 2000, les sprinteurs avaient de nombreuses opportunités. En réalité, cette tendance remonte à plus loin, même si c’est effectivement davantage qu’au cours des dernières années. Le véritable pic a été atteint entre 2003 et 2007, avec une moyenne de huit étapes de plaine. C’était six en moyenne entre 2000 et 2002, et 6,4 entre 2015 et 2025.
En 2025, on compte cinq sprints quasi assurés, mais on peut aller jusqu’à six étapes de plaine si l’on inclut celle des Champs-Élysées. Le problème, c’est que cette dernière a été modifiée récemment, avec l’ajout de la côte de Montmartre à 7 km de l’arrivée. Cela pourrait offrir une passe décisive pour les Pogacar ou Van der Poel, qui ne manqueront sûrement pas l’occasion de faire le show pour décrocher une victoire de prestige. Ce serait une opportunité unique pour eux. Et connaissant Pogacar, il paraît évident qu’il tentera sa chance.

Par ailleurs, l’étape de Toulouse est très vallonnée, même si les dix derniers kilomètres sont plats. Il est toutefois probable que des sprinteurs comme Merlier, Groenewegen ou même Milan ne soient plus en course à ce moment-là. Difficile donc de la comptabiliser comme une véritable étape de plaine.
Avec cinq à six sprints, on est clairement dans la moyenne basse. La moyenne sur la période récente est de sept étapes de plaine, donc 2025 est en-dessous de la norme. Cela dit, l’édition 2022 reste la plus pauvre du XXIe siècle en opportunités pour les sprinteurs, avec cinq étapes de plaine au départ, mais seulement quatre sprints massifs au final sur les 21 étapes du Tour.
2025 ne sera donc pas l’année la plus difficile pour les sprinteurs, mais elle ne leur offrira pas non plus de grandes largesses.
Un feu d'artifice d'arrivées au sommet unique ?
La dernière spécificité du parcours, c’est évidemment le nombre d’arrivées au sommet. En 2025, on atteint un record historique dans l’histoire du Tour avec sept arrivées au sommet (chrono de Peyragudes inclus). Le précédent record était de six, établi en 2022 et 2020. Mais en 2020, il n’y avait aucune arrivée vallonnée se concluant en montée.
Au total, dix étapes se terminent en côte cette année, soit 48 % du parcours. On pourrait le dire autrement : Tadej Pogacar pourrait, en théorie, remporter 48 % des étapes du Tour de France 2025 et même disputer le classement par points. C’est très largement au-dessus de la moyenne du XXIe siècle, qui s’élève à 5,6 arrivées en montée par édition. C’est autant qu’en 2022, qui comptait plusieurs arrivées vallonnées au sommet, comme à Mégève ou Châtel. Mais ces deux étapes n’avaient eu aucune incidence sur le classement général, alors qu’en 2025, les dix arrivées en côte auront un réel enjeu pour les coureurs du général.
De plus, parmi les sept arrivées au sommet, six sont classées Hors Catégorie. Là encore, c’est un record !
Par ailleurs, l’évolution du parcours est très marquante, notamment depuis l’arrivée de Christian Prudhomme à la direction du Tour dans les années 2010. Avant cela, on répétait le même schéma, comme en témoignent les éditions de 2004 à 2009, où tous les parcours étaient construits de manière identique : une arrivée en montée sur les étapes vallonnées, et trois en haute montagne. Ennuyeux.

En conclusion ce Tour de France est assez unique dans sa structure, de part le nombre d'arrivées pour puncheurs mais aussi le nombre d'arrivées au sommet en montagne, un record. Avoir moins d'étapes de plaine est donc une compensation logique mais nous ne sommes pas non plus sur la plus mauvaise année pour eux, d'autant que la perspective d'un maillot jaune sauve indéniablement la situation.