Steve Chainel, l'homme du cyclo-cross
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Steve Chainel, l'homme du cyclo-cross

Le froid, la boue, la terre. Le corps meurtri par le gel, les doigts engourdis. Au cœur de l’hiver, de vaillants cyclistes pratiquent une discipline plus confidentielle : le cyclo-cross. Ils sont très majoritairement belges (Van Aert, Vanthourenhout, Iserbyt) ou néerlandais (Van der Poel, Van der Haar) ; ces contrées où ces forces de la nature sont de véritables légendes.


Steve Chainel, l'homme du cyclo cross

Il faut reconnaitre que depuis toujours en France, le cyclo-cross n’a jamais eu la place qu’il mérite et le succès escompté. Mais des voix s’élèvent contre cette anomalie, à commencer par celle de Steve Chainel, fer de lance et véritable porte-parole de la discipline dans l'Hexagone. Le Vosgien a toujours affiché une préférence claire pour les torrents de boue de l'hiver. Toute sa carrière, il a combiné le cyclisme sur route avec son appétit pour le cyclo-cross.  Cela a parfois provoqué de l’incompréhension de la part de ses DS, qui ne comprenaient peut-être pas que l’on puisse porter un tel amour à un sport aussi méconnu. Mais il fallait composer avec le caractère bien trempé de Steve, qui n’a jamais entendu abandonner sa discipline de prédilection.


Comme un symbole, sa carrière s’ouvre un an avant de devenir professionnel sur route chez Auber93. Nous sommes le 29 janvier 2006 à Zeddam aux Pays-Bas. L’épreuve Elites Hommes du Championnat du Monde de Cyclo-Cross sourit aux Français comme rarement cela a été le cas. Francis Mourey, troisième, monte sur le podium. Juste derrière lui, un jeune coureur quasi inconnu de 22 ans, Steve Chainel, prend à la surprise générale la quatrième place de l’épreuve. Sur route, il a développé naturellement des capacités pour les courses dures typées flandriennes, qui avaient également sa préférence. Il y a brillé par intermittence, terminant par exemple 4e d’A Travers la Flandre en 2011 et 8e de Gent Wewelgem en 2012. Sa pointe de vitesse lui a permis en outre d’empiler quelques places d’honneur. Mais la route l’aurait-elle ensuite empêché de s’affirmer complètement dans sa passion initiale ? Il expliquait en 2012, pour Chronique du Vélo, « trop adorer cette discipline pour passer un hiver sans aucune course au programme ».


Néanmoins, des années durant, les cyclo-cross hivernaux n’ont servi à Steve que de préparation pour la saison sur route. Sans doute fallait-il prendre en compte les enjeux tout autre de la saison sur route, notamment d’un point de vue financier et d'image de marque. Grande gueule, Steve a parfois eu des déboires avec les équipes qu’il a fréquentées, comme lors de son passage à la FDJ, où le tout Démare a relégué ses performances honorables aux oubliettes ou comme chez Cofidis, lors de sa dernière année professionnelle en 2015, où ses résultats déçoivent.


Lorsqu'il met un terme à sa carrière en 2016, Steve replonge immédiatement dans l’univers du cyclo-cross et s’y consacre à plein temps. Un retour aux sources unique en son genre, et une passion à laquelle il peut de nouveau se consacrer à plein temps. Il donne alors toute sa personne, comme sportif et encadrant pour la discipline. Chose rare, il devient pour la première fois champion de France en 2018 à Quelneuc, soit deux ans après sa retraite officielle. Il tente aussi de structurer ce sport en France, en créant le Cross Team Legendre en 2021, avec son épouse. Il y est coureur jusqu’en 2023, tout en encadrant des jeunes coureurs (dont Antoine Huby et Rémi Lelandais) qui démarrent par le cyclo-cross. Car oui, Steve le reconnait aisément, le cyclo-cross en France est surtout un tremplin pour les jeunes cyclistes et un sport idéal en début de carrière pour se forger une condition physique et un mental, à l’instar de la piste. Dommage qu’ensuite, il connaisse un certain recul dans les rangs professionnels. Il se peut que cela soit simplement un problème culturel. Les performances de Van der Poel ou Van Aert n'ont pas été dégradées à cause du cyclo Cross, bien au contraire. Ainsi, des coureurs comme Steve Chainel ou encore Clément Venturini font figure d’exception au pays. Et c’est en partie pour cette raison que le parcours du Vosgien restera dans nos têtes.


Aujourd'hui, Chainel fait le bonheur des suiveurs sur Eurosport. Sa passion et sa niaque transcendent derrière l'écran. Et on espère que cela continera ainsi pendant plusieurs années.


Rédigé par @coureursoublies


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