Après Marc Hirschi, nous avons eu le privilège d'interviewer Sören Kragh Andersen, autre membre de l'équipe Sunweb, qui deviendra le Team DSM à partir de 2021. Le Danois nous parle de l'apport de ses victoires sur le Tour ainsi que des classiques où il aimerait briller. Sans oublier une anecdote sur sa famille et son frère.
Tu as eu une longue coupure avant la reprise, comment cela se passe ?
"Pour être honnête, c'est la plus longue pause que j'ai effectuée de ma carrière. Normalement j'ai du mal à vraiment couper donc c'était un test pour moi de rester loin du vélo. Mais cette fois, j'ai pu passer du temps avec ma famille au Danemark, ainsi qu'à Monaco. A la reprise, j'étais vraiment mauvais au départ mais je me sens maintenant beaucoup mieux sur le vélo, frais et prêt à attaquer la nouvelle saison.
As-tu déjà une idée de ton programme de course en 2021 ?
Ce n'est pas encore défini car le parcours du Giro n'a pas encore été dévoilé. Ce serait précipité de prendre une décision maintenant. Nous allons en discuter avec mon coach, qui est en contact avec le directeur de la performance. C'est lui qui remonte mes avis et impressions. L'équipe essaie vraiment de faire un bon programme pour tous le monde, pas seulement pour les leaders, c'est pour cela qu'il y a un tel process. Il y a vraiment une pensée collective. Nous y sommes habitués mais pour les plus anciens, cela doit être particulier car il y avait plus de liberté auparavant.
Tu as gagné beaucoup de course en France, Paris-Nice, Paris-Tours ou sur le Tour de France. On dirait que tu aimes bien courir en France, mais quelle est ta course de rêve ?
C'est vrai, je m'en suis fait la réflexion car j'ai aussi gagné sur le Tour de l'Avenir. J'ai un bon feeling avec la France. Mon rêve au départ était de gagner sur le Tour, et j'ai réussi à l'emporter deux fois donc maintenant j'aimerais vraiment gagner sur les 3 GT. Sinon évidemment j'aimerais surtout gagner une grande classique. C'est vraiment mon but ultime surtout que j'ai le sentiment que ce rêve, je peux le sentir, il est accessible. Et c'est pour ca que je travaille chaque jours.
Qu'est ce que les deux victoires sur le Tour de France t'ont apportées ?
J'ai beaucoup appris. J'ai pris de la confiance et j'ai su me concentrer sur moi-même , sur mes plans et ce que je dois faire. J'ai certes beaucoup souffert mais j'ai su rester concentrer sur ma course. J'ai un coach mental qui m'aide beaucoup.
Beaucoup font de toi un favori pour les classiques, te vois-tu aussi en tant que tel?
Non je ne pense pas. J'espère un jour mais je vais me considérer comme un outsider. Je dois me prouver à moi-même que je peux briller sur les classiques, comme j'ai déjà fait 3e sur le Het Nieuwsbald cette année. Il y a plusieurs leaders sur ces courses et je me vois plus comme un co-leader.
Quelle classique justement aimerais-tu remporter ? Le Tour des Flandres ?
Wevelgem, Roubaix, qui est une course difficile mais ce n'est pas forcément sur celle-ci que je me vois le plus fort. Je pense que les courses flamandes voire les Ardennaises comme l'Amstel Gold Race dans le futur peuvent mieux me convenir. Roubaix ? C'est vrai que c'est en France [rires], mais c'est vraiment pour les costauds.
Quel classique te convient le mieux pour toi ?
C'est difficile à dire. La Flèche est vraiment difficile et il faut vraiment être au top top niveau pour gagner mais je pense que l'E3 me convient bien. Ce n'est pas un Monument mais pour moi c'est une grande course et elle me convient bien.
Comment, en tant qu'équipe, pensez-vous pouvoir battre des coureurs comme Van der Poel ?
On espère que l'on va encore franchir des paliers et qu'on sera plus nombreux dans le final. C'est comme ça que l'on réussira à gagner, car évidemment ces mecs sont vraiment forts mais ils n'ont pas forcément de super équipe. Je pense que c'est comme ça que la Quick-Step gagne autant. Ce ne sont pas toujours les plus fort individuellement mais ils ont 5-6 coureurs capable de gagner.
Une question sur toi et ton frère. Comment en êtes-vous venus au cyclisme ? Cela fait partie de la culture familiale ?
C'est mon père qui faisait beaucoup de vélo étant jeune avant de commencer à boire et fumer comme beaucoup d'adultes et il a arrêté le vélo. Mon frère a commencé par le foot, en tant que gardien de but mais il disait que c'était "ennuyeux". Mon père lui a donc offert un vélo de route et il était vraiment bon. Cela m'a inspiré et j'ai donc voulu aussi un vélo à mes 8 ans. Et tout le monde a fait du vélo dans la famille.
Mon frère a longtemps été plus fort que moi et me poussait dans mes derniers retranchements. Ça m'a permis de franchir des paliers. J'ai vraiment eu une jeunesse géniale, sur le vélo avec mon frère. Je suis vraiment heureux qu'il rejoigne l'équipe mais ce n'est pas moi qui ai demandé à ce qu'il vienne, car ce n'est pas comme ça que cela marche. C'est l'équipe qui m'a demandé si j'étais d'accord avec ça et j'ai dis "bien sûr". J'étais vraiment heureux qu'il vienne et lui aussi.
Tu as aussi fait de gros progrès en chrono, est-ce un secteur où tu as de grandes ambitions ?
Je me suis longtemps concentré sur le chrono depuis que je suis chez Sunweb On s'est dit avec l'équipe que j'avais un potentiel dans le domaine donc on a insisté. Les nouveaux vélos ont l'air vraiment super et ça pourrait m'aider à encore progresser.
Où dois-tu encore progresser à l'avenir ?
Je dirais que je veux vraiment progresser en endurance, quand la course devient longue et difficile. Je pense qu'il faut que je progresse de quelques pourcents dans le final. Mon problème est que j'ai du mal dès que la course dépasse les 6 heures donc c'est là que je peux encore vraiment m'améliorer. C'est ce sur quoi j'essaie de travailler. Certains gars peuvent rouler 7h facile. C'est peut-être génétique pour certains mais moi je dois vraiment travailler pour y arriver. Je vais rajouter quelques heures à mes entrainements sans effectuer non plus de grand changement."
Merci une nouvelle fois au Team Sunweb pour cette interview.
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