Les stages en altitude, facteur clé pour améliorer les performances en cyclisme en 2025 ?
- Titouan Lallemand
- 28 avr.
- 6 min de lecture
Mis en lumière par l'équipe Sky dans les années 2010, les stages en altitude sont devenus monnaie courante pour performer au plus haut niveau en cyclisme, et pas seulement pour améliorer ses watts en montagne. Même certains coureurs de classiques, comme Wout Van Aert et son équipe Visma Lease a Bike, sont adeptes de ce genre de stage afin d'optimiser leur forme et leurs capacités physiques. Alors, quels sont les bienfaits des stages en altitude ? Que faire pour qu'ils soient réellement utiles ? On vous en parle.

Les Iles Canaries, la Sierra Nevada, Val Thorens, tous ces sites sont désormais des hauts lieux du cyclisme. Non pas parce qu'ils organisent des courses cyclistes, mais plutôt parce qu'ils accueillent tout au long de l'année des coureurs en préparation et en quête de performance.
Les stages en altitude, facteur clé pour améliorer les performances en cyclisme
Le Team Sky a, pendant les années 2010, terrorisé la concurrence en montagne, notamment sur le Tour de France, avec parfois 5 représentants dans un groupe de 15 coureurs. Leur réussite, si elle est sans doute multifactorielle, est due en partie à la mise en place de stages en altitude avant le grand rendez-vous de juillet. Un chemin de croix dans la quête des gains marginaux. Si toutes leurs innovations n'ont pas fonctionné, à l'image du plateau ovale, celle-ci a radicalement changé l'approche de la préparation en cyclisme. Depuis, c'est la course à la réservation en haute montagne. Certaines équipes réservent en Sierre Nevada deux ou trois ans à l'avance. Les places valent chères puisqu'en 2025, tout le monde veut y aller, et plusieurs fois par an. Prenons la Visma Lease a Bike : elle fait un stage de début de saison en altitude, puis un autre avant les classiques, puis un dernier avant les Grands Tours. Au moins trois passages par an, et pas seulement avant le Tour de France, comme le faisait la formation britannique.
Le cas Christophe Laporte est intéressant. Entre son passage de Cofidis à Visma, le Français a fortement progressé. Ce qui a changé, c'est cette approche de la préparation, que beaucoup qualifient de "plus professionnelle" . Les équipes sélectionnent un groupe de coureurs qui doit préparer les courses à venir. En l'occurrence, Laporte fait partie du groupe de classiques avec Wout Van Aert. Et à chaque fois qu'ils reviennent de stage, les performances en compétition sont au rendez-vous. On se rappelle de la domination sans pareille de la formation néerlandaise en 2023, à leur retour de stage, où ils avaient remporté toutes les classiques flandriennes jusqu'au Tour des Flandres : l'Omloop het Nieuwsblad avec Van Baarle, Kuurne avec Benoot, l'E3 avec Van Aert ou encore Gent-Wevelgem et A Travers La Flandre avec Laporte.
Aujourd'hui, les stages en altitude ont remplacé certaines courses préparatoires. S’il est toujours important de courir en compétition, il est possible de courir moins, mais mieux. Etre plus sélectif pour reposer son corps et être finalement en forme à chaque course à laquelle un coureur participe. C'est ce qui se passe avec un Primoz Roglic, extrêmement sélectif dans ses choix de course ou même d'un Mathieu Van der Poel. Mais alors, qu'est-ce qui rend un stage en altitude aussi miraculeux ?
Quelles sont les bienfaits des stages en altitudes ?
L'objectif d'un entrainement en altitude, c'est l'amélioration de l'oxygénation. Avec l’altitude, la pression barométrique de l’air diminue et la quantité d’oxygène disponible s’amoindrit. Le corps est donc exposé à un manque d'oxygène : c’est ce que l’on appelle l’hypoxie. C'est pour cela qu'au départ, on parle de "choc" pour le corps comme l'explique le triathlète Nicolas Raybaud : « Physiquement, il faut s’adapter les premiers jours. Le corps n’est pas habitué à l’altitude. On est là pour faire des globules rouges." Après un pic positif les premiers jours, le corps se sent vite fatigué et a besoin de repos. Mais ce choc devient, avec le temps et une acclimatation progressive, une conséquence positive pour les sportifs de haut niveau. Une fois que le corps s'est accoutumé à ce changement, il n'a plus besoin du même apport d'oxygène que par le passé pour fonctionner de la même manière, ce qui a un impact direct sur les performances. L'EPO, produit dopant populaire des années 2000, provoque en fait les mêmes effets sur le corps. Les stages en altitude sont donc une variante plus saine et naturelle. Et ce n'est pas de la triche !
L'autre avantage connu : l'augmentation des globules rouges, cellules responsables du transport de l’oxygène dans le sang. C'est un dopant naturel qui vient améliorer les performances en permettant aux organes de recevoir d'avantage d'oxygène. Une fois redescendu en plaine, votre taux de globules rouges met quelque temps à se réajuster, ce qui explique qu'en cyclisme, la première course d'un coureur rentré récemment de stage est parfois compliquée. On considère qu'il faut environ 5 jours pour que le corps soit mieux irrigué en oxygène et que les bénéfices soient optimum. Après cela, votre endurance est fortement améliorée. Un vrai boost provisoire pour les performances. Car oui, c'est provisoire (environ un mois). Sans être constamment en altitude, le corps va à nouveau reprendre ses anciennes habitudes et ses besoins traditionnels.
Enfin, il ne faut pas négliger les bienfaits des stages en altitude sur le mental des coureurs. Comme l'explique Bora hansgrohe sur son site officiel, pour Lennard Kämna, le stage "apporte toujours quelques moments de calme. Et quel meilleur moyen d'en profiter que de contempler des sommets à couper le souffle ?" Un moment de plénitude qui booste la santé mentale de certains. Réparateur quand on connait toute la pression que ces sportifs subissent au quotidien.
Endurance et VO2 max, les chiffres de l'altitude
Si l'on parle en chiffres, les performances d'un coureur à une altitude de 2700 mètres sont réduites de 9 à 13,5%, selon les études Basset et Peronnet. Cela représente une diminution de 6,3% de la Vo2Max. Cela permet de mettre des valeurs sur un phénomène qu'on connait tous et démontre les efforts que le corps doit faire pour s'adapter. La différence entre un coureur préparé à l'attitude face à un autre qui ne l'est pas sera forcément importante. On vous conseille de lire cet article de Jonathan de KOM Academy, qui parle en détail de tous ces chiffres. Il présente d'ailleurs une méthode différente, dont on entendra peut-être parler dans le futur, celle de vivre en altitude et s'entrainer au niveau de la mer, qui présente des résultats prometteurs.
Quelles sont les bonnes pratiques à adopter lors d'un stage en altitude?
Partir en stage en haute montagne n'est pas une assurance de réussite si l'on fait n'importe quoi. Un entrainement trop intensif, une durée de séjour trop courte ou autres peuvent jouer négativement sur le corps. Il est donc important de suivre les bons conseils et bonnes pratiques.
Il faut veiller à arriver en stage en altitude en forme. Avec l'altitude, le corps est d'abord choqué et un organisme fatigué ou malade, risque d'en prendre un coup et avoir des conséquences négatives pour la suite de la saison. Ce fut le cas par exemple de Van der Poel en 2022, après son Giro.
Quelle est l'altitude optimale pour un entrainement en altitude? L'altitude parfaite pour un stage en altitude est entre 2000 et 2400 mètres. Au dessus, cela peut devenir trop douleur pour un corps pas habitué. En dessous, les bienfaits sont plus limités.
Quelle est la durée idéale d'un stage en altitude? Il faut au moins une dizaine de jours en altitude pour ressentir les premiers effets, mais il faut rester idéalement trois semaine à un mois pour améliorer sensiblement son endurance.
Un stage en altitude n'est pas toujours une partie de plaisir. Si l'on résume la vie d'un travailleur classique à "Métro, boulot, dodo", celui d'un sportif est tout aussi contraignant et se résume à "Manger, s'entrainer, dormir". C'est pour cela qu'il faut être bien encadré physiquement et mentalement.
Nutrition et hydratation : Le staff joue un rôle primordial dans la réussite du stage car l'altitude peut provoquer déshydratation ou augmentation du stress. C'est pour cela que les sportifs doivent veiller à bien s'hydrater et bien se nourrir.
Penser malgré tout à s'aérer. Varier est important pour ne pas rentrer dans un cercle vicieux et négatif. S'adonner à une randonnée un jour et mettre son vélo de côté n'est pas une mauvaise chose, au contraire. Vous continuez à profiter des bienfaits de l'altitude d'une autre manière.
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