Entraîneur du Team DSM et en charge du Team Development jusqu’en 2019, Sebastian Deckert nous a expliqué comment s’organise la structure de formation de l’équipe allemande.
Quand et pourquoi a été créé le Development Team Sunweb ?
« La création de notre Team Development date de 2017, mais le projet de formation est beaucoup plus ancien. Déjà à l’époque de Skil-Shimano, nous avions un grand projet de développement des jeunes talents. C’est la suite d’une évolution voulue par l’UCI, qui voulait imposer aux formations World Tour de créer une équipe de développement. Cet aspect de la réforme n’a pas pu aller au bout, car certaines équipes étaient trop instables pour se le permettre, mais c’est une suite logique de la professionnalisation du cyclisme. Lotto-Soudal a depuis longtemps une formation amateure pour les jeunes. L’objectif est de fournir des ressources supplémentaires à notre effectif professionnel, en formant et préparant nos coureurs à tous les aspects fondamentaux de la course de haut niveau.
Comment cela s’organise exactement ?
Nous avons mis en place une grosse plateforme pour les U23, car c’est une période extrêmement importante pour le développement des coureurs. On veut les former à tous les aspects de la vie de coureur, du point de vue physique, tactique, mentale, du matériel et de la nutrition. On considère chaque coureur comme une personnalité que l’on veut former. Le Team Development dispose de la même structure que notre formation World Tour : les mêmes coachs, les mêmes experts du fitness ou de la nutrition. L’équipe est inscrite sur le circuit continental mais c’est important que tous les membres de Sunweb se connaissent bien, et profitent d’une formation continue.
Quelle est votre philosophie, vos méthodes de formation et de développement ?
L’objectif premier est que les coureurs accumulent de l’expérience lors des courses du circuit continental, sans forcément viser les succès en U23, car le plus important, c’est qu’ils atteignent leur pic de performance une fois chez les pro. Marc Hirschi est devenu champion du monde U23, mais ce n’était ni un objectif ni une fin en soi : on veut que nos coureurs apprennent tous les rôles et aspects de la course. Un sprinter doit apprendre le rôle de leader, mais aussi de poisson-pilote ou de membre du train. On veut que chaque coureur roule pour l’équipe, et non l’inverse, tous les rôles sont aussi importants. C’est tout un processus d’apprentissage que l’on met constamment en place.
Combien de coureurs signent chaque année chez les pros ?
Je ne veux pas en oublier, mais depuis 2017 ils sont assez nombreux avec Marc Hirschi, Niels Eekohff, Max Kanter et Florian Stork, entre autres. Mais si je compte bien, sur les 31 coureurs de l’équipe pro en 2021, 8 sont passés par notre programme de développement. C’est une vraie fierté et j’espère que cela va continuer, mais je ne m’inquiète pas pour ça.
Quelles sont les prochaines pépites qui brilleront dans les années à venir ?
Je ne peux pas donner de noms. Tous ont un très gros potentiel, et je dois aussi dire que chez nous, les coureurs ont plus de chance d’intégrer l’effectif professionnel grâce à notre structure et notre philosophie. Les plus grands talents restent chez nous, et tous se sont déjà fait un nom dans le milieu. Pour savoir qui brillera à l’avenir, continuez de les suivre attentivement et vous ne serez pas surpris (rires).
Comment sont repérés et recrutés les coureurs du Team Development ?
On se repose sur un département de scouts très connectés et présents à de nombreuses courses U19 de niveau régional et national. Depuis 2016, nous organisons des Talent Days : pendant 4 jours, nous invitons dans notre camp d’entraînement entre 10 et 15 jeunes coureurs (10 garçons et 5 filles) que nous avons repérés pour apprendre à les connaître, faire des tests physiques et comprendre leur personnalité, mais aussi leur montrer comment on travaille. C’est très important pour nous.
On a aussi créé en 2019 le Keep Challenging Center à Limburg, tout près des routes de l’Amstel Gold Race. Il s’agit d’un centre d’entraînement pour nos U19 et U23, avec 14 maisons dans lesquelles ils vivent tous les uns à coté des autres. Ils ont tout à proximité, travaillent avec nos entraîneurs, apprennent la tactique du vélo, participent à des ateliers avec nos partenaires comme Bink Bank. Il y a une partie de networking très importante, mais l’objectif est de leur transmettre l’esprit d’équipe inhérent au cyclisme et qu’ils apprennent à se connaître entre eux. »
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