Florian Lipowitz 🇩🇪, bien plus qu'un numéro 2 sur le Tour de France 2025 ?
- jibduluc
- il y a 1 jour
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Si la RedBull-Bora Hansgrohe s’est offert le plus célèbre des anciens sauteurs à ski en 2024 en la personne de Primoz Roglic, le Slovène n’est pas le seul ancien adepte de sport d’hiver auquel la formation allemande a fait confiance. Couvé par Ralph Denk depuis 2022, Florian Lipowitz a été la révélation de 2024 et s’impose désormais comme l’autre leader de la RedBull-Bora Hansgrohe. Et une option crédible pour le Tour de France.

Une vie bascule parfois sur un instant, sur une révélation ou sur une tragédie. La carrière de Florian Lipowitz, elle, a basculé sur une blessure au genou. L’Allemand est alors bien loin du Tour de France et de la chaleur de juillet, lui le biathlète depuis ses huit ans, champion national U16 de sprint et d’individuel. Mais tout change lorsqu’il se blesse au genou. « À ce moment-là, je ne pouvais faire que du vélo pour m'entraîner, avouait-il pour DirectVelo. Progressivement, j'en ai fait de plus en plus. J'ai alors dû choisir dans quelle direction j'allais me diriger ». Il a choisi le cyclisme. Visiblement, c’était la bonne solution. « Je n’aurais jamais imaginer que je deviendrais coureur en World Tour, même si je peux dire aujourd'hui que j'ai plus de talent pour le cyclisme que pour le biathlon », admettait il pour L’Equipe, en rigolant. Un talent découvert presque par hasard.
Une éclosion retardée par les doutes et la maladie
« À 16 ans, avec mes parents, nous avons roulé de Genève à Nice à vélo, raconte t-il. 800 kilomètres pour découvrir les cols alpins, des journées entières sur le vélo sans aller trop vite et mon corps tenait sans difficultés. Puis j'ai fait du marathon cycliste, type Gran Fondo, cela durait parfois huit heures et j'étais crevé au bout de quatre heures, c'était une bataille pour aller au bout... Mais parfois, je gagnais, et aujourd'hui encore, je ne sais pas comment. J'avais le moteur pour tenir, oui ». Alors forcément, aidé par les contacts de son père avec Dan Lorang (responsable performance), il rejoint la formation Red Bull-Bora Hansgrohe, friante de ce genre de profil, avec également Anton Palzer, ancien skieur, à travers l’équipe Tirol, pépinière de la formation allemande.
La réussite n’est pas immédiate, la faute au confinement dû au COVID qui le fait douter (« je n'étais pas certain d'avoir pris la bonne décision ») et à des soucis de santé qui retardent son éclosion. « Ma troisième année n'a pas été bonne, expliquait-il à L’Equipe. En hiver et au printemps, j'attrape presque tous les virus qui circulent, je suis souvent malade, comme c'était déjà le cas quand j'étais biathlète ». Mais, peu à peu, le travail paie et les dispositions évidentes de l’Allemand apparaissent en plein jour. « Je me considère avant tout comme un grimpeur, avec une préférence pour les longues ascensions, disait-il déjà en 2021, pour DirectVelo. Je grimpe de manière plutôt régulière ». Un peu comme son évolution.
Gagner un Grand Tour, c'est encore un peu trop gros
Vainqueur du Tour de République Tchèque, 6e du Sibiu Tour et 4e du Tour de Turquie pour sa première année professionnelle à la Bora, l’Allemand explose en 2024, en montant sur le podium du Tour de Romandie (3e) avant d’accrocher le top 10 (7e) de la Vuelta, pour son premier Grand Tour terminé. Presque à son étonnement. « Je ne savais pas que je pouvais faire aussi bien, avouait-il à L’Equipe pendant le Dauphiné. Depuis, je me mets davantage de pression, car je veux montrer que je suis capable de refaire ça. Mais il n'y a que quelques coureurs au monde compétitifs sur chaque course. Moi, je suis normal, j'ai mes bons jours et des mauvais ». Même si ces derniers se font rares en 2025, lui qui a fini dans le top 5 des trois courses par étapes World Tour qu’il a disputées cette saison (2e de Paris-Nice, 4e du Pays Basque et 3e du Dauphiné). De quoi lui donner l’appétit pour l’avenir.
Florian Lipowitz, le leader qui doit s’affirmer, déjà sur le Tour de France 2025?
« J'aimerais devenir un coureur de classement général, même si j'ai aussi envie de gagner une étape sur une belle course, racontait-il. Gagner un Grand Tour, c'est encore un peu trop gros, mais jouer le podium serait possible si tout se passe très bien ». Dès le prochain Tour de France ? Prévu en soutien de Primoz Roglic, Florian Lipowitz est aujourd’hui plus qu’un simple lieutenant au service du Slovène. En battant Remco Evenepoel sur le Dauphiné, l’Allemand de 24 ans est une véritable option de rechange en cas de souci, ce qui est fréquent sur le Tour avec le quadruple vainqueur de la Vuelta. Mais l’ancien biathlète pourrait profiter de leur association pour continuer à progresser, notamment au niveau de leadership.
« Je suis timide, introverti, je ne parle pas énormément mais être leader implique de parler davantage à mes équipiers, de leur dire ce que je veux dans l'approche des étapes, et je dois apprendre, explique-t-il à L’Equipe. Je grandis dans ce rôle, de course en course. Vous êtes prêt à souffrir davantage quand vous savez que ça paye ». D’ici à voir Florian Lipowitz supplanter Roglic sur le Tour de France 2025, comme Vingegaard l’avait fait en 2021 et 2022, il n’y a qu’un pas que l’on serait presque tenté de franchir…