Enquête : Les clés de la réussite de la Continental Groupama FDJ
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Enquête : Les clés de la réussite de la Continental Groupama FDJ

La Continental Groupama FDJ a réalisé une saison 2022 exceptionnelle. Équipe de développement la plus prolifique avec 23 victoires, elle a su capitaliser sur un travail lancé officiellement en 2019 et qui porte aujourd’hui ses fruits. Cette superbe année marque aussi l'éclosion d’une génération exceptionnelle, qui permet à Groupama FDJ de renouveler son effectif. Décryptage d’un succès programmé.

En 2023, la Groupama FDJ aura 8 néo-pros dans son effectif. Tous viendront de l’équipe de développement. Un record pour une équipe du World Tour. C’est le résultat d’un travail assidu et d’un investissement conséquent qu’on vous explique grâce à Nicolas Boisson, entraîneur de la Continental Groupama FDJ.


LES BASES : la raison de la création de la Groupama FDJ


Nicolas Boisson avance plusieurs raisons à la volonté de Groupama de créer sa propre équipe continentale, d’autant qu’il y avait une autre manière de fonctionner, en s’appuyant sur une équipe amateure à la manière de Quick Step par exemple, en établissant des partenariats. Mais le choix de créer sa propre équipe de développement était fort au sein de la structure : “on avait les moyens qui nous permettaient de faire une équipe continentale. Quand on est rattaché à une équipe WT, c’est plus facile parce que nos moyens sont unis, on a les mêmes méthodes de travail, on a des échanges au sein des équipes, au sein des staffs. Et je pense que c’est un vrai plus. Que les coureurs puissent aller courir avec la WT, ça leur montre aussi ce qui les attend à l’échelon supérieur toute la saison. Ça permet de tester rapidement ceux qui semblent prêts”. Lorsque les bases sont bien posées, tout est réuni pour que la mayonnaise prenne.


LES CLES DE LA REUSSITE


Créée en 2019, la Continentale Groupama FDJ aura donc mis 3 ans pour exploiter son potentiel. Un plan qui avait été imaginé au départ :”On s’est toujours dit qu’il allait nous falloir trois ans pour réussir à créer une équipe. On s’était dit que la première année servait de mise en place, la deuxième année permettait d’ajuster et la troisième année, de dérouler. Après il y a eu le Covid qui nous a freiné vu que la saison s’est déroulée sur 3 mois et demi. Mais cette saison, on est dans notre belle année pure et dure. On a pu faire vraiment ce qu’on voulait, chacun a pris ses marques, on a pu ajuster le projet comme on le souhaitait".


Évidemment, au delà de la formation, le recrutement joue un rôle majeur dans la réussite : "quand on recrute des coureurs de la qualité de Grégoire ou Martinez, on ne va pas dire que l’on est « assuré » d’avoir de bons résultats, mais on avait une belle promotion."


Une volonté de s’appuyer sur les jeunes :


Historiquement, la formation FDJ a toujours aimé s'appuyer sur des jeunes, et l’équipe Groupama a permis de marquer un tournant dans le développement de l’équipe : “On a toujours été sensible aux jeunes coureurs et l’arrivée de Groupama a permis de créer cette équipe Continental. Il est facile d’en arriver à ce constat en 2022 mais il y a quelques année, il fallait être visionnaire . C’était vraiment une question de temps. Ça faisait plusieurs années qu’on voulait le faire. Avant, on travaillait déjà beaucoup avec les jeunes avec le Cycle Formation ou la Fondation FDJ donc on a toujours formé des jeunes coureurs mais ils étaient tous dans des clubs différents. Là, au moins, on a pu accélérer le processus et travailler comme on le souhaitait”, explique Nicolas. Avec une volonté d’accompagner les jeunes coureurs dans le développement, et de miser sur eux pour l'avenir, la Groupama FDJ avait déjà fait une bonne partie du chemin vers les sommets de la formation.


Un travail et un suivi rigoureux des jeunes


Avoir une continentale dans sa structure n’est pas forcément gage de succès mais c’est aujourd’hui une nécessité tant les jeunes sont de mieux en mieux préparés : “on voit que les coureurs sont performants de plus en plus jeunes et c’est vrai que c’est très important pour nous d’être prêts, de savoir que quand ils arriveront à l’échelon supérieur, ils seront de suite prêts. Il n’y a plus ces une ou deux années que l’on pouvait avoir par le passé à former des coureurs. Aujourd’hui, quand un coureur passe de la Conti à la World Tour, ça se passe de suite très bien. Alexys Brunel avait gagné d’entrée sa première course par exemple. Les jeunes sont de plus en plus professionnels, avant même d’arriver chez nous. Tout le monde sait se servir d’un compteur GPS, d’un capteur de puissance, tout le monde a déjà été massé, tout le monde a été sensibilisé à la nutrition… Donc c’est sûr qu’on gagne du temps.”


Évidemment, les équipes de formation participent à cette professionnalisation des jeunes, notamment grâce à l’accompagnement qu’ils offrent. “Les coureurs peuvent travailler avec un préparateur mental, que l’on a au sein de l’équipe. Mais c’est sûr que nous aussi (les entraîneurs, ndlr), nous devons avoir une certaine approche afin de trouver les bons mots. Par exemple, c’est dans les moments de doute que notre rôle est important. Le but c’est de les aider à sortir de cette période là qui pourrait nuire à leurs performances”. On pourrait penser qu’en cette année 2022, pleine de succès, il y eut peu de place aux doutes mais “il y en a eu quand même, même si cela ne se voit pas toujours”.


Enfin, l’accompagnement se prolonge jusqu’au lieu d’habitation, à la manière des centres de formations dans le football par exemple :”Chez nous, tous les coureurs habitent à Besançon. D’autres structures ne le font pas. Des fois c’est un plus, parfois ça freine d’autres coureurs mais au final, nous on est gagnant”.


Des moyens importants :


Si il n’a pas fallu attendre les équipes de développement pour voir des formations amateures miser sur les jeunes, l'investissement des équipes professionnelles a permis de franchir un cap dans le domaine : “Il y a bien eu d’autres équipes qui formaient des bons coureurs dans le passé, comme BMC, Axeon ou Rabobank à l’époque mais c’est sûr qu’aujourd’hui on facilite leur accès au haut niveau. En plus, même si on est des équipes continentales, on bénéficie des mêmes moyens que les équipes World Tour donc c’est sûr que, par rapport à une équipe amateur, on ne fait pas du tout les mêmes choses. Avoir un staff qui est salarié, ça change beaucoup également et on gagne du temps”, insiste Nicolas.


Un recrutement spécifique


Lors de la création de la formation, Nicolas Boisson avait activement participé qu recrutement : “Avant, je passais énormément de temps sur le terrain, pendant trois ans je faisais surtout du scouting, pur et dur, avant que l’on crée la Conti. Ça passait par beaucoup de temps sur le terrain, à aller voir les coureurs, à échanger avec eux, à échanger avec les structures”. Depuis que la structure est en route, le modèle de recrutement a légèrement évolué : “Aujourd’hui c’est différent parce qu’on est beaucoup sur les courses. Surtout, chaque coureur a un agent donc on reçoit de plus en plus de candidatures via les agents. Après le tri se fait par les résultats du coureur, par ses données et, surtout, qu’il adhère au projet, différent de celui des autres Conti.”


Mais si les candidatures se multiplient chaque année, la volonté de s'appuyer sur le vivier français reste une évidence, même si aucun quota n’a été fixé, avance l'entraîneur de la Conti Groupama : “On a toujours une base de 4-5 coureurs français. On n’a pas de demande précise du sponsor mais c’est une volonté commune, des sponsors et de nous, de ne pas faire une équipe internationale”. Il n’empêche que certaines nationalités, comme les Britanniques, sont toujours représentés, cependant selon Nicolas, ce n’est pas forcément une volonté mais plutôt une question d’opportunités : “Il y a Jake, il y a eu Lewis (Askey) et ça donne encore plus envie aux autres de nous rejoindre. Nous on apprécie aussi leur manière de fonctionner. Ils ont une bonne école en Grande-Bretagne."


QUELS OBJECTIFS POUR LA SUITE ?


Avec un effectif qui se renouvelle quasi entièrement, il va falloir lancer un nouveau cycle. De ce fait, il est difficile d’imaginer des résultats similaires à 2022 dès 2023 : "on le sait, on ne refera pas la même saison que celle-ci. On ne sait pas si ça sera dans deux ans ou trois ans mais on va repartir sur un nouveau cycle”. Mais avec les 8 recrues qu’a permis de faire émerger la Continental en 2022, il y a du temps pour préparer l’avenir. Et pas forcément chez Groupama FDJ mais aussi ailleurs : "le but de la Conti, c’est qu’elle forme les meilleurs coureurs et qu’après on puisse garder les meilleurs éléments pour alimenter l’équipe première. Mais c’est aussi de former des coureurs pour d’autres équipes, parce que ça reste le but de la Conti après tout. Si on les forme et qu’ils filent ailleurs ensuite, ce n’est pas un problème pour nous parce qu’au final, on est content que les coureurs ne restent pas sur le carreau en sortant de chez nous."

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