C'était l'un des transferts tonitruants de l'intersaison 2020-2021. Bob Jungels quittait la formation Deceuninck Quick-Step pour rejoindre AG2R Citröen Team. Un changement clé dans sa carrière, lui qui a bénéficié de la puissance de l'équipe belge sur les classiques mais qui n'a jamais eu la chance d'être le leader numéro un d'une formation. Mais pendant près d'un an et demi, Jungels a disparu de la circulation, avant de renaître sur le Tour de Suisse. Pour une victoire sur le Tour de France ?
Bob Jungels était devenu l'un des coureurs les plus fiables du peloton. Le Luxembourgeois portait à lui seul les espérances d'une nation qui, une décennie avant, jouait les premiers rôles avec les frères Schleck. A son arrivée, il était vu comme le successeur d'Andy et Franck mais son profil est bien distinct. Des différences qui ont entrainé une évolution des objectifs dans la carrière de Jungels. Sa performance sur le Tour de Suisse 2022 semble l'orienter à nouveau vers les courses à étapes alors qu'il peut tout autant briller sur les classiques. Décryptage.
Un début de carrière orienté vers les courses à étapes
A son arrivée dans le peloton professionnel, au sein de l'équipe luxembourgeoise RadioShack - Leopard, Jungels était principalement performant sur les courses à étapes. D'abord sur les plus petites courses comme le Tour du Luxembourg 2013 qu'il a conclu à la 5e place après avoir remporté la dernière étape, très vallonnée. Champion national, en ligne et en chrono, Jungels était d'abord vu comme un rouleur pouvant grimper, d'où les espoirs de le voir briller un jour sur les Grands Tours. Mais son vrai premier gros résultat intervient en 2015, lorsqu'il termine 6e du classement général du Tour de Suisse, grâce notamment à sa 6e place sur le long contre-la-montre. Cette semaine là, il a su aussi limiter la casse en montagne en finissant deux fois dans les 20 premiers. Sa belle 4e place sur la 18e étape du Tour de France de la même année, remportée par Romain Bardet à Saint-Jean de Maurienne, confirmait ses capacités à grimper.
Toujours solide en contre-la-montre, il poursuit sa progression sur les courses à étapes avec une 8e place au classement général du Tour de Romandie puis surtout une 8e place sur celui du Tour d'Italie, son premier Top 10 en GT. Il est cependant peu performant sur les classiques. A 25 ans, Jungels semble donc bien parti pour jouer les tours.
2018 , une performance qui va tout changer
Sa 11e place sur le Tour de France est là encore une belle performance mais semble montrer des limites en haute montagne. Cependant, une performance marquante va changer la vision de la carrière de Jungels. A l'attaque sur Liège-Bastogne-Liège, la Doyenne des classiques, le coureur de la Quick-Step résiste au retour des favoris et s'en va remporter en solitaire la plus grande victoire de sa carrière. Cette victoire marque un changement dans son programme de course, où les classiques ne seront plus mises de côté.
En 2019, il s'attaque donc aux classiques Flandriennes, avec succès. Vainqueur de Kuurne-Bruxelles-Kuurne, il enchaîne avec une 5e place sur l'E3 BinckBank Classic et une 3e place sur à Travers les Flandres. C'est finalement pour le Luxembourgeois la confirmation qu'il peut faire des classiques un objectif, voire l'objectif majeur de sa saison.
Un transfert flop jusque-là chez AG2R
En un an et demi, Bob Jungels n'a pas réussi à briller chez AG2R Citroen. Pire, le Luxembourgeois traînait son spleen, enchainant les désillusions. Ses performances sont aux antipodes de ce que pouvait espérer l'équipe française au moment de le recruter, lui qui sortait d'une belle année 2020. Que ce soit sur les classiques ou les courses à étapes, pas un top 10 et ce, peu importe la réputation de la course et de la concurrence. Pas un top 10 donc jusqu'à cette édition 2022 du Tour de Suisse où il a affiché une belle régularité sur tous les profils.
2022 : le retour aux affaires
Sur le Tour de Suisse, sans rentrer dans le top 10 des étapes, Jungels a su se maintenir à un bon niveau - même s'il faut rappeler que les abandons pour cas de Covid se sont multipliés - lui permettant d'intégrer le top 10 final. Le début du renouveau ? Visiblement, puisque cela s'est confirmé sur la 9e étape du Tour de France. Pour marquer ce retour au premier plan, le coureur AG2R nous a offert un numéro d’anthologie de 62 km en solitaire pour aller chercher, à Châtel, sa première victoire sur la Grande Boucle. Une bonne manière de retrouver un point de chute puisqu'il est en fin de contrat.
Son profil : un rouleur tout-terrain
Excellent rouleur, Jungels n'a aucun défaut mais n'avait pas non plus de gros points forts. Capable de régler un petit groupe au sprint, d'effectuer de belles performances en montagne, il s'est découvert aussi des habilités à briller sur les classiques Ardennaises. Mais la vraie révélation réside bien dans ses aptitudes à performer sur les pavés. Très puissant, doté d'un sacré moteur, Jungels a le profil parfait pour jouer les premiers rôles sur les Flandriennes. On est presque déçu qu'il s'en soit rendu compte aussi tard. Globalement, il a donc aussi le profil pour être un excellent baroudeur. A 29 ans, il est peut être à l'aube de ses plus grands succès, dans la lignée de la Doyenne. Preuve en est, cette victoire inattendue sur le Tour de France.
Courses à étape ou classiques : le choix est fait ?
Il est difficile de briller à la fois sur les Grands Tours et sur les classiques. Comme nous l'avons révélé sur Twitter, peu de coureurs ont réussi à finir sur le podium d'une classique, notamment une Flandrienne, et d'un GT la même année. Bob Jungels va donc devoir faire un choix et vu sa réussite sur les classiques et les limites affichées en montagne, on espère qu'il choisira les classiques. Son top 10 sur le Tour de Suisse laisse penser que la tendance est aux courses à étapes mais nous pensons qu'il serait plus avisé pour lui de cibler les Flandriennes et viser les étapes en GT.
On pensait d'ailleurs que son transfert chez AG2R Citröen marquerait un changement de cap où il partagerait le leadership sur les classiques Flandriennes avec Naesen et Van Avermaet. Un bon mix entre courses à étapes d'une semaine et classiques est donc probablement le meilleur chemin à suivre pour lui. Pour le plaisir, nous avons imaginé son calendrier idéal :
- Omloop Het Nieuwsblad Elite
- Kuurne-Bruxelles-Kuurne
- Paris-Nice
- Milan San Remo
- E3
- La Panne
- Gent Wevelgem
- A Travers les Flandres
- Tour des Flandres
- Paris Roubaix
- Amstel Gold Race
- Liège-Bastogne-Liège
- Tour de Romandie
Pause
- Tour de Suisse
- Championnats nationaux
- Tour de France
- BinckBank Tour
- Bretagne Classic
- GP Montreal
- GP Québec
- World Championship (en ligne et ITT)
- Milan -Turin
(66 jours de course)
Comentarios