Top 10 du 21e siècle : Fabian Cancellara, le rouleur-compresseur
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Top 10 du 21e siècle : Fabian Cancellara, le rouleur-compresseur

Référence absolue du contre-la-montre et grand chasseur de classiques et de Monuments, Fabian Cancellara s’est imposé comme un des meilleurs rouleurs de l’histoire du cyclisme, en plus d’être un champion au panache sans pareil.



« Je suis Spartacus », s’écria l’armée de Kirk Douglas pour ne pas dénoncer son leader dans le film culte de Stanley Kubrik. L’acteur aux yeux si clairs qu’on les devine bleus même en noir et blanc a donné un visage mythique à ce gladiateur, chef d’un important soulèvement d’esclaves contre la République romaine au premier siècle avant notre ère. Si ce personnage historique a donné lieu à maintes représentations, Fabian Cancellara en est une presque aussi illustre que l’acteur américain. Le rouleur suisse, au physique impressionnant, dégageait une telle puissance sur son vélo que les observateurs l’ont très vite surnommé Spartacus. S’il n’a jamais déclenché de soulèvement contre les formations dominantes du cyclisme mondial, ses échappées victorieuses, contre-la-montre éclairs et ses victoires en solitaire sur les Monuments pavés montraient une puissance, un courage et un esprit de combat que Spartacus n’aurait pas reniés.


Pourquoi lui :


Parce qu’il incarne une complémentarité quasi-unique au 21e siècle. Véritable référence de l’effort solitaire avec quatre titres mondiaux et deux olympiques sur le contre-la-montre, Fabian Cancellara est le 5e meilleur spécialiste de la discipline dans l’histoire du Tour, avec 7 succès. Il n’est devancé que par d’absolues légendes du cyclisme, et quintuples vainqueurs de l’épreuve : Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Bernard Hinault et Miguel Hindurain. Que des références. L’ancien coureur du Team CSC a enfilé les victoires sur le contre-la-montre tout au long de sa carrière professionnelle, avec 40 succès. Une domination qui lui a permis de porter plusieurs fois le maillot de leader des courses par étapes. Il arbora 28 fois le maillot jaune sur le Tour de France grâce à ses 8 victoires d’étape et réussissait souvent à le défendre jusqu’à la moyenne montagne. Car Cancellara, malgré ses grosses cuisses, était un battant qui savait gérer ses forces : ses victoires au classement général du Tirreno-Adriatico 2008 et du Tour de Suisse 2009 en sont la preuve.


Chasseur d’étapes, le Suisse s’est également distingué sur les Monuments et les classiques en tous genres (Strade Bianche, Grand Prix E3 par trois fois), car il est le deuxième meilleur coureur de classiques pavées des deux dernières décennies, derrière Tom Boonen. Sa rivalité avec le Belge a rythmé les années 2008 à 2014 sur ces Flandriennes et leurs duels étaient aux pavés ce que Nadal et Federer étaient au tennis : une bataille de légendes, offrant des courses animées et des exploits hors du commun. Triple vainqueur de Paris-Roubaix et du Tour des Flandres, le Suisse s’est également offert Milan-San Remo en 2008. Une course pas forcément taillée pour lui, ce qui renforce son empreinte dans la légende, et le place dans le cercle fermé des vainqueurs de trois Monuments différents. Ils sont 25 dans l’histoire, mais seulement deux depuis 2001 : Philippe Gilbert, et Cancellara.


Mais au-delà de ce palmarès hors normes, Spartacus était une véritable « gueule » du peloton professionnel, au panache inspirant, au courage exemplaire et au tempérament bien trempé, qui faisait autorité. Un caractère rare et paradoxal au vu de sa nationalité, qui renforce la légitimité de son surnom et sa trace dans l’histoire de son sport.


Ses plus grands exploits :


Ses quatre titres de champion du monde du contre-la-montre font de lui une véritable référence dans l’exercice, mais c’est un autre exploit que nous jugeons plus à même de représenter la carrière glorieuse du Suisse : son doublé Paris-Roubaix et Tour des Flandres en 2010, réalisé à 3 jours d’intervalle. Cette année-là, il écrase littéralement la concurrence en terminant les deux Monuments en solitaire, le premier avec plus d’une minute d’avance sur son grand rival, Tom Boonen, et le second deux minutes devant Thor Hushovd. Cancellara roulait sur les pavés comme Jésus marchait sur l’eau. Mais alors que Tommeke, son rival belge, s’offrit aussi ce doublé en 2012, le Suisse en remit une couche en 2013, réalisant une nouvelle razzia pavée pour marquer l’histoire de son empreinte, et montrer son orgueil et sa force de caractère. « Ce qui reste dans le sport, ce ne sont pas quelques victoires, mais ce sont les grandes victoires », déclarait-il après son premier doublé. Nul doute que ces triomphes resteront longtemps dans la grande histoire du cyclisme, et avec trois Rondes, le Suisse est le co-recordman de victoires dans l’épreuve flandrienne. Un record qu’il partage avec 5 autres coureurs, dont Boonen, mais qui n’est pas près de tomber, tant la course est exigeante.


Ce qui lui manque :


Difficile, encore une fois, de trouver un élément manquant au palmarès du rouleur suisse. Pourtant, au vu de ses qualités, de sa polyvalence et de sa lecture des courses, l’ancien coureur de Trek aurait pu s’offrir une performance absolument prodigieuse de l’histoire du cyclisme. Quadruple porteur du maillot irisé sur le contre-la-montre, Cancellara aurait pu devenir le premier porteur des deux maillots au 21e siècle s’il s’était imposé sur la course en ligne. Évidemment, ce n’est qu’un « si », mais il n’est pas si hypothétique qu’il n'y paraît. 5e en 2009 à 30 secondes de Cadel Evans, 4e en 2011, 10e en 2013 à 34 secondes de Rui Costa, ou 11e en 2014 à 7 secondes de Kwiatkowski, il était régulièrement dans le coup pour la gagne, et n’a pas su ou pu placer l’attaque décisive comme l’ont fait le Portugais et le Polonais.


Cela peut paraître tiré par les cheveux, mais un succès sur les mondiaux était sûrement à la portée du Suisse, qui aurait plus que jamais marqué l’histoire de son sport pour des décennies : disputé depuis 1994 aux mondiaux, le contre-la-montre est resté vierge des monstres que pouvaient être Eddy Merckx ou Bernard Hinault, entre autres. Un seul coureur a réussi cet exploit : l'Espagnol Abraham Olano, vainqueur en 1995 en ligne et en 1998 sur le chrono. Deux coureurs s'en sont approché: Laurent Jalabert, champion sur le chrono en 97 et 2e sur route en 92, et Miguel Hindurain, vainqueur sur le chrono et 2e sur route en 95. Mais au 21e siècle, personne n'a approché ce graal plus que le Suisse.


Ses records :


- 5e meilleur spécialiste du contre-la-montre dans le Tour de France (7 victoires)

- Recordman de victoires en chrono au 21e siècle (57)

- Record du nombre de victoires JO ITT (2)

- Co-recordman du nombre de victoires Tour des Flandres (3)

- Co-recordman du nombre de victoires aux mondiaux de contre-la-montre (4)

- Record de victoires sur les Strade Bianche (3)

Son palmarès (non exhaustif) :


1er Jeux Olympiques de contre-la-montre (2008 et 2016)

1er Championnats du monde de contre-la-montre (2006, 2007, 2009 et 2010)

1er Tour des Flandres (2010, 2013 et 2014)

1er Paris-Roubaix (2006, 2010 et 2013)

1er Milan-San Remo (2008)

1er Grand Prix E3 (2010, 2011 et 2013)

8 étapes du Tour de France, dont 7 contre-la-montre

88 victoires en Pro

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