top of page

Mathieu Burgaudeau (TotalEnergies) : « Pour l'instant, je ne mérite pas ma place sur le Tour de France »

Aligné sur le Critérium du Dauphiné 2025, Mathieu Burgaudeau a connu une saison 2025 compliquée. Depuis deux ans, il enchaine les blessures et peine à retrouver son niveau de 2022, où il avait gagné une étape sur Paris-Nice. Il s’exprime pour Vélofuté et rassure sur ses sensations actuelles. Entretien.

Mathieu Burgaudeau

Comment te sens-tu avant de commencer le Dauphiné ?

Je me sens bien. J'ai fait un stage en altitude tout le mois de mai avec l'équipe en Sierra Nevada. Et ça m'a fait beaucoup de bien. Je sens que la forme monte crescendo. C'est une période que j'aime beaucoup aussi. Donc j'ai hâte d'être au Dauphiné et de courir cette course.

 

Tu as eu pas mal de pépins depuis 2022 (clavicule, infection bactérienne). Comment est-ce que tu vis avec ça ? Est-ce que là, tu te sens en pleine possession de tes moyens ou comment ça se passe ?

Oui, c'est vrai qu'en plus, cette année, j'ai énormément eu de problèmes d’asthme. J'ai eu plusieurs fois des crises d’asthme en pleine course. C'est vrai que c'était vraiment compliqué. Je suis content d'avoir eu ça derrière moi et de pouvoir enfin évoluer à mon niveau. En tout cas, je suis confiant pour les courses qui arrivent. Je me sens vraiment bien et je ne suis plus embêté. Depuis 3 ou 4 ans, j'ai très souvent eu des pépins physiques. Ce n'est pas facile à gérer, mais c'est comme ça. Chaque fois, je m'en suis quand même sorti.

 

Comment est-ce que tu t'en es débarrassé ?

Souvent, les cyclistes, au fur et à mesure de leur carrière, font de l'asthme. On fait tellement d'efforts intenses, parfois dans des endroits pollués, qu'à force, ça peut se développer. J'ai eu un traitement qui a bien marché. Maintenant, j'ai un traitement de fond aussi pour prévenir ça.

 

Concernant ta saison 2025, elle est un peu compliquée, avec des abandons et une 24e place sur l’Amstel comme seul résultat intéressant. Quel bilan tires-tu ?

Le bilan n'est pas bon, clairement. Je n'ai pas fait de résultats. Mais, je sais pourquoi.

Je ne trouve pas d'excuses. Je sais très bien que depuis le début de la saison, je n’ai jamais été à 100% de mes moyens. C'est normal qu'il n'y ait pas de résultats. Mais là, je suis serein pour la semaine qui arrive. C'est ce qui compte.


"Je suis conscient que cette saison, je n'ai pas été à la hauteur de ce que l'équipe attend de moi. Ça, je n'ai pas besoin qu'on me le dise."

 

Sachant qu'on arrive quand même sur deux objectifs plus que majeurs pour l'équipe et pour toi. Le Dauphiné et probablement le Tour. Comment est-ce que tu les abordes ?

On a une équipe assez complète avec des coureurs qui sont capables de performer un peu partout. J'ai besoin de faire un bon Dauphiné pour montrer à l'équipe que mon niveau, ce n'est pas ce qu’ils ont vu depuis le début de saison. En tout cas, je sais que je suis à des années lumières de mon vrai niveau et ma place sur le Tour n’est pas assurée. J'ai vraiment hâte de pouvoir m'exprimer correctement.

 

Tu as dit que ta place sur le tour n'était pas assurée. Mais à quel point est-ce le cas ?

Il n'y a pas eu d'échange avec la direction sportive. Mais je suis conscient que cette saison, je n'ai pas été à la hauteur de ce que l'équipe attend de moi. Ça, je n'ai pas besoin qu'on me le dise. C'est les chiffres qui le montent, c'est le résultat. Moi, dans ma tête, pour l'instant, je ne mérite pas non plus ma place. Il y a d'autres coureurs qui ont performé, qui marchent bien. Par rapport à ça, je ne peux pas me dire que oui, j'y serai à 100%. Mais dans ma tête, je fais comme si j'y allais. Après, c'est aussi que je sais très bien qu'en début de saison j’ai plus de mal en raison de la météo. J’ai du mal quand il fait froid, je préfère les fortes chaleurs.

 

Si tu fais le Tour de France, tu viserais une victoire d'étape ? Tu n’es pas passé loin en 2023 (2e de la 12e étape puis 3e de la 15e). Est-ce qu'il y a des étapes que tu as cochées ?

Oui, forcément, si je vais sur le Tour, ça sera évidemment pour viser les étapes et rien d'autre. C'est vraiment mon objectif. Et j'espère vraiment réussir à atteindre ce que je veux faire rapidement.

 

Et justement, ces deux podiums d'étapes sur le Tour, est-ce que tu les vis avec frustration ou avec beaucoup de fierté et de satisfaction d'avoir existé face à des tels coureurs ?

Ni l'un ni l'autre. Moi, je suis plus... Non, je n'ai pas vraiment de retour là-dessus en fait. C'est fait, c'est passé. J'ai été à la fois près mais aussi loin de la victoire. À chaque fois, quand je suis battu par Ion Izaguirre, il fait un numéro, je suis clairement battu. Quand je suis troisième, je suis battu par les deux Wout [Poels et Van Aert, ndlr]. C'est pareil, ils finissent loin devant. Donc, j'étais là, j'étais dans le jeu, mais à chaque fois, je tombais sur plus fort.

 

Souvent, les échappés sur le Tour, on tombe sur de gros clients, c'est des échappés où il y a des mecs du général qui ont perdu beaucoup de temps. Ils se rabattent sur les étapes. Il faut être le plus fort de cette journée-là et pour être le plus fort de cette journée-là, il faut vraiment être très fort. Il faut être en super forme, courir juste, avoir les bonnes circonstances de course. C'est tellement un facteur qui rentre en ligne de course. L'expérience aussi. Il faut savoir comment ça court, comment ça réagit. Je sais qu'il y a beaucoup d'opportunités en deuxième et troisième semaine avec la fatigue. Pour des coureurs comme moi, c'est vraiment les meilleurs moments à saisir.


"Ce qu'on retiendra dans dix, vingt ans, ce ne sera pas la huitième place je ne sais pas où en Belgique ou quoi. Ce sera la victoire sur une belle course ou le fait d'avoir fait un numéro."

 

Le Tour de France est une énorme source de points UCI. Faire deuxième, c'est 150 points, donc c'est plus qu'une victoire en classe 1. Est-ce que ça, c'est quelque chose qui est dans votre tête ou pas du tout ?

On ne compte pas après les points ici. Clairement, on n'a pas... Vous pouvez le voir, déjà, au classement, on est loin. On sait très bien qu'on n'ira pas en World Tour. Bien sûr, c'est important de faire des résultats. C'est toujours important d'être présent dans les courses, mais mon idée à tout prix, c'est vraiment de gagner les courses. Ce qui compte dans le vélo, ce n'est pas d'avoir fait cinquième, je ne sais pas où. Ce qui compte, c'est vraiment de gagner, de jouer pour gagner, de tout donner à 100%, de ne pas avoir de regrets, parce que ce qu'on retiendra dans dix, vingt ans, ce ne sera pas la huitième place je ne sais pas où en Belgique ou quoi. Ce sera la victoire sur une belle course ou le fait d'avoir fait un numéro. C'est tout ce qu'il y a. Il n'y a rien de plus frustrant que de ne pas avoir été au bout de ses idées.

 

Tu es en fin de contrat cette année et tu n'as pas de contrat pour l'année prochaine à ce stade. Est-ce qu'il y a une volonté de rester et des discussions entamées ?

Je ne me pose pas de questions par rapport à ça parce que je sais ce que je vaux et je sais ce que les équipes pensent de moi même si cette année, ça n'a pas été une bonne saison. Mais on n'est qu'à la moitié et il y a encore de quoi faire. Donc non, il n'y a pas du tout d'inquiétude là-dessus.

 

Et ton ambition, c'est de rester dans l'équipe ?

Oui, après, je n'ai pas eu de discussion particulière avec aucune équipe. Pour l'instant, je reste focus sur le sportif et on verra plus tard.

  • X
  • Facebook
  • Youtube
bottom of page