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Juan Ayuso signe chez Lidl Trek ! Un transfert aux multiples conséquences

On le savait depuis maintenant plusieurs mois, Juan Ayuso n'était plus heureux chez UAE et souhait quitter le navire pour enfin s'émanciper en tant que leader absolu. C'est chose faite puisque l'Espagnol de bientôt 23 ans va rejoindre la formation américaine Lidl Trek. Son départ change beaucoup de choses, que ce soit pour UAE, pour Lidl Trek mais aussi pour l'avenir. On vous parle d'un départ aux multiples conséquences.


Juan Ayuso signe chez Lidl Trek ! Un transfert aux multiples conséquences

Après plusieurs mois de rumeurs, la nouvelle est finalement tombée, de façon brutale, lundi 1ᵉʳ septembre, lors de la journée de repos. Un timing qui interroge, et qui a surpris le principal intéressé : « Nous étions d’accord pour communiquer après la Vuelta. J’ai appris la sortie du communiqué 30 minutes avant, et on m’a dit que j’avais de la chance, car la deuxième version était bien plus avantageuse. » Une manière de faire particulière, qui selon ses mots, ressemblait à « une dictature ». Résultat : contrat rompu par les deux parties.


L’information essentielle, c’est qu’Ayuso se retrouvait libre pour la fin de saison. L’équipe qui souhaite l’enrôler n’a donc aucune indemnité à verser. Une opportunité en or pour de nombreuses formations.

La Movistar s’est logiquement montrée intéressée, selon les propos d’Eusebio Unzué. L’équipe cherche en effet un grand leader espagnol depuis le départ d’Alejandro Valverde. Mais elle n’était pas en mesure de rivaliser avec Lidl–Trek. Même constat pour la formation XDS Astana d’Alexandre Vinokourov, qui manifeste son intérêt depuis un an, sans jamais convaincre.

C’est donc l’équipe américaine qui a raflé la mise. L’arrivée d’Ayuso chez Lidl Trek a été officialisé ce jeudi et va répartir les forces de manière un peu plus équitable, même si l'on est très loin de l'équilibre. Elle servira aussi d’avertissement pour les jeunes coureurs ambitieux.


Juan Ayuso signe chez Lidl Trek, qu'est ce que ca change ?

Depuis l’arrivée du sponsor Lidl, la formation historique Trek a changé de dimension, au point de faire partie depuis deux saisons du top 4 mondial. Elle est devenue une véritable superteam, capable de remporter de nombreuses courses, mais qui peine encore à décrocher un Grand Tour, et surtout un Monument, malgré la présence de Mads Pedersen. Au sprint, l’équipe figure désormais dans l’élite grâce à Jonathan Milan. Sur les classiques, elle s’appuie sur Pedersen et même Giulio Ciccone, qui compte déjà deux podiums sur les Monuments. En revanche, sur les Grands Tours, le bilan restait bien maigre.


meilleure place d'un coureur Lidl Trek au CG d'un GT

En effet, Lidl–Trek n’a signé qu’un seul top 10 sur les huit derniers Grands Tours. Très loin des attentes pour une équipe de ce calibre, qui compte pourtant dans ses rangs Mattias Skjelmose, Giulio Ciccone ou encore Tao Geoghegan Hart, ce dernier enchaînant déboires et déceptions.

L’arrivée de Juan Ayuso représente donc une vraie plus-value, capable de faire franchir un cap à Lidl–Trek, notamment au-delà de la Vuelta, qui est paradoxalement la course de trois semaines qui leur “réussit” le mieux. Avec Ayuso, l’équipe passe du statut de candidate au top 10 à véritable prétendante au podium, voire à la victoire finale. Elle pourra aussi mieux répartir ses forces et libérer un Ciccone, qui rêve de devenir le premier coureur à remporter le maillot de meilleur grimpeur sur les trois Grands Tours. On peut imaginer, dès 2026, une répartition claire : Ayuso doublant Tour et Vuelta (avec un départ du Tour d’Espagne particulièrement symbolique), Ciccone visant le Giro pour le général puis la Vuelta pour jouer le maillot de grimpeur tout en épaulant Ayuso, et Skjelmose se concentrant sur les courses d’une semaine et un rôle d’équipier de luxe sur le Tour.


La signature de l’Espagnol implique néanmoins une réorganisation complète des compositions sur les Grands Tours, autrefois très orientées vers Jonathan Milan ou Mads Pedersen. Il faudra désormais partager les forces entre un train pour le sprinteur et une garde rapprochée pour Ayuso. On peut imaginer trois coureurs autour de Milan, quatre pour Ayuso, et deux avec Pedersen. Dans ce contexte, voir Jonathan Milan aligné sur le Tour en 2026 paraît peu probable. L’Italien devrait plutôt se tourner vers son Tour national, tandis que Pedersen garderait plus de chances d’être sélectionné sur la Grande Boucle.


Un départ d'UAE Team Emirates qui libère de la place

Si sportivement, la perte d'Ayuso est évidemment non négligeable, lui qui a remporté rien qu'en 2025 une course par étape WT et deux étapes en GT, cela a le mérite de libérer de la place et de s'acheter un peu de tranquillité. L'Espagnol était le leader qui désirait le plus être leader mais d'autres vont vouloir prendre sa place, à commencer par Isaac Del Toro. Ses performances de 2025 vont lui permettre de récupérer la place du nouveau leader de la Lidl Trek. Avec un Tadej Pogacar surpuissant et omnipotent, il reste peu de place pour les autres qui auront ce que le Slovène leur laisse. Et Almeida a montré qu'il meritait le statut de leader sur un GT tout comme Del Toro mais cela fonctionne tant que Pogacar ne fait qu'un GT par an. D'autant qu’un Adam Yates pourrait aussi prétendre à ce statut. L'avantage est qu'il semble lassé par les courses de trois semaines, en particulier le Tour, mais son équipe voudra toujours l'emmener là bas. On peut donc s'attendre en 2026 à voir Del Toro leader du Giro ou de la Vuelta et Almeida doubler le Tour en soutien de Pogi avec un des deux autres GT. Mais le problème c'est que d'autres poussent à la porte alors si l'embouteillage semble relgé pour 2026, serait-ce le cas au delà ? Rien n'est moins sûr.


Les limites d'un système de recrutement

Le cas Juan Ayuso a surtout mis en lumière les limites du système UAE, qui consiste à recruter et sécuriser plusieurs grands talents chaque année. Le schéma est simple : le coureur signe dans l’équipe de développement ou très jeune directement dans l’équipe WorldTour, puis, s’il brille rapidement, il obtient un contrat très longue durée de cinq ans. Sauf qu’en cinq ans, il peut se passer beaucoup de choses. De nouveaux coureurs peuvent émerger sur la période. Ayuso en est l’exemple parfait.

En 2022, il monte sur le podium de la Vuelta à 19 ans, devenant le plus jeune coureur du XXIᵉ siècle à y parvenir, et le deuxième de l’histoire. Dans le même temps, Pogacar perd sa couronne sur le Tour de France. À ce moment-là, UAE doit trouver des solutions pour inverser la tendance, et Ayuso semble être la réponse. Sauf qu’en l’espace de deux ans, Tadej Pogacar est redevenu complètement injouable sur tous les terrains. Résultat : les autres n’ont quasiment plus d’espace et doivent se contenter des miettes. Aucun Monument n’est accessible, puisque Pogacar participe aux cinq la même année en 2025, et il vise un, voire deux Grands Tours, sans parler de son objectif de doublé aux Mondiaux.

Globalement, la situation est bouchée pour les coureurs ambitieux qui souhaitent choisir leur calendrier. Le départ d’Ayuso devenait donc inévitable. Mais avec un contrat aussi solide, il a fallu une solution radicale, qu’il a finalement réussi à obtenir.


Ce cas doit servir d’avertissement pour tous les jeunes coureurs ambitieux : rejoindre UAE Team Emirates peut sembler attractif pendant un ou deux ans, mais tant que Pogacar est là, ce sera une véritable bataille. C’est aussi une leçon pour l’équipe émiratie, qui devra peut-être limiter la durée de ses contrats et arrêter de signer chaque année deux, trois, voire quatre immenses talents.

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