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Interview de Marion Hérault-Garnier : « Le Chrono des Nations 2025, un modèle atypique mais sain »

Présidente du Chrono des Nations depuis l'an passé, Marion Hérault-Garnier est bien occupée. Speakerine sur le Tour de France Femmes, elle espère que l'édition 2025 du Chrono sera encore un franc succès, et compte sur plusieurs têtes d'affiche pour assurer le spectacle. A une semaine du Chrono, elle est revenue pour Vélofuté sur le modèle atypique de la course, sa préparation et les coulisses de l'épreuve.


Chrono des Nations 2025

Comment vous sentez-vous à une semaine de l’événement, où est-ce que vous en êtes ?

Ça va, c'est maintenant beaucoup d'impatience et d'excitation, parce que ça fait pas mal de mois maintenant qu'on travaille dessus. Le Chrono des Nations, on se laisse un petit mois de relâche après la course et puis on repart. On a hâte d’y être et de voir se concrétiser un an de travail avec toute l'équipe.

 

Comment on prépare un événement comme le Chrono des Nations 2025, toujours au même endroit, avec un circuit qui, entre guillemets, varie peu ?

Disons qu'il y a une certaine routine. J'ai la chance d'avoir une super équipe à mes côtés. Mon rôle en tant que Présidente, c'est qu'avec la concurrence qu'on a à côté et notre modèle économique un petit peu atypique, de faire en sorte que tout se passe bien et de donner les lignes directrices. Et puis après, les équipes savent ce qu'elles ont à faire.

Ça va être la gestion des prestataires, de tout ce qui est arrêtés municipaux ou préfectoraux. C'est vrai que même si notre parcours ne change pas, il faut toujours faire la demande.

 

Après, même si on reçoit des bulletins d'engagement très tôt dans l'année, la grosse phase actuellement qui occupe la commission de course, c’est de réaliser les sélections de coureurs. On reçoit pas mal de demandes, notamment chez les jeunes, et on n'a malheureusement pas la place pour tout le monde.

 

Les nouveautés, vous pouvez nous en dire plus ? 

On a décidé de travailler avec une agence de presse pour améliorer la médiatisation de l’épreuve, c'est-à-dire que le savoir-faire qu'on a maintenant, on veut le faire connaître. Le parcours ne change pas ou peu. Là, on a un changement de rue au niveau du pointage intermédiaire, quasiment du côté de Saint-Paul-en-Paris, mais c'est parce que c'est qu'il y a des travaux.

 

Cette année, on a axé la semaine sur la mobilité, c'est-à-dire qu'on met en place des parkings à vélo et qu'on incite les gens à venir différemment, parce que c'est une thématique qui est très importante et dans l'air du temps, c'est une préoccupation qu'on se doit d'avoir.

 

Vous avez évoqué un modèle économique un peu atypique. C'est vrai que le Chrono des Nations, ce n’est pas seulement le chrono élite. Pouvez-vous nous l’expliquer ?

Oui, on ne peut même pas parler que de la course homme, parce que le Chrono, c'est homme et femme dans toutes les catégories, avec une égalité des grilles de prix, et ce depuis des années. Ce n'est absolument pas qu’une course élite homme et on a vraiment à cœur de permettre aussi à des jeunes de se confronter aux meilleurs de toutes les nations dans ce contre-la-montre.

 

Pour le modèle économique, quasiment dès la création de l’épreuve, on a lancé une foire commerciale. Des artisans, principalement du bocage, mais pas que, viennent pour exposer. C'est un modèle économique intéressant, parce qu'au-delà du soutien indispensable de nos partenaires, qu'ils soient publics ou privés, on a aussi, grâce à cette foire commerciale, des revenus qui nous permettent, en partie, de financer l’événement.


"On a des contacts en direct avec de très grands champions qui sont venus dans les plus jeunes catégories, qui ont apprécié le fait de courir avec les élites à l'époque quand eux étaient dans les plus jeunes catégories, qui ont apprécié la manière dont ils ont été accueillis"

 

A chaque fois que l’on interroge les organisateurs de course, la question du budget est toujours brûlante, parce que les coûts augmentent, etc. Est-ce que vous, grâce à ce modèle économique atypique, vous avez un modèle sain et pérenne ?

On est concerné au même titre que tout le monde. C'est-à-dire que oui, cette année, on perd des subventions publiques. C'est le cas d'ailleurs pour tous les événements en Pays-de-la-Loire. On perd les subventions de la région. On a la chance que ça se maintienne au niveau de la ville et du département. Mais pour combien de temps ? On ne sait pas. On ne sait jamais ce qui peut se passer demain. D'un point de vue partenariat privé, cette année, on a une baisse, parce que le contexte économique n'est clairement favorable pour personne. Donc oui, on est comme tout le monde. Après, on s’est imposé une réelle rigueur. C'est-à-dire qu’on regarde aussi aux dépenses. Cette année, on fait le choix de ne pas organiser de soirées. L'année dernière, on a fêté les 40 ans de la foire. Il y a régulièrement des soirées.

 

Cette année, on n'en fait pas parce qu'on veut aussi être prudent, mais on n'a pas le couteau sous la gorge, comme malheureusement certains organisateurs. Nous, on a une gestion de trésorerie qui est très... Pas stricte, mais oui, on fait la chasse à n'importe quelle dépense. On a une super trésorière qui est très vigilante par rapport à tout ça. On a un bilan positif tous les ans. L’année dernière était même très positive pour ma première année de présidente. Mais le bénéfice qu'on a eu l'année dernière nous permet aussi de voir venir et d'avoir une trésorerie saine.

 

Vous êtes la seule course de chrono pure du calendrier, et c’est une spécificité importante : les organisateurs des autres courses invitent des équipes et donc, ce sont des équipes qui se déplacent avec plusieurs coureurs et des équipes qui organisent tout. Là, vous invitez des coureurs, finalement. Donc, comment ça se passe ?

C'est vrai qu'au fil des années, on a créé un bon réseau de contacts. Ça passe quand même souvent par les équipes. Après, quand les équipes ne jouent pas le jeu, on passe aussi en direct avec les coureurs. Et puis, notre force aussi, elle peut résider justement dans les coureurs qui sont au palmarès de notre épreuve.

Après on discute beaucoup, ce n’est pas facile vu notre place au calendrier. Certains coureurs sont fatigués, d’autres tombent malades. On perd souvent des têtes d'affiche à cause de ça. Très clairement. Et c'est dommageable. Mais c'est très compliqué. Quand on est le 19 octobre et que c'est la fin de saison et que tout le monde est fatigué et a envie de partir en vacances, c’est compliqué. Mais voilà, on a des contacts en direct avec de très grands champions qui sont venus dans les plus jeunes catégories, qui ont apprécié le fait de courir avec les élites à l'époque quand eux étaient dans les plus jeunes catégories, qui ont apprécié la manière dont ils ont été accueillis, qui ont apprécié le contact avec les bénévoles et ce qui fait qu'on a des contacts privilégiés en direct avec certains et avec certaines.

"J'étais en contact avec Marlen Reusser et puis finalement, elle m'envoie un message : « on arrête tout. Je suis malade, je n'arrive pas à me nourrir ». C'est dommage"

Pouvez-vous nous dire, par exemple, quelles têtes d’affiche manquent à l’appel ?

C’est compliqué, car ça se joue parfois au dernier moment. On a annoncé Pierre Latour par exemple, et là on apprend qu’il a chuté à l'entraînement. Aujourd'hui, médicalement, il prévoit d'être là, mais on n'en sait pas plus et tout est un petit peu comme ça. J'étais en contact avec Marlen Reusser et puis finalement, elle m'envoie un message : « on arrête tout. Je suis malade, je n'arrive pas à me nourrir ». C'est dommage. Maëva Squiban, pareil, mais elle est tombée malade au Rwanda. Elle est en train de me dire « j'ai quand même très envie de venir, mais je ne sais pas si l'équipe acceptera parce que j'ai coupé ».

 

Chez les hommes, le palmarès est vraiment prestigieux.

Même si ça ne parle pas toujours au grand public, parce qu'on est sur une affaire de spécialistes. J’aimerais l’annoncer, mais non, on n'aura pas Tadej Pogacar. Remco, typiquement, il doit gagner le Chrono des Nations une fois dans sa carrière. Il l'a même annoncé. Philippo Gana aussi. Je l'ai encore vu au championnat d'Europe la semaine dernière. On en a parlé. Soit il est en stage, soit il part aux championnats du monde sur piste.

 

Ça vous arrive de refuser des coureurs également ?

Ça peut arriver, oui. Là, je ne sais plus quel coureur, mais il n’avait pas fait de chrono depuis 10 ans et il voulait faire sa dernière course chez nous. Mais ça ne peut pas se passer aussi facilement, il faut aussi qu'il y ait une certaine cohérence. Après, ça fonctionne à l'histoire aussi, quand on voit le petit frère Hayter qui, au mois d'août, dit qu’il a fait un burn-out, qu’il a arrêté pour se soigner et qu’il veut reprendre le vélo. Il aimerait faire le chrono mais n’a pas d’équipe, mais il y a une belle histoire derrière, ça lui permettra peut-être de le remettre en selle.

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