Giro 2025 🇮🇹 - Etape 16 : Parcours, profil et favoris à San Valentino
- Thibaud Chambre
- il y a 3 jours
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 12 heures
Rangez les hors-d'œuvres, le plat de résistance va être servi. La mise en bouche de dimanche à Asiago annonçait les grandes cuvées de ce mardi. La 16e étape du Giro d'Italia 2025 est un véritable vin rouge de caractère : riche et puissant. Une équipe sous l'ivresse des hauteurs pourrait être tenté de, déjà, renverser ceux qui se sont assis à la table des prétendants de cette 108e édition. Au lendemain d'une journée de repos, certains devraient sortir de table plus tôt que prévu.

Date de l'étape 16 du Giro d'Italia 2025 : mardi 27 mai
Horaire de l'étape 16 : départ à 11 h 20 et arrivée estimée à 17 h 10
Diffusion TV / Retransmission : Eurosport Max 1
Sur 2023 kilomètres, les coureurs devront affronter 4 700 mètres de déclivité pour reprendre la troisième et dernière semaine de ce Giro d'Italia 2025. L'étape des dolomites ladines a tout du décor pour faire imploser la course avant les plus grandes hauteurs en fin de semaine.
Profil de l'étape 16 du Giro 2025

Analyse du parcours de l'étape 16 du Giro 2025
Les grimpeurs auront du soucis à se faire au départ de Piazzola sul Brenta, si un groupe composé de coureurs comme Wout van Aert, Mattia Cattaneo, Mathias Vacek ou Joshua Tarling se décidaient à prendre quelques mètres d'avance. Les reliefs en faux plat montant avantageront les gaziers, tout en favorisant la loterie des chanceux qui réussiront à faire faux-bond au peloton. Seulement, les grandes lignes droites au moins 3 kilomètres n'aideront pas à prendre plus d'une vingtaine de secondes, si tel est le cas.

Pour espérer tenter le coup sur le plat, il faudra peut-être plutôt attendre Thiene et son enchainement de sept ronds-points qui favoriseront les cassures dans le peloton. Si la mission n'est pas réussie, alors une équipe non représentée aux avants-postes relancera constamment sur des longues avenues, où il est impossible de ne pas être en ligne de mire.

Probablement qu'une fois de plus, l'heure de course devra être dépassée pour que l'échappée obtienne son bon de sortie. Ce qui fait que les coureurs seront en attente du Carbonare (12.9 kilomètres à 4.6 %). Toute la question sera de savoir si une équipe, comme la Ineos Grenadiers, ultra-agressive sur la deuxième semaine, tentera de mettre des pions à l'avant. Non pas pour aller chercher un gain d'étape, mais pour servir de point d'appui par la suite, avant une attaque de Thymen Arensman ou d'Egan Bernal.

Il faut dire que la suite du menu sera bien plus corsé, à commencer par la montée de Candriai (10.1 kilomètres à 7.6 %). Situé à mi-course, il apparait néanmoins peu probable que l'équipe Britannique y esseule déjà ses deux leaders.
Toute cette portion à mi-course devrait être favorable aux échappées. Les fuyards devront nécessairement y prendre du temps sur le peloton des leaders, pour entrevoir la victoire au sommet de San Valentino. D'abord, parce que si la portion descendante qui suit peut être prolongée sur 16 kilomètres ; il faudra compter uniquement sur ses six premiers kilomètres pour profiter des portions techniques. Difficile dans de telles conditions d'y voir des grandes manœuvres. D'autant que la portion non répertoriée avec le sprint intermédiaire de Cavedine aura des allures de faux plat montant.
En théorie, les trois premiers quarts de la course ne devraient voir aucune offensive de leaders du classement général. Une affirmation que l'on doit fatalement mettre au conditionnel. Les Ineos Grenadiers nous ont prouvé qu'ils utiliseraient la moindre occasion pour tenter d'émailler le peloton, même sur des reliefs où cela paraissait impossible. L'attaque du Monte Grappa en est un exemple criant. Sur le Santa Barbara (12.7 kilomètres à 8.3 %), la question sera toute autre. Si les hommes de Zak Dempster et Leonardo Basso sont plutôt dans l'attente, alors toute pointe vers une autre équipe.
La Bahrain-Victorious d'Antonio Tiberi et Damiano Caruso pourrait tenter le coup de force dans la descente qui suivra. Rapide et technique, en cas de revêtement détrempé, les meilleurs descendeurs pourraient mettre en difficulté des hommes en peine.

Description de la montée finale de l'étape 16 du Giro d'Italia 2025
Dans une journée caractérisée par les montées et les descentes, il n'est pas rare que la course se résume à une attente de la montée finale. Le Passo San Valentino (18.2 kilomètres à 6.1 %) jugé en plusieurs paliers a tout pour faire suffisamment peur et cristalliser l'action jusque son pied.
10.3 kilomètres de l'arrivée : le KM Red Bull sera-t-il une carotte suffisante pour encourager l'anticipation des mouvements ?

8.9 kilomètres de l'arrivée : la pente va se raidir brutalement. Dès à présent, et ce sur 4 kilomètres 100, les pourcentages avoisineront les 9.7 % de moyenne (max : 14.4 %).
4.6 kilomètres de l'arrivée : radoucissement de la pente à 6.3 %

3.2 kilomètres de l'arrivée : début d'une portion descendante où les coureurs pourront souffler légèrement.

2 kilomètres de l'arrivée : fin de ladite courte descente, qui pourrait faire du mal à un coureur habitué à lisser son effort, comme c'était le cas pour Derek Gee, sur le Plateau des Glières, lors du Critérium du Dauphiné 2024.

900 mètres de l'arrivée : reprise de pourcentage moyen à 9.3-9.4 %.

300 mètres de l'arrivée : la pente va s'aplanir à 2.8 %

Vue depuis la ligne d'arrivée

Descriptif des points distribués tout au long de l'étape 16 du Giro d'Italia 2025
Secteurs | Maglia Azzurra | Maglia Ciclamino |
Traguardi Volanti Piovene Rocchette | 12-8-6-5-4-3-2-1 | |
Carbonare (2 cat) | 18-8-6-4-2-1 | |
Candriai (1 cat) | 40-18-12-9-6-4-2-1 | |
Traguardi Volanti Cavedine | 12-8-6-5-4-3-2-1 | |
Santa Barbara (1 cat) | 40-18-12-9-6-4-2-1 | |
San Valentino (1 cat) | 50-24-16-9-6-4-2-1 | 15-12-9-7-6-5-4-3-2-1 |
Point météorologique de l'étape 16 du Giro d'Italia 2025
Pour cette 16e étape, le vent dépassera rarement les 10 km/h. Il sera d'ailleurs globalement inexistant. Cependant si sa puissance devait à évoluer, il est à noter qu'il sera défavorable à partir de Trento.

Le véritable élément qui pourrait faire basculer la course, c'est la pluie. Les risques d'averses seront bel et bien présents toute au long du parcours. Ce qui pourrait rendre la première journée, de cette troisième semaine, totalement explosive.

Les favoris de l'étape 16 du Giro 2025
Pour résister au souffle des leaders, il faudra être un grimpeur patenté, comme Romain Bardet, en quête d’une victoire d’étape pour compléter le triptyque des trois Grands Tours, ou comme Lorenzo Fortunato, qui partira à la chasse aux points pour consolider son avance au classement du maillot azzurro. En prenant l’initiative d’attaquer dans le Monte Grappa, Egan Bernal a annoncé la couleur. Il faudra compter sur son équipe pour animer la course. Hors de question, pour les Grenadiers, de reproduire les erreurs de leurs aînés. Le temps est révolu où l’on attendait la dernière montée, de la dernière étape, de la dernière semaine. Déjà animateurs à deux reprises, mais jamais récompensés de leurs efforts, les compagnons du Colombien feront tout pour qu’un des leurs monte sur le podium. Et sur cette 16e étape, le terrain si prête avec aucune plaine entre les deux dernières ascensions. Le scénario que l'on priorise est donc celui des leaders qui se jouent la gagne mais il ne faut pas exclure que des grimpeurs costauds de l'échappée matinale s'imposent.
Seulement, la tâche s’annonce rude. Les UAE Emirates ont la mainmise sur le classement général, avec Isaac del Toro, porteur du maillot rose, et Juan Ayuso en embuscade. La situation est rêvée, et il ne tient qu’aux hommes managé par Mauro Gianetti de perdre cette Corsa Rosa. Si le Barcelonais était le leader désigné au départ de cette 108e édition, le Mexicain s’est imposé, au fil des jours, comme un candidat crédible, qu’il ne faut désormais plus prendre à la légère. Nul ne saurait encore dire quelles sont les limites d’un coureur qui ressemble à s’y méprendre à Tadej Pogačar. Adoubé par ce dernier, « Torito » pourrait voir ses ambitions de janvier devenir réalité. L’inconnu plane encore sur sa capacité à encaisser les enchaînements de cols et les journées à fort dénivelé. Toutefois, une chose est sûre après deux semaines de course : le natif d’Ensenada n’a montré aucune faiblesse. Si ce n’est les contraintes imposées par son rôle d’équipier, qui l’ont bridé à maintes reprises. Muselé, del Toro n’a pu grappiller davantage de temps, ni sur ses adversaires, ni surtout sur son propre leader, qui le devance de 1’26’’. Une éternité sur le plat, un maigre pécule en montagne.
Les UAE Emirates ont donc plus d’un atout dans leur manche. À eux de bien les jouer. Richard Carapaz, vainqueur du Giro 2019, est apparu comme l’un des trois hommes les plus forts et reste l’un des rares capables de tenter le coup de bluff qui renverserait le cours de la course à son avantage. Si des incertitudes planent sur la condition de Juan Ayuso ou sur la capacité d’Isaac del Toro à tenir la distance, une constante demeure : l’Équatorien se bonifie avec le temps. La troisième semaine est taillée pour le coureur de l’équipe EF Education-EasyPost, tant pour ses qualités de grimpeur que pour sublimer le parcours par de grandes envolées lointaines. Des offensives dont Damiano Caruso est un adepte, et qui lui avaient permis d’aller chercher la deuxième place en 2021. La chute d’Antonio Tiberi à Gorizia pourrait rebattre les cartes au sein de Bahrain Victorious, qui jusqu’ici roulait à 100 % pour le natif de Frosinone. Le Monte Grappa n’aura pas été qu’une alerte, mais aussi un desserrement de l’étreinte qui pesait sur son capitaine de route.
Enfin, comment ne pas mentionner Giulio Pellizzari face aux déboires de Primož Roglič ? Le Slovène, au moment de l’écriture de ces lignes, reste incertain quant à sa participation à la troisième semaine. Ses nombreuses chutes lors de la deuxième semaine ont eu raison de son physique. Meurtri à l’épaule et à la cuisse, le vainqueur du Giro 2023 était en perdition sur l’étape d’Asiago. L’heure pourrait être au lâcher de lest du côté de Red Bull – Bora-Hansgrohe. L’Italien aurait alors carte blanche pour enfin tenter sa chance. L'autre grimpeur en forme, c'est évidemment Lorenzo Fortunato. L'Italien a tellement d'avance au classement de la montagne qu'il va pouvoir, durant cette dernière semaine, se concentrer sur une victoire d'étape même si il a reconnu vouloir passer en tête des cols mythiques.
⭐ ⭐ ⭐ Isaac del Toro
⭐ ⭐ Richard Carapaz - Juan Ayuso
⭐ Egan Bernal - Lorenzo Fortunato - Giulio Pellizzari