Florian Sénéchal - Alpecin Premier Tech : « Amener Van der Poel le plus haut possible »
- Romain Bougourd
- il y a 3 minutes
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Retour aux sources pour Florian Sénéchal, qui revient en Belgique chez Alpecin-Premier Tech après deux ans chez Arkea-B&B Hôtels. S’il n’a pas été en réussite en Bretagne, il reste ambitieux pour accompagner Van der Poel, Philipsen and co. sur les classiques et les sprints. Entretien.

Comment tu te sens aujourd’hui, après ces deux années compliquées chez Arkéa-B&B Hôtels et ce rebond dans une grosse World Team ?
Je me sens prêt. C’est une grosse équipe WorldTour, très professionnelle, avec une vraie attention à tous les détails : la préparation, les chiffres, le sommeil, rien n’est laissé au hasard. Ça me motive personnellement, ça m’aide à me recentrer sur moi-même et à réunir tous les petits détails pour essayer d’être le plus performant possible.
Comment s’est passée la signature avec Alpecin-Premier Tech ? Tu étais en contact depuis longtemps ou ça s’est fait rapidement ?
Non, ça s’est fait sur la durée. Depuis un an j’étais en contact, c’est moi qui ai pris l’initiative d’échanger directement avec eux en 2024. On a discuté, on a pris notre temps, on a établi un plan et, au final, les choses se sont faites assez naturellement. Je n’ai pas eu l’impression d’une attente interminable, ils m’ont mis en confiance malgré les inquiétudes physiques et mentales liées à la période chez Arkéa-B&B Hôtels.
Justement, qu’est‑ce que tu retiens de ces deux saisons chez Arkéa-B&B Hôtels, où les résultats n’ont pas forcément été à la hauteur des attentes ?
Je retiens surtout l’importance du mental. Le cyclisme, c’est du mental, du physique et le matériel. Ces saisons m’ont rappelé que l’équilibre global – mental, culturel, l’environnement de travail – compte autant que les jambes. J’ai aussi appris à encaisser les déceptions, les soucis matériels, les moments où rien ne tourne bien, et à continuer à travailler, à me remettre en question sans perdre la motivation.
Et qu’est-ce qui fait que chez Alpecin-Premier Tech, tu retrouves une grande motivation ?
Ce qui me plaît, c’est que tout est hyper structuré. Je me lève le matin, je ne dois me soucier de rien, car le plan est là, tout est organisé avec des process et consignes à suivre sur tous les plans. C’est très libérateur mentalement. Ils ont les data, et avec ça ils gèrent tout de façon détaillée et précise.
Tu avais plus d’autonomie chez Arkéa-B&B Hôtels, tu devais prendre plus de choses en main ?
Oui, il y avait de bonnes idées, mais tout n’a pas toujours été mis en action. On avait une vision, un projet, mais parfois ça restait trop théorique. Cela m’a appris à mieux comprendre la gestion d’un groupe, la prise de décision et ce qu’il faut pour que ça se traduise vraiment sur le terrain.
Comment as‑tu vécu les dernières semaines et les derniers mois chez Arkéa-B&B Hôtels ? Le fait d’avoir déjà un contrat t’a aidé à prendre du recul ?
Oui, ça m’a touché de voir la situation de l’équipe. C’était une structure qui donnait leur chance aux jeunes comme aux anciens, avec de bonnes idées pour construire un collectif uni et professionnel, avec une Conti et une équipe féminine. Aujourd’hui, une bonne partie du staff se retrouve au chômage, c’est dur. Aux dernières nouvelles, tous les coureurs ont trouvé une équipe, mais pas le staff. Avoir déjà un contrat m’a rassuré, mais ça n’enlève pas la tristesse pour ceux qui restent sur le carreau. Jusqu’au bout, ils ont su rester pros et engagés, je suis triste pour eux.
Pour revenir à Alpecin-Premier Tech, l’équipe a aussi connu quelques turbulences ces derniers mois. Est‑ce que tu as eu des inquiétudes ou tu as été vite rassuré ?
Ils avaient déjà un plan et étaient prêts. J’ai vite senti qu’ils savaient où ils allaient, sur quel budget, avec quels moyens. Ce sont des gens qui savent ce qu’ils font, honnêtes, qui maîtrisent leur projet et qui restent assez discrets. Ils ne perdent pas leur temps à parler dans les médias. Ça m’a rassuré tout de suite.
Quel sera ton rôle et ton programme chez Alpecin-Premier Tech ? Capitaine de route, poisson‑pilote, coureur protégé ?
D’abord, je serai capitaine de route pour les sprints. Je serai là pour emmener les sprints, organiser le train. Sur les classiques, avec Mathieu, mon rôle sera de l’amener le plus haut possible. Il y aura aussi des opportunités pour moi, selon les courses, pour jouer ma carte quand ce sera possible.
Et précisément dans le train, tu seras plutôt premier lanceur, poisson‑pilote ? Avec qui ?
Ça peut être avec les trois gros sprinters que sont Jasper Philipsen, Kaden Groves ou Gerben Thijssen, on verra en fonction des calendriers. Le rôle peut évoluer, mais globalement je suis là pour sécuriser le train, pour être un point d’ancrage dans le final. Je peux mettre mon expérience du WorldTour au service de l’équipe et du sprinteur, notamment dans le placement, la lecture de course et la gestion des derniers kilomètres.
Et ton calendrier, tu le connais déjà ?
Oui, je connais le premier bloc, c’est très bien réglé. Je commence sur l’UAE Tour, puis l’Omloop, Kuurne, Nokere Koerse, GP Denain, De Panne Classic, Gand Wevelgem, À travers la Flandre, Tour des Flandres et enfin Paris Roubaix.
Là, tu prends l’avion, tu pars en stage avec l’équipe ou en vacances ?
Je rentre chez moi. On vient de finir le stage, on a déjà eu l’occasion de se voir, de rencontrer tout le monde, de poser les bases. L’ambiance est bonne, il y a un vrai esprit de groupe, surtout à l’étranger où l’on se retrouve tous ensemble.
Tu dis que ça faisait un an que tu voulais aller chez Alpecin-Premier Tech. Qu’est‑ce qui t’a vraiment donné envie d’y retourner ? La présence de Van der Poel, Philipsen, l’ambiance générale, des anciens coéquipiers ?
J’ai toujours été en contact avec le responsable de Canyon France, qui me suivait déjà quand j’étais cadet. J’ai couru sur Canyon très jeune, et cette marque me manquait. Je lui ai dit que j’aimerais rouler à nouveau sur Canyon, et de là, les choses se sont enclenchées. Il a parlé de moi, j’ai discuté avec Alpecin. Il y a aussi le fait que beaucoup de coureurs que je connais y sont, que l’équipe gagne, qu’elle a un style de course offensif qui me plaît. C’est un environnement dans lequel je me sens bien.
"Ma plus grande fierté, c’est d’avoir porté le maillot bleu-blanc-rouge, c’est certain"
On t’a vu plusieurs fois en super forme, mais victime de crevaisons ou d’incidents, surtout sur les pavés qui sont ta spécialité. Comment tu fais pour ne pas te laisser abattre par ces coups du sort ?
La famille joue un rôle énorme. Quand tu rentres à la maison, que tu vois les tiens, tu relativises. C’est vrai que j’ai vécu une période avec beaucoup de problèmes mécaniques, et parfois tu te dis que tu n’as vraiment pas de chance. Mais j’essaie d’analyser les détails, de comprendre ce qui peut être amélioré, tout en me disant qu’au final, tant que tu peux encore monter sur ton vélo, c’est que ça va.
Est‑ce que tu as des regrets sur ta carrière jusqu’ici ? Ou au contraire, tu es fier de ton parcours ?
Je n’ai pas de gros regrets. J’ai toujours essayé de travailler, d’apprendre, de m’investir. J’ai eu la chance de rester longtemps au haut niveau, de courir avec et contre des grands champions. Mentalement, ça a parfois été dur, mais je pense avoir su rester professionnel. Il y a toujours des courses que tu aurais aimé gagner, des occasions manquées, mais globalement je suis fier de ce que j’ai fait.
Si tu devais citer ta plus grande fierté, et au contraire le petit truc qui te manque encore ?
Ma plus grande fierté, c’est d’avoir porté le maillot bleu-blanc-rouge, c’est certain. Ce qui manque, c’est peut‑être une ou deux victoires supplémentaires sur les grands rendez‑vous qui comptent pour un sprinteur‑classiques, comme Gent-Wevelgem, Kuurne-Brussel-Kuurne, l’E3 voire Paris-Roubaix, ce serait le rêve absolu. Mais il reste encore du temps pour aller les chercher.
Tu penses que tu es encore capable d’aller les chercher justement ?
On verra sur les premières courses. Si les sensations sont bonnes, que tout se met en place avec l’équipe, je pense qu’on peut viser haut et faire de très belles choses.





