Axel Laurance (Alpecin-Deceuninck) : « Gagner des courses sans griller les étapes »
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Axel Laurance (Alpecin-Deceuninck) : « Gagner des courses sans griller les étapes »

Sans équipe après l’arrêt de B&B Hôtels, le jeune puncheur Axel Laurance a su rebondir. En signant dans l’équipe de développement d’Alpecin-Deceuninck, le Breton a poursuivi sa progression en remportant le Mondial espoir. En 2024, il intégrera l’équipe World Tour et espère gagner quelques courses. Entretien.

Axel laurence 2024

Il y a un an, vous terminiez une première saison professionnelle très prometteuse. Pourtant, deux mois plus tard, B&B Hôtel s’arrêtait et il fallait trouver une nouvelle équipe…

Ce qui m’a marqué, c’est qu’on m’avait dit « tu vas pouvoir passer un bel hiver vu la saison que tu as faite ». J’ai fini sur une belle victoire en Croatie pour valider ma première saison. Mais ça ne s’est pas du tout passé ainsi. Le pire, c’était de ne pas être maître de la situation et de subir.


Pouvez-vous nous raconter cette période avant de signer chez Alpecin-Deceuninck ?

A vrai dire, c’est Soudal-QuickStep qui m’a contacté en premier, mais c’était assez tôt dans l’épisode, on n’avait pas encore l’info. Ça a commencé à me donner des doutes, surtout que peu après, AG2R m’a aussi contacté. Je trouvais ça étrange, parce que normalement les équipes ne viennent pas forcément discuter avec un coureur à qui il reste un an de contrat. Ensuite, plus on avançait, plus on voyait clair sur la situation. J’ai donc été en contact avec ces deux équipes assez longtemps, jusqu’à ce qu’on apprenne la vérité. Mais j’ai perdu ces deux équipes en peu de temps. Je préférais aller chez QuickStep, mais je n’avais rien signé.


Un matin, Vincent Lavenu m’appelle, me demande si j’ai fait un choix, et je lui explique la situation. Il m’a dit qu’il comprenait et qu’il allait se tourner vers d’autres coureurs. Donc 3-4 heures après, je demande des nouvelles à Patrick Lefévère, et il me dit qu’il n’a finalement pas l’argent pour me signer. Donc en l’espace de 3 heures, j’ai perdu deux chances de signer dans une équipe. Ça a créé un peu de stress. Le lendemain, j’étais sur le vélo et là je reçois un message de mon agent, me disant ‘rendez-vous avec Intermarché à telle heure, puis avec Alpecin à telle heure’. Il y avait des rebondissements tous les jours, mais ça s’est bien terminé.


Que retenez-vous de cet épisode : des regrets ou de la fierté d’avoir été aussi sollicité ?

J’avais la chance d’être jeune et d’avoir fait une très bonne première saison. Ça m’a ouvert des portes. Après, c’est un peu le destin car on ne contrôle pas tout. Je retiens surtout que c’est très dur de faire le bon choix, surtout en si peu de temps. Je ne voulais pas non plus griller les étapes. Je connaissais mon niveau et ne voulais pas me voir trop beau tout de suite. Le projet de développement avec Alpecin m’a plu et je me suis dit que c’était le bon choix.


Vous êtes donc heureux de ce choix, et n’avez pas l’impression d’avoir « perdu une année » en intégrant une équipe de développement ?

J’ai un profil de coureur qui m’oblige à faire des résultats. Si je n’en fais pas, je tombe vite dans l’anonymat et je risque d’être cantonné au rôle d’équipier. Même si j’avais fait une belle saison, c’était dans une plus petite équipe que celles qui m’ont sollicitées, où c’était plus facile de faire sa place. En arrivant dans une grosse structure, il y a forcément beaucoup moins d’ouvertures pour faire des résultats. Mon but était de gagner des courses pour continuer sur ma lancée, plutôt que de me retrouver en WT à faire l’équipier et avoir ma chance trois fois dans l’année. C’était important d’avoir l’opportunité de gagner des courses.


Chez Alpecin, hormis Van der Poel, il y a peu de profils puncheur comme le vôtre. Est-ce que cela a joué aussi dans votre choix ?

Chez Alpecin c’est vrai qu’il y a beaucoup de sprinteurs, mais peu de coureurs qui passent bien les bosses. Je me vois comme un coureur qui va plus vite au sprint que les vrais puncheurs, mais qui passe mieux les bosses qu’un pur sprinteur. Je suis entre les deux, mais ça devrait m’ouvrir des opportunités sur des courses. Je sais que sur des courses trop dures, il m’en manque encore dans les bosses pour jouer la victoire. Aujourd’hui, là où j’ai mes meilleures chances, c’est sur un sprint à 30-40. Je pense que dans cette équipe je vais avoir la place pour m’exprimer, et c’est important pour moi.


A quel profil de coureur pensez-vous ressembler ? Votre description fait penser à Michael Matthews ?

Oui c’est ce style-là, je me rapproche de coureurs comme Corbin Strong. J’ai récemment pas mal couru avec lui, on a un profil similaire. Biniam Girmay aussi. Je pense que je suis même un peu plus léger qu’eux, car en montagne j’arrive à être plutôt correct.


L’événement marquant de cette saison a été ce titre mondial en espoirs. Le voyez-vous comme un accomplissement ou une étape dans votre progression ?

Pour moi, c’est un vrai accomplissement. C’est un maillot tellement dur à aller chercher, peu importe la catégorie. C’est très rare, on a très peu de chance d’y arriver dans une carrière, donc réussir à tout mettre bout à bout le jour J, c’est énorme. Pareil en termes d’émotions, plus le temps passe plus je me rends compte de l’ampleur de la performance. J’ai eu plus de demandes d’interviews, les gens me reconnaissent dans la rue, donc forcément, le statut change. Ça me prouve aussi que j’aie un certain potentiel, mais en même temps, le plus dur reste à faire en gravissant les échelons petit à petit pour arriver au haut niveau cycliste.


C’était aussi une preuve que votre choix d’équipe, notamment avec l’équipe de développement, était le bon.

Oui. Je sais que je ne suis ni Evenepoel ni Pogacar, que je ne serai pas capable, du jour au lendemain en pro, de faire des choses extraordinaires et d’être plus fort que les autres. Ce n’est pas moi. Il y a tellement de jeunes très forts, le niveau est très haut.


Je cherche encore ma place à ce niveau-là. J’essaye de me mettre des objectifs à ma portée. Je ne veux pas m’enflammer : certes j’ai fait 2e de ma seule course World Tour [la Bretagne Classic 2022, ndlr], mais si j’avais fait une saison complète en WT, on m’aurait beaucoup moins vu. Pour l’instant je ne suis pas capable de faire top 10 tous les week-ends sur une saison. Je dois rester raisonnable, d’autant que le niveau s’élève chaque année.


En 2024, vous intégrez donc l’effectif World Tour. Quels seront vos objectifs ?

J’aimerais participer à des courses sur lesquelles je veux performer plus tard, comme les Strade Bianche, pour découvrir et prendre de l’expérience. Pourquoi pas aussi faire un Grand Tour, ce serait une bonne chose pour ma 3e saison. Et ensuite découvrir les plus grosses courses WT et performer en Pro Series, faire des résultats et gagner des courses sans griller les étapes. En WT, si j’ai des bonnes journées je tenterai ma chance, mais je ne mets pas de pression en WT, c’est avant tout de l’apprentissage.


A part les Strade, quelles autres courses vous font rêver ?

J’aimerais bien découvrir aussi quelques Flandriennes assez dures. Pas Paris-Roubaix, c’est beaucoup trop dur avec ces gros pavés sur le plat, mais les monts pavés passent mieux pour moi. Donc pourquoi pas faire ces courses-là, et aussi des Ardennaises comme Liège ou l’Amstel, difficiles mais qui peuvent finir sur le plat. Après bien sûr les classiques comme Milan-San Remo, j’aimerais les découvrir. Au fil des années, je verrai bien là où je peux jouer la gagne ou pas.

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