Strade Bianche 2023 : Analyse, parcours et favoris
Samedi 4 mars s’élancera le départ de la 17e édition des Strade Bianche. Unique en son genre, les Strade Bianche sont devenues en dix-sept éditions l’une des courses, si ce n'est la course, la plus emblématique du calendrier UCI World Tour. Tant et si bien que la classique est déjà érigée pour certains au statut de sixième Monument du cyclisme. Mais si l’appellation de « Monument » fait débat, l’attrait pour cette course atypique fait l’objet d’un absolu consensus, tant dans le peloton professionnel que chez les suiveurs.

Histoire de l’épreuve :
Sous le format d’une cyclosportive à sa genèse en 1997, la course ne va se professionnaliser que dix
ans plus tard avant d’être labellisée World Tour en 2017. Placée en octobre pour sa première édition, elle a immédiatement trouvé sa place dans la foulée du week-end d’ouverture des classiques belges. C’est-à-dire après l’Omloop Het Nieuwsblad et Kuurne-Brussel-Kuurne.
Record de victoires : Fabian Cancellara x3 (2008, 2012, 2016)
Record de Top 10 : Greg van Avermaet x8
Record de participations : Giovanni Visconti x13
Le parcours des Strade Bianche 2023 :
184 kilomètres, ponctués de onze secteurs de chemins de terre. À l’instar des « chemins de vignes » de Paris-Tours dans le vouvrillon, des « sterrato » de la Clásica Jaén Paraíso Interior au milieu des champs d’oliviers andalous ou des « ribinoùs » du Tro Bro Leon, les Strade Bianche (littéralement « chemins blancs ») arpentent le terroir de la Toscane en parcourant les vignobles du Chianti. Au gré de la situation météorologique, ce revêtement inhabituel se révèle tantôt poussiéreux, tantôt boueux. A l’image de Tiesj Benoot triomphant en 2018, le visage maculé d’une boue calcaire singulière, synonyme d’un véritable calvaire.
Soixante-trois kilomètres de chemins blancs, 3073 mètres de dénivelé positif pour un parcours tout aussi exigeant physiquement que techniquement. Un tracé désormais inchangé depuis 2018 où les mouvements victorieux peuvent intervenir à tout moment dans les cinquante-quatre derniers kilomètres.
Secteurs clés :
Secteur n°7 Martino in Grania : 9.5 kilomètres à 1.8 % autour de la Crête de Senesi

Utilisé pour opérer un premier écrémage dans le peloton à cause d’une grosse bataille de placement. La course ne s’y gagne pas à l’avant, mais s’y perd par l’arrière.
Aucune édition n’a vu d’offensives majeures dans ce secteur
Secteur n°8 Monte Sante Maria : 11.5 kilomètres à 1.2 %, coupé en deux parties (la première montante à la sortie d’Asciano, la seconde montant vers le hameau de Torre del Castello)

Situé à 54 kilomètres de l’arrivée, la course monte en pression une fois passé le Ponte Del Garbo. Une sélection naturelle se fait entre hommes forts, techniciens et les coureurs mal placés ou émoussés par la course. Contraire à son prédécesseur, Sante Marie est ponctuée de courtes descentes très raides et de montées abruptes qui rend le secteur extrêmement exigeant et important pour la suite de la course.
- 2021 : Wout van Aert, Mathieu van der Poel, Julian Alaphilippe, Tadej Pogacar, Egan Bernal, Thomas Pidcock, Michael Gogl et Quinn Simmons
- 2022 : là où Tadej Pogacar a pris l’option de partir dans un très long raid en solitaire
Secteur n°9 Monteaperti : 800 mètres à 7.2 %. Trop court pour être décisif, peu se risque à anticiper les derniers secteurs.

Secteur n°10 Colle Pinzuto : 2.4 kilomètres à 3.8 % dont le pied est le plus pentu. Situé qu’à une petite quinzaine de kilomètres, c’est un secteur qui ouvre de nombreuses opportunités, notamment pour les équipes sur-représentées.

Zdenek Stybar (2015), Fabian Cancellara (2016), Michal Kwiatkowski (2017) y ont porté des estocades dans les groupes de tête pour se défaire d’une partie de leur adversaire.
Secteur n°11 Le Tolfe : 1.1 kilomètres à -1.1 % en cuvette pour s’élancer vers la partie raide (400 mètres à 11.6 % - max 18 %)

Tiesj Benoot (2019), Wout van Aert (2020) et Mathieu van der Poel (2021) ont tous fait parler de leur explosivité et montrés qu’ils étaient les plus forts dans les pentes les plus raides du secteur.
Calle Santa Caterina : une montée finale, véritable juge de paix dans les rues de Sienne. 500 mètres à 12.5 % (max 16 %) menant à la Piazza del Campo.

Viré au sommet de Santa Caterina sur la via delle Terme, c’est s’assurer une victoire quasi certaine. Une affirmation dont Greg van Avermaet (2015) et Jakob Fuglsang (2019) seront nécessairement en désaccord. Et si un coureur n’est pas isolé, il est impératif de virer en tête dans le dernier virage à 300 mètres. Alessandro Ballan en a fait les frais par deux fois en 2008 et 2011 face à Fabian Cancellara et Philippe Gilbert. Là où Jakob Fuglsang n’a rien pu faire face à Julian Alaphilippe en 2019, tout comme Zdenek Stybar en 2015.
Au final, on imagine donc que la course devrait se décider dans le secteur numéro 8, le monte Sante Maria, à 54 km de l'arrivée. Les coureurs en tête à la fin de ce secteur seront ceux qui se joueront la victoire. Il restera ensuite une quarantaine de kilomètres pour faire la différence. Pensez donc à ne pas rejoindre la retransmission trop tard.
Les favoris des Strades Bianche 2023 :
Pogacar absent, les regards seront entièrement tournés vers les deux mosntres du cyclo-cross, Van der Poel et Van Aert. Nul doute que pour leurs rentrés sur route - enfin sur route, si l'on veut - ils seront déjà au rendez-vous. Adepte des numéros en solitaire, les deux hommes auront la pancarte. Derrière ces deux hommes, énormément de noms. Entre les Alaphilippe, Mohoric, Pidcock, et les jeunes talents Turner ou Simmons, les outsiders ne manquent pas. La course devrait être passionnante.
**** van der Poel
*** Alaphilippe, Mohoric
** Pidcock, Rota, Benoot, Simmons, Wellens, Bilbao
* Bettiol, Van Avermaet, Kron, Ben Tulett, Barguil, Madouas, Sheffield, Honoré
La Starlist des Strade Bianche 2023 :
Rédigé par Thibaud Chambre,