De retour sur route, sept ans après s'en être écarté, et auréolée de son titre olympique de VTT décroché à Paris l'été dernier, Pauline Ferrand-Prévot se lance dans une quête qui peut sembler impossible : gagner le Tour de France. Si la Rémoise sait qu'il lui faudra du temps, son choix de rejoindre la Visma-Lease a Bike est un signe évident de ses ambitions.

Ponferrada parait bien loin. Le temps de Pauline Ferrand-Prévot championne du monde, en Espagne en 2014, aussi. La Française a vécu bien des vies depuis, est sortie des sentiers battus, ou plutôt les a rejoints en ce qui la concerne, avec 11 titres mondiaux en VTT et la consécration aux JO de Paris l'été dernier, avec ce titre olympique en cross-country. Alors, forcément, la voir revenir sur la route, à une époque où les hommes ne cessent d'aller-et-venir dans les sous-bois (Van der Poel, Van Aert, Pidcock notamment), est un formidable coup de projecteur sur la saison de cyclisme féminin.
Pauline Ferrand-Prévot veut être sur le Tour de France à 100%
Après tout, on ne parle pas de n'importe quelle cycliste, que ce soit en VTT mais aussi sur route. "PFP" avait été championne du monde en 2014 et avait remporté également la Flèche Wallonne cette année-là, tout en terminant 2e du Tour d'Italie. Des performances que la Française rêve évidemment de reproduire en 2025, même si elle sait qu'il lui faudra sans doute du temps. "Je dois travailler fort, la concurrence est forte, mais quand vous voyez mes données, je sais que je suis capable d'être compétitive à haut niveau sur route, expliquait-elle à L'Equipe en novembre dernier. C'est juste une question de temps, de m'entraîner avec mes équipières, de rouler en peloton, d'étudier les courses, la nutrition, bref, de revenir totalement au cyclisme sur route". Et, ce, avant juillet et le Tour de France, objectif affiché de la Tricolore.
"Le plus grand objectif pour 2025 sera d'être à 100% sur le Tour de France, expliquait-elle lors de la présentation d'équipe. Nous n'avons pas fixé de résultat, car nous ne savons tout simplement pas ce que je peux accomplir pour le moment. Donc l'objectif est de pouvoir dire au départ du Tour de France : nous avons fait tout ce que nous pouvions. Nous pourrons alors savoir ce qui s’est bien passé et ce qui ne s’est pas bien passé." Rejoindre la Visma-Lease a Bike, l'une des équipes les plus compétentes du peloton, va dans ce sens. L'équipe néerlandaise, en quête de renouveau sur la Grande Boucle avec Jonas Vingegaard, rêve également de remporter le Tour de France du côté des femmes. Mais Ferrand-Prévot est-elle vraiment (encore) de ce calibre là ? La concurrence n'est plus la même que lorsqu'elle évoluait sur la route, jusqu'en 2018.
Elle voulait vivre les Jeux Olympiques à Paris
"Je ne pensais pas que le niveau était aussi haut, concède t-elle dans un entretien accordé à l'AFP. Avant, c'était beaucoup plus hétérogène. La nutrition a beaucoup changé aussi et tient un rôle essentiel dans la performance. Manger autant sur le vélo c'est nouveau pour moi. En VTT ce n'est pas forcément nécessaire, c'est une heure et demie de course. Mais quand tu fais 3h30 de course, qu'on te demande de manger six gels par heure, si tu n'as pas l'habitude, ton corps ne digère pas". C'est ce qui lui était arrivé lors des derniers Mondiaux, en septembre à Zurich, où elle avait abandonné.
"Les tactiques d'équipe sont également devenues cruciales, poursuit-elle. C'est devenu vraiment un sport d'équipe. Aujourd'hui, les jeunes filles ont une chance inouïe de pouvoir avoir le Tour de France comme rêve. C'est aussi pour ça que je ne voulais pas arrêter ma carrière. Je voulais vivre ça". Mais avec quelle ambition ? "Avoir gagné les Jeux à la maison a été incroyable mais je pense que gagner le Tour de France serait une sensation encore au-dessus", avoue la championne du monde 2014. Mais peut-elle réellement y prétendre ?
Une adversité de taille face à elle
La domination récente sur les courses par étapes de Demi Vollering laisse planer le doute sur la possibilité pour la Rémoise de battre la Néerlandaise. D'autant que la Française n'a jamais été une immense grimpeuse non plus, même s'il est difficile d'établir son véritable niveau en la matière par rapport à ses performances de 2014-2015.
"Je ne suis pas revenue sur la route pour me faire démonter"
Cela rêve d'une décennie en arrière et la Tricolore était en plus alors systématiquement équipière de Marianne Vos ou Anna Van der Breggen. Cela ne l'avait pas empêchée de terminer 2e puis 6e du Giro, sur des parcours certes bien moins difficiles en montagne que le Tour ne l'est actuellement. De quoi inciter la Française à la prudence.
"Ça ne va pas venir tout de suite, tempère t-elle. Je reste prudente car je ne sais pas du tout quel est mon niveau par rapport aux meilleures. Je veux gagner, clairement, je ne suis pas revenue sur la route pour me faire démonter mais je n'ai pas envie de vendre du rêve et me retrouver je ne sais pas combientième. Je vais peut-être prendre des claques au passage. Mais c'est un peu l'histoire de ma vie d'être résiliente". Et son palmarès aurait tendance à prouver que cela finit généralement par lui sourire. Mais en 2025, il faudra probablement attendre juillet pour retrouver Pauline Ferrand-Prévot à son meilleur niveau. Son début de saison sera lui marqué par une reprise à l'UAE Tour et un premier objectif sur les Strade Bianche, une course qu'elle adore, puis elle filera vers Milan-San Remo, l'Amstel, Liège et la Vuelta. Avant, à 32 ans, de faire face au premier acte de son dernier défi. Sans doute le plus grand, aussi.
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