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Oui, la Vuelta mérite son statut de Grand Tour

Souvent critiquée, parfois dénigrée et qualifiée de "sous-Grand Tour", la Vuelta n'en finit pas pour autant d'offrir des éditions magnifiques, indécises et passionnantes, à l'image de cette édition 2024. Si le Tour de France reste évidemment l'épreuve de référence, la Vuelta mérite son statut de Grand Tour.

Oui, la Vuelta mérite son statut de Grand Tour

Il est toujours difficile d'évoquer et d'analyser avec justesse le niveau et le prestige d'une course. Comment s'y prendre ? A travers le palmarès ? La variété de ses routes ? Le suspense ? La qualité de sa startlist ? Sans doute un peu de tout ça, et encore. Il n'existe sans doute aucune vérité. Posons d'entrée un postulat clair : aucune épreuve de cyclisme – ni même d'aucun autre sport sans doute à part la Coupe du monde et les JO – n'arrive à la cheville du Tour de France. C'est une évidence incontestable. Mais la Vuelta est-elle vraiment une course au rabais par rapport au Giro ? Pas vraiment.


Moins d'histoire que le Giro et le Tour, mais une belle histoire tout de même


Alors, bien sûr, le Tour d'Italie (créé en 1909) bénéficie d'une histoire plus riche que la Vuelta (créée en 1935). C'est en grande partie la raison pour laquelle le Tour d'Italie est souvent considéré comme le 2e des trois Grands Tours. Mais si elle a connu des débuts difficiles, en raison de la Guerre d'Espagne notamment, la Vuelta n'a pas à rougir de son histoire pourtant. Les plus grands du passé s'y sont imposés, de Jacques Anquetil (1963) à Bernard Hinault (1978 et 1983) en passant évidemment par Eddy Merckx (1973), Luis Ocana (1970), Felice Gimondi (1968), Pedro Delgado (1985 et 1989) ou encore Jan Ullrich (1999). Et si l'on a souvent critiqué la Vuelta d'être une épreuve d'Espagnols, leur domination est loin d'être aussi outrageante (32 victoires finales, soit 41%) que ne l'est la domination italienne au Giro (69 succès, soit 64%). Et personne ne s'est plaint. Au contraire même, vu les litiges qui ont accompagné certains succès italiens (n'est-ce pas Moser ? Le regretté Fignon s'en souvient de l'hélicoptère...)


Jan Ullrich (Deutsche Telekom), vainqueur de la Vuelta 1999 devant Igor González de Galdeano (Vitalicio Seguros-Grupo Generali) et Roberto Heras (Kelme-Costa Blanca)
Jan Ullrich, vainqueur de la Vuelta 1999

Les détracteurs du 3e Grand Tour de la saison d'un point de vue calendrier peuvent-ils vraiment lui reprocher sa startlist ? Son absence de stars ? C'est même tout le contraire. Ces dernières années, la Vuelta a régulièrement eu une meilleure startlist que le Giro, à l'image de 2024. La Vuelta proposait ainsi Adam Yates et Joao Almeida (UAE Team Emirates), Primoz Roglic (RedBull – Bora-Hansgrohe), le vainqueur sortant Sepp Kuss (Visma | Lease a Bike), Carlos Rodriguez (INEOS Grenadiers), Mikel Landa (Soudal-Quick Step), David Gaudu (Groupama-FDJ), Richard Carapaz (EF Education-EasyPost), Enric Mas (Movistar) tandis que le Giro n'offrait guère qu'un Geraint Thomas (INEOS Grenadiers) vieillissant et Ben O'Connor (Decathlon-AG2R La Mondiale) en opposition à Tadej Pogacar. Y a t-il vraiment match ? Sans oublier la faculté du Tour d'Espagne à nous révéler les futurs grands du cyclisme.


Des stars au rendez-vous et une vraie identité


Alors, bien sûr, la startlist ne doit pas se limiter aux seuls favoris mais elle en dépend énormément. Le Giro avait le meilleur plateau de sprinteurs des trois Grands Tours cette saison mais on retient surtout l'énorme ennui qu'a été ce Tour d'Italie en raison de la supériorité de Pogacar. La Vuelta n'a pas toujours, ni même souvent, attiré le vainqueur de la Grande Boucle en juillet, encore moins depuis la fin de l'époque Christopher Froome (seul Jonas Vingegaard l'a fait, l'an dernier depuis 2017) mais la lutte pour le général, elle, est toujours disputée et passionnante. Depuis 2006, les vainqueurs sont très souvent des cadors du peloton, à l'exception de 2013 (Horner) et dans une moindre mesure, 2015 (Aru). Soit deux fois moins de "surprise" que le Giro (Hesjedal en 2012, Dumoulin en 2017, Carapaz en 2019 et Geoghegan Hart en 2020). La Vuelta nous a également offert de sublimes duels, comme le mythique Contador-Valverde-Rodriguez de 2012, le Quintana-Froome de 2016 ou encore le Roglic-Carapaz de 2020. Surtout le suspense y est souvent présent.



On l'a dit, avoir un vainqueur connu 10 jours à l'avance n'est pas idéal. Et ça, la Vuelta sait parfaitement l'éviter. Depuis 2006, six éditions se sont jouées pour moins d'une minute, autant que sur le Giro. Un suspense maintenu en partie grâce aux parcours décidés par les organisateurs, loin des traditionnels parcours du Giro ou du Tour. "On préfère miser sur nos spécificités, disait en 2022 Charles Ojalvo, responsable marketing chez ASO/Unipublic pour lecho en 2022. La course est environ 250km plus courte que le Tour de France, l'équivalent d'une journée en moins. Cela nous donne la possibilité de faire des étapes plus nerveuses et donc plus spectaculaires. L'Espagne étant le pays avec le plus de montagnes en Europe après la Suisse, on intègre énormément de reliefs avec des cols souvent plus courts, mais avec des pourcentages très forts". Que cela plaise ou non, la Vuelta a sa propre identité. Comme le Giro. Comme le Tour. C'est aussi ça s'affirmer comme un Grand Tour.


La Vuelta mérite son statut de Grand Tour


Les images ce dimanche de Pablo Castrillo (Kern-Pharma) à l'arraché dans les pourcentages inhumains du Cuitu Negru font partie de la légende de la Vuelta, qui s'est construit, encore plus depuis le rachat de la Vuelta et d'Unipublic par ASO, sur cette spécificité. "On grandit chaque année, poursuivait Ojalvo. Notre objectif n'est pas de nous affirmer comme le deuxième plus grand mais je ne suis pas certain que nous soyons encore plus petits que le Giro". Côté audiences, si, pour l'instant, le Giro (775 millions environ) comptant deux fois plus de téléspectateurs que la Vuelta (360 millions). Mais le diffuseur en France, Eurosport, ne cesse de voir ses chiffres de la Vuelta grimper en flèche. Preuve que la qualité du Tour d'Espagne commence à payer. Au fond, peu importe qu'elle soit devant ou derrière le Giro : la Vuelta mérite, sans discussion possible, son statut de Grand Tour.

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