Pourtant proche de la victoire l’an passé avant d’abandonner à trois jours de l’arrivée, Thibault Pinot fait partie des favoris du Tour de France et peut jouer la victoire finale, si son corps ne lui joue pas de nouveau des tours.
On l’avait laissé, en pleurs, le matin de ce 26 juillet 2019 qui a crevé le cœur du public français. La vidéo de son directeur sportif, Marc Madiot, le consolant, parue quelques jours plus tard, en a fait pleurer plus d’un. Thibault Pinot figurait alors à la 5e place du Tour de France, au départ de cette 19e étape, à 1 minute 50 de son compatriote, Julian Alaphilippe, et seulement 20 secondes de son dauphin et futur vainqueur, le Colombien Egan Bernal. Mais surtout, il dégageait cette impression de supériorité dans la haute montagne qui faisait croire à tous les Français que Bernard Hinault aurait enfin un successeur, 35 ans après. Sa victoire en haut du Tourmalet, 5 jours plus tôt, en était la parfaite démonstration. Malheureusement, un coup de guidon dans la cuisse et un énième coup du sort en ont décidé autrement. Une déception immense qui n’a d’égal que sa motivation de remporter la Grande Boucle cette année.
« On a tout de ce qu’il faut pour y arriver. Finalement, il n’y a peut-être pas autant d’écart que ça avec ceux qui sont supposés diriger la course en permanence. Ils ont eu un moment de peur. » (Marc Madiot, Le Progrès, le 17/01/2020)
Pourquoi lui :
A 30 ans, le Franc-Comtois était l’an passé au sommet de son art et même s’il a déjà fini sur le podium du Tour en 2014 avec une belle 3e place, ses qualités de grimpeur sont une arme face à la concurrence. De plus, ses progrès en chrono, mis en lumière par sa 7e place l'an dernier, font de lui l'un des coureurs les plus complets du moment. Il a prouvé à mainte reprises sa capacité à tenir le rythme et à se hisser au niveau des tous meilleurs. Après l’abandon de l’an passé, toute sa saison était axée sur le Tour, au moindre détail. « Quand vous voyez l’attitude de Thibaut qui veut faire Paris-Nice, qui veut faire des courses en France alors qu’il avait du mal à s’imprégner du sujet français parce qu’il trouvait plus de tranquillité à l’étranger, aujourd’hui, c’est de lui-même, il dit : je viens affronter la difficulté en France », confiait son directeur sportif, Marc Madiot, au Progrès en janvier. Sa 5e place au classement général final montre qu’il était déjà bien en jambes. Depuis la reprise, Thibault monte en puissance. Quatrième du Tour d'Occitanie, il fut le principal adversaire de Roglic, avant que ce dernier ne chute. Si il perd la course sur un mouvement de course qu'il n'a pas su gérer, la forme est en tous cas au rendez-vous.
Ses forces :
Thibault Pinot est un amoureux de vélo, et un coureur qui plaît aux romantiques : sans filtre, offensif et irrégulier. Si ce dernier qualificatif est de moins en moins vrai, le coureur de la Groupama-FDJ sait attaquer au bon moment et sait gagner. Son palmarès le démontre : trois fois vainqueur d’étape sur le Tour, deux fois sur la Vuelta et une sur le Giro, un monument avec le Tour de Lombardie, et de nombreuses victoires sur des épreuves d’une semaine. Ses qualités de grimpeur ne sont plus à démontrer, et ses progrès en contre-la-montre lui permettront de limiter la casse avec Roglic ou Froome. L’an passé à Pau, il avait fini 7e, ne cédant que 35, 13 et 4 secondes respectivement sur Thomas, Uran, Porte et Kruijswijk. Bernal, pourtant réputé dans l’exercice, avait terminé à 47 secondes du Français. Le profil de l'unique chrono cette année, lors de la 20e étape, arrivera au sommet de la Planche des Belles-Filles, où Pinot s'entraîne régulièrement. Chez lui, il pourra compter sur un soutien indéfectible du public, de quoi le rendre encore plus performant.
Cette année plus que jamais, il pourra également compter sur un collectif Groupama-FDJ entièrement consacré à son succès. De plus en plus solide en montagne, David Gaudu sera son fidèle lieutenant, alors que Madouas et Reichenbach pourront également l’accompagner quand la route s’élèvera. Contrairement à certaines éditions, l’équipe française devrait être en mesure de porter son leader le plus longtemps possible.
Ses faiblesses :
Malgré toutes ces qualités, Pinot ne dispose pas du palmarès dont il mérite, et ce pour une simple raison : sa fragilité. Outre son abandon l’an passé, le grimpeur français a dû abandonner 6 des 12 Grands Tours auxquels il a participé. Par deux fois il était pourtant en course pour le podium : l’an passé sur le Tour, donc, et sur le Giro 2018. 3e le matin de la 20e étape, il était au bord de la pneumonie au moment de rejoindre l’hôpital d’Aoste. Cette fragilité physique, conjuguée, selon beaucoup, à une grande malchance, rendent ses chances de victoire finale toujours hypothétiques. Malgré son courage à toute épreuve, tout peut arriver et il devra rester vigilent à chaque instant.
Sa science du placement, parfois inexacte, lui a aussi joué des tours tout au long de sa carrière. Pris dans des bordures à maintes reprises, le Français y laisse souvent des plumes, et des secondes. L'an passé, à Albi, il avait concédé 1 minute et 40 secondes sur les principaux favoris. Une montagne qu'il rattrapait, petit à petit, en haut des cols. Au prix d'efforts certainement préjudiciables.
Derniers résultats importants :
2e Critérium du Dauphiné
4e Tour d'Occitanie
5e Paris-Nice 2020
7e Tour de la Provence 2020
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