Fraîchement réélu maire de Privas, Michel Valla évoque le rôle central que le chef-lieu de l’Ardèche peut jouer pour le Tour de France et le renouvellement du tourisme dans le futur.
Que représente le Tour de France et le cyclisme pour la ville de Privas cette année ?
« Tout d’abord, il existe une histoire récente entre l’Ardèche, le cyclisme et le tourisme. Nous sommes initiateurs de l’Ardéchoise, qui est la première course cyclo-sportive de France, avec près de 15 000 participants, de 20 nationalités différentes, qui sillonnent le département. La course existe depuis une vingtaine d’année [depuis 1992, ndlr] et Privas est un passage incontournable, car cela représente des milliers de personnes que l’on doit héberger, nourrir et accueillir, ce qui demande une organisation importante. Cela nous a fait réfléchir sur d’autres épreuves, comme le Tour international féminin, dont l’origine est en Ardèche. C’est la première épreuve internationale de cyclisme féminin, et nous avons participé à son lancement. Nous avons aussi milité pour recevoir le Tour de l’Avenir l’an passé. Et grâce à cela, aux paysages proposés et à notre capacité d’accueillir une étape, ASO a été convaincu de faire passer le Tour à Privas. Cela s’étend bien entendu aux villes alentours, au département, aux associations et aux sportifs d’ici qui nous ont aidé à construire peu à peu et nous ferons tout pour que l’Ardèche devienne un passage incontournable du Tour de France. Christian Prudhomme ne cesse de répéter que ce qui fait le grand spectacle du Tour, ce n’est pas seulement la compétition sportive, mais aussi la découverte de territoires, d’espaces parfois inattendus. En Ardèche, nous avons une variété de composantes géologiques unique. Toutes les composantes de France sont présentes sur une partie de notre département. La faune et la flore est d’une grande richesse.
Quels sites conseillez-vous particulièrement pour visiter l’Ardèche ?
Je pense notamment à la grotte Chauvet, au sud de l’Ardèche. C’est la première fois que l’on découvre une grotte de 35 000 ans ornée, avec une richesse et une qualité de dessins exceptionnelles, avec les débuts de la perspective de cette époque. Elle est classée à l’Unesco. On a toute une série de grottes qui canalisent environ 1 million de visiteurs par an, c’est assez considérable. On parle de l’Ardèche aux mille visages car nous avons 5 ou 6 territoires extrêmement différents et qui confèrent des paysages parfois suffoquant avec des cascades, des grottes ou des paysages qu’on trouve rarement en France, à part en Dordogne ou dans le Périgord. On a une qualité d’accueil, de gastronomie et de paysages qui se rapproche de ces régions-là.
Pouvez-vous nous en dire plus sur cette gastronomie locale ?
A Privas nous avons le label de ville du goût. C’est un label assez exceptionnel qui ne regroupe qu’une cinquantaine de villes en France. C’est grâce à la châtaigneraie et au marron, qui sont un symbole, presque une armoirie que l’on protège, pour laquelle nous avons de réelles certitudes. La châtaigne est le seul fruit que l’on trouve en France de façon parfaitement écologique et bio de nature. Elle ne subit ni traitement ni manipulation. Ce sont sur ces atouts que nous allons repenser le tourisme de demain.
Tout se passe autour de la châtaigne, entre la crème, l’alcool, la liqueur. Je suis le président fondateur du parc naturel régional des Monts d’Ardèche, qui a été créé sur un territoire de pentes, un peu délaissé depuis les années 1940, car c’était une époque d’industrialisation phénoménale. Tous les agriculteurs qui avaient du mal à vivre de leur culture sur ces terres pentues en enclavées sont partis vers les industries de la vallée du Rhône. Nos territoires ont été abandonnés. Mais ils ont été repris, par des gens qui abordent les choses différemment : des jeunes agronomes, qui ne pensent plus en productivité mais en production de qualité, raisonnée et sur des territoires vierges en termes d’engrais, d’insecticides etc. La châtaigneraie symbolise cela, c’est une sorte de biotope naturel. Et on ne parle pas seulement de châtaignes, mais aussi de produits laitiers, de fromages, de fruits sauvages comme les myrtilles sauvages, les framboises, les fraises des bois, qui sont privilégiés dans ces territoires.
Le respect de la nature et un tourisme raisonné semblent plus que jamais d’actualité.
Ce que nous venons de vivre avec le confinement nous fait réfléchir sur ce que l’on est et ce que l’on doit mettre en œuvre. Nous avons tous été interpellés par la situation, et quand on a quelques perspectives, cela nous permet de tirer des leçons pour donner du sens à ce qui nous arrive. On doit réfléchir à d’autres comportements, d’autres modes de vie, un tourisme différent, un mode d’alimentation et de déplacement différents. Tout cela peut aller dans le bon sens, également pour ce qui est du tourisme. Et de ce point de vue-là, nous ne sommes pas un département de tourisme de masse. Les grandes stations balnéaires, cela ne nous intéresse pas. C’est un tourisme diffus que nous avons et qui permet aux populations d’aller au contact et de faire valoir nos savoir-faire, nos connaissances, des territoires jusqu’à présents pas assez découverts et connus.
Le vélo est-il l’avenir de la stratégie touristique, en Ardèche et ailleurs ?
Absolument, c’est ce qu’on pense. Pour nous le vélo et également le vélo électrique sont extrêmement important : plus rien ne nous arrête car nous avons des cols, des pentes et montagnes. Les vélos électriques révolutionnent la pratique du vélo et nous permettent d’imaginer de nouvelles pratiques, avec de nouveaux itinéraires, des schémas vélo, pour toucher les enfants qui vont à l’école, mais aussi des retraités, qui sont maintenant capables de faire des promenades dans des lieux particulièrement escarpés. »
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