Il est le coureur le plus âgé du peloton cette année, mais le temps n'a pas l'air de faire peur à Alejandro Valverde. Sa redoutable science de la course en fait toujours l'un des coureurs à ne pas sous estimer, et avec le départ de Quintana, Landa et Carapaz, la Movistar va devoir compter sur le champion du monde 2018, alors que Mas, à peine arrivé, doit encore prendre du galon.
C'était en 2005... Pour sa première participation au Tour de France, Valverde remportait la première arrivée au sommet devant Lance Armstrong, pourtant déterminé à marquer le coup. 15 ans plus tard, le voilà toujours au plus haut niveau, avec un palmarès plus important que la plupart des équipes en activité. La Bala a accumulé 127 victoires dans sa carrière, dont
5 Flèche Wallonne, 4 Liège, 1 Vuelta, 2 Dauphiné, 2 Classica San Sebastian, 1 Tour du Pays Basque, 1 Championnat du monde, et est monté sur le podium des 3 Grands Tours.
Pourquoi lui :
Qui d'autre que lui ? La Movistar a toujours été l'équipe rivale des Sky devenus Ineos. Celle qui était la plus proche de bousculer l'hégémonie des Britanniques. Mais cette année, en pleine reconstruction, elle va devoir compter sur El Imbatindo pour briller. Enric Mas l'a souligné, le leader de l'équipe est Valverde. Il est le leader naturel.
Le sera t-il sur la route ? Probablement, lorsque l'on voit les difficultés de ses compatriotes Mas et Soler, amenés à diriger l'équipe dans le futur, en début de saison. De plus, il ne faut pas oublier que depuis plusieurs années, le Murcien n'était pas le leader désigné, ce qui ne l'empêchait pas d'être le mieux classé en fin de première semaine. 9e l'an dernier, il aurait même pu s'imposer au sommet de la longue ascension de Val-Thorens, si la Movistar l'avait jouée plus collectif. Enfin, sa 2e place derrière Roglic sur la Vuelta, cumulée avec sa victoire d'étape, montre bien qu'il a en toujours sous la pédale. Alors Valverde peut-il, à 40 ans, surprendre son monde, comme Poulidor à son époque ?
Sa reprise est en tous cas, à l'image d'Alaphilippe, en retrait. Il faut dire qu'à 40 ans, l'Espagnol à sans doute besoin de plus de temps qu'auparavant. Discret 12e du Dauphiné, il monte en puissance et parvient toujours à finir dans le top 5 des arrivées en courte côte, où il n' pas besoin d'être en grande forme pour être performant. En reconnaissance des étapes de montagne du Tour depuis 10 jours, il sera à surveiller de prêt dimanche et mardi. Ses performances nous indiquerons la suite de son Tour, entre classement général ou victoire d'étape.
A noter qu'après un changement de matériel en début d'année, Valverde est retourné à un modèle plus traditionnel pour le Tour, vélo avec lequel il a d'ailleurs fini le Dauphiné. L'équipe et les coureurs auraient remarqué une plus faible cadence de pédalage et des douleurs aux jambes sur les modèles SRAM de début de saison. Un changement décisif ?
" Il y aura des surprises, en bien et en moins bien, et il faut espérer que ce soit en bien dans notre cas". Alejandro Valverde
Avantages :
Tout d'abord, Valverde a toujours été un coureur capable d'arriver vite en forme, et le nouveau format de cette saison, avec peu de compétition avant la Grande Boucle, peut clairement l'avantager. Dans cette logique, les premières ascensions qui arrivent dès le 2e jour, pourraient jouer en sa faveur, tout comme les bonifications. Le problème est qu'avec la saison resserré, il voudra sûrement s'économiser pour être en forme sur Liège et la Vuelta. Par ailleurs, son intelligence de course et sa capacité à être bien placé, lui procurent un avantage sur ces concurrents. Enfin, les coureurs de juillet ne sont pas forcément ceux de septembre, mais on sait que Valverde, lui, est un coureur de fin d'été.
De plus, nombreuses sont les arrivées en bosse, pentu sous les 2000 mètres. On pense notamment à l'arrivée de la 4e étape à Orcières - Merlette, la 4e étape au Mont Aigoual ou encore au Puy-Mary lors de la 13e étape. Tant d'occasion de lever les bras et de glaner des bonifications. Il faut rappeler que El Bala détient le record de victoire au mur de Huy connu pour sa pente courte mais extrême.
Les freins à sa réussite:
Comment ne pas remettre en doute son niveau, à 40 ans ? Si il a gagné en expérience, il a légèrement perdu en punch, mais reste tout de même l'un des meilleurs de la planète. Son début de saison fut, à l'inverse des années précédentes, poussif. Parfois dans le coup, parfois à la traîne, il a fait preuve d'irrégularité en février et mars. Un vrai paradoxe, lui l'homme si régulier à son habitude. Un signe de vieillesse ou un changement de préparation afin de mieux cibler ses objectifs ? Probablement un peu des deux. Il faut aussi souligner un changement de matériel, qui selon ses mots "nécessite un temps d'adaptation".
De plus, on sait que cette année, ses objectifs étaient plutôt les Ardennaises, la Vuelta et le Mondial. Le Tour n'est donc peut être pas sa priorité. Surtout que les trois courses citées précédemment se disputeront à la suite. Il est bien possible qu'il se serve du Tour comme tremplin, s'il arrive évidemment à décrocher rapidement, ce qui n'a jamais été son cas. Mais la Bala a toujours eu du mal à se désintéresser et à se brider.
Enfin, il a souvent des difficultés lors du passage des 2000 mètres d'altitude. Il ne connaît pas toujours des défaillances à cette altitude, comme l'atteste l'arrivée à Val-Thorens l'an dernier, mais cette limite lui cause du tord. L'arrivée au col de la Loze sera décisive pour lui, si il est toujours dans la course au podium ou à la victoire. Avec Valverde, rien n'est impossible.
Ses derniers résultats importants :
12e Critérium du Dauphiné
15e Tour de Burgos
2e du Tour de Lombardie 2019
3e de la Vuelta 2019
9e du Tour de France 2019
Place estimée : entre 3 et 12
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